Le terme "désenchantement" est une métaphore féconde. Inventé par Max Weber dans une acception strictement définie (l'élimination de la magie en tant que technique de salut), Marx en use lorsqu'il décrit le passage de la société féodale à la société bourgeoise, qui plonge l'individu dans "les eaux glacées du calcul égoïste" (...)
[...] La deuxième phase importante est la dimension subjective inhérente à la relation de pouvoir. Le rôle du souverain est le maintien de la cohésion générale du monde et de la bonne marche des choses. Il doit également pourvoir à une logique d'expansion, car l'identité de chaque communauté vit de cette confrontation potentielle qui l'oppose aux autres. D'ailleurs, le despote qui parvient à se donner pour le maître du monde, cherche du côté des dieux les légitimations de son action. Enfin, il existe une période-clé que Marcel Gauchet nomme la période axiale expression qu'il reprend de Karl Jaspers et qui se situerait aux alentours de 500 avant Jésus-Christ. [...]
[...] Selon l'auteur, cela coïncide avec l'avènement de l'individu politique. Le dés-assujettissement révolutionnaire dégage l'individu d'obligations qui le responsabilisaient en son for intérieur. Or, toute la difficile mise en place du fonctionnement démocratique2 va passer par le deuil de cet idéal d'un soi social. L'émergence du pouvoir par représentation a eu la monarchie pour matrice. De plus, l'État démocratique est nécessairement un État bureaucratique qui a pour fonction de donner forme et consistance pratique au pouvoir de la collectivité, pouvoir qui n'a d'intérêt que dans la durée. [...]
[...] Serai-je jamais comme les autres ? Commentaire L'ouvrage de Marcel Gauchet a le mérite de mettre en avant deux concepts fondamentaux dans les années 1980. La première idée développée dans ce livre est la fin de la religion en tant que guide de l'homme et du pouvoir. Le recul des croyances religieuses ou magiques comme mode d'explication des phénomènes s'accompagne d'une perte de sens du monde, dès lors qu'il peut être scientifiquement expliqué. On note également à travers l'œuvre, une critique extrêmement pointue du libéralisme. [...]
[...] Dès lors, Marcel Gauchet sort définitivement de la sphère marxiste. Il paiera cher sa volonté d'indépendance car tenu à l'écart des réseaux universitaires, il doit attendre 1985 pour que vienne la reconnaissance avec son étude sur Le désenchantement du monde, Une histoire politique de la religion L'ouvrage Le terme désenchantement est une métaphore féconde. Inventé par Max Weber dans une acception strictement définie (l'élimination de la magie en tant que technique de salut), Marx en use lorsqu'il décrit le passage de la société féodale à la société bourgeoise, qui plonge l'individu dans les eaux glacées du calcul égoïste Lorsque Marcel Gauchet l'invoque à son tour, c'est de manière beaucoup plus large pour mettre au jour la perte progressive et irrépressible de la conception religieuse du monde, qui prévaut dans notre Occident. [...]
[...] L'auteur Marcel Gauchet, né en 1946 à Poilley (Manche), est un historien et philosophe français. Issu d'un milieu modeste (son père était cantonnier, sa mère couturière), il entre cependant, en 1961, à l'École Normale d'instituteurs de Saint-Lô et y suit une formation de professeur des collèges. Il découvre, dans ce milieu très politisé, l'engagement syndical, mais aussi le goût de la philosophie et des sciences humaines. Il rédige un mémoire sur Freud et Lacan sous la direction du professeur Claude Lefort, très attaché à Karl Marx, dont il dira qu'il a déterminé son orientation et son intérêt pour la philosophie sous son aspect politique. [...]
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