Toute l'oeuvre de Laurent Gaudé s'inspire de grandes figures mythiques. La porte des enfers, comme son nom le laisse entendre, ne fait pas exception. Dans ce roman, publié en 2008, Homère a cédé la place à Ovide, l'épopée au mythe d'Orphée.
Le résultat est bouleversant, avec une grande pudeur et de nombreuses interrogations que le recours au fantastique ne saurait atténuer, avec aussi des personnages hors du commun, dans leur quotidien et dans leurs blessures, fragiles et tellement humains (...)
[...] Laurent Gaudé offre une version très personnelle de la mort et des enfers, peut-être très contemporaine, au-delà des religions, qui interroge le sens d'une révolte contre la mort, contre la condition humaine, et bien entendu celui d'une résurrection. La mort selon Laurent Gaudé La mort est déchirure. Chaque disparu emporte avec lui un peu de ceux qui restent, morceaux de chair sanguinolents, retenus par des buissons d'épines à l'entrée des enfers. Mais pour chaque vivant, c'est un peu de vie en moins, une absence qui subsiste au-delà de la douleur, un vide qui s'exprime même quand le chagrin s'estompe. [...]
[...] L'amour est un facteur important de l'action. Il guide les pas de Mattéo comme il a guidé jadis ceux d'Orphée. La relation est toutefois plus complexe car il intervient à la fois pour lui-même (la séparation est intenable et il se sent coupable de ce qui est arrivé), pour son fils (il ne peut le laisser seul) et surtout pour Guilana qui lui a demandé de lui ramener son fils et qui doit savoir qu'il l'a fait. Mattéo comme Guilana ne peut accepter le destin cruel qui leur a retiré Pippo. [...]
[...] Les enfers sont chez Laurent Gaudé un miroir de la vie, chacun se battant pour vivre, aux tréfonds de la terre ceux qui sont morts trop vite et ne peuvent accepter leur sort, témoignant ainsi de la formidable force de la vie, et surtout pour ne pas sombrer dans l'oubli, du moins pour ne pas le faire trop tôt. Nul n'échappe à la mort, mais le mouvement des ombres donne une vie aux enfers et la révolte de ceux qui ne veulent pas mourir, qui ne veulent pas disparaître, constitue un écho à la condition humaine. A ce refus ordinaire se superpose le combat de Mattéo, un défi à la règle suprême : nul ne s'échappe des enfers. Une vaine révolte ? [...]
[...] Dans ce roman, publié en 2008, Homère a cédé la place à Ovide, l'épopée au mythe d'Orphée. Le résultat est bouleversant, avec une grande pudeur et de nombreuses interrogations que le recours au fantastique ne saurait atténuer, avec aussi des personnages hors du commun, dans leur quotidien et dans leurs blessures, fragiles et tellement humains. Résumé A Naples, Matteo accompagne son petit garçon à l'école. Soudain, une fusillade éclate et tout bascule. L'enfant, Pippo, est tué. Pour les parents, c'est le début d'une longue descente aux enfers. [...]
[...] Grace est le lien féminin, celui qui relie à la mère, la raison aussi qui dit qu'il faut mieux sauver les vivants que les morts, renouer avec ce qui est plutôt que vouloir à nouveau rompre les équilibres. Cet équilibre résulte aussi, dans une vision antique ou païenne, de sacrifices. Il y a d'abord celui de Mattéo qui renonce à vivre pour que son enfant puisse le faire. Vient ensuite celui de Guilana qui se mutile, qui marque ainsi sa condition de veuve et de mère d'un enfant mort, sacrifice qui rejoint par sa symbolique celui que Pippo offre à son père avec le sang de son propre meurtrier. [...]
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