Bachelard montre de quelle manière les sciences, au XVIIIe siècle, ont pu soutenir, à propos du feu, des thèses totalement erronées. En croyant étudier, observer, expérimenter, elles n'ont fait qu'imaginer un feu ayant des propriétés humaines. Elles ont donc pris au pied de la lettre des expressions qui ne sont que des métaphores poétiques. Ne parle-t-on pas du feu de la passion, d'un caractère enflammé, d'une vie qui se consume, d'un amour ardent ?
[...] Gaston Bachelard, "La psychanalyse du feu" - rêver est-ce s'abstenir de penser ? La raison qui pense et analyse ne crée pas de nouveaux mondes, mais se penche sur une réalité qui est déjà là. Rêver, imaginer, c'est penser, mais d'une autre manière. C'est pensé avec des images nouvelles. Bachelard est d'abord un épistémologue, c'est-à-dire un philosophe qui s'intéresse aux sciences, à leur évolution et aux méthodes qu'elles emploient. C'est en se demandant comment l'esprit scientifique avance, découvre, que Bachelard en viendra à comparer l'innovation dans le domaine des sciences et l'imagination dans le domaine de la poésie. [...]
[...] Selon Bachelard, toute notre vie psychique aspire à la rêverie. Toutefois, il faut nettement distinguer l'esprit scientifique, qui doit renoncer à tout attachement humain et aux images qui viennent des profondeurs de l'être, de l'imagination poétique qui, au contraire, valorise le feu, projette sur lui des désirs et des fantasmes inconscients. Cette distinction n'est cependant pas une pure opposition. La source de notre être conscient est bien l'imagination. En science, c'est elle qui pousse l'esprit à comprendre la matière en renonçant aux rêveries immédiates. [...]
[...] Pour l'esprit qui ne rêve pas, un feu est un feu, tout comme un nuage est un nuage. Mais pour l'esprit qui s'étonne, la rêverie devient le premier moteur de la connaissance objective. Bachelard tente de montrer qu'il existe une organisation des images poétiques qui est aussi cohérente que l'organisation des idées scientifiques. Le poète ne rêve pas n'importe comment, comme l'homme de science ne pense pas n'importe comment. La différence est que l'imagination du poète se traduit par des images, tandis que celle de l'homme de science se traduit par des idées. [...]
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