À propos des difficultés que présente le texte de Rabelais au travail d'interprétation, Michel Jeanneret écrit : "Autant de difficultés qui tiennent au fonctionnement polyphonique du récit et ne gênent que le lecteur attaché aux critères non pertinents d'unité, d'ordre, de pensée personnelle… Le texte hétérogène parce qu'il expérimente différents langages, différentes visions du monde non systématisables ; il est irréductible à un code de lecture unique parce qu'il mêle les registres stylistiques et narratifs, perturbe la distribution des valeurs, déplace l'horizon d'attente. Le commentateur doit reconnaître qu'aucune méthode ne saurait fixer une structure à ce point composite et labile." ("Gargantua 4-24 : l'uniforme et le discontinu", Le défi des signes, Orléans, Paradigme, 1994, p. 177)
Après avoir analysé précisément les termes du sujet, vous éclaircirez et illustrerez la thèse de l'auteur en vous appuyant sur des exemples précis tirés du Gargantua.
[...] La question de l'interprétation se pose-t-elle perpétuellement au lecteur ? 1. Considérer les mots pour eux-mêmes Ainsi, certains passages s'avèrent avoir été écrits pour plaire au lecteur, et se contentent de répondre à ce critère. Dans son prologue, encore une fois, Rabelais expose des propos qui peuvent s'avérer en contradiction avec les propos relevés dans notre première partie de l'analyse. Ainsi, quant aux interprétations allégoriques qui peuvent être faites, il dit : Croyez-vous sincèrement qu'Homère, en écrivant l'Iliade et l'Odyssée, ait pensé aux allégories qu'y ont bricolés Plutarque, Héraclide du Pont, Eusthate et Phornute, et à ce que Politien leur a volé ? [...]
[...] Deux écoles Rabelaisiennes sont nées quant à la question de l'interprétation. Tout d'abord, celle de Michel Jeanneret, que nous avons pu aborder dans la présente analyse, et l'école de Gérard Defaux que nous n'avons pas citée mais qui tend, au contraire de Michel Jeanneret, à placer l'écriture Rabelaisienne sous le signe de l'allégorie. Tout autant d'aspects qui illustrent l'importance du débat quant à l'interprétation des signes dans l'Œuvre de l'écrivain. Dans notre étude, nous avons d'abord explicité la thèse de Michel Jeanneret, illustrant le fait que certains voient dans l'écriture de Rabelais un travail hétérogène qu'on ne peut classer dans un système précis tellement ses sens sont multiples et ses signes libres. [...]
[...] Notons à ce titre les premiers mots de l'auteur dans son prologue. Il s'adresse aux Buveurs très ILLUSTRES ainsi qu'aux VEROLES TRES PRECIEUSES Le paradoxe empreint d'humour semble en même temps qu'interpeller le lecteur, évoquer la question du double sens qui domine notre réflexion Respect des rythmes de lecture Il faut tenir compte de la progression possible des lectures. Non seulement cet aspect est la conséquence de la diversité des lecteurs de Gargantua, mais il touche tout lecteur, quel qu'il soit. [...]
[...] - Les Buts de Rabelais appuient également la conception qu'on peut avoir de l'œuvre. Rabelais a pour but notamment de diversifier les langages, les visions du monde. Il peut ainsi diversifier son public, toucher le plus de lecteurs possible. Là est la conséquence de ce que nous venons d'aborder, laisse à chacun la possibilité de lire à sa façon Gargantua, permet à Rabelais d'atteindre un des objectifs fixés. L'œuvre est abordable pour le plus savant comme pour le plus ignorant. [...]
[...] Par exemple, une série de chapitres est consacrée au thème de l'éducation : chapitres XII« Comment Grandgousier reconnut la merveilleuse intelligence de Gargantua à l'invention d'un torche-cul XIII Comment Gargantua fut formé par un théologien aux lettres latines et XIV Comment Gargantua fut confié à d'autres pédagogues C'est cette série de chapitres qui donne à l'écrivain l'occasion de critiquer les méthodes d'enseignement de son époque. Le sens est ici porté par la structure de l'œuvre. Les critères non pertinents d'ordre, d'unité aident à la considération du sens. Un autre exemple peut venir appuyer cette idée : la série de chapitres sur les guerres Picrocholines, qui donne à Rabelais l'occasion d'aborder de façon plus unitaire, le thème du combat, de la guerre. La structure semble tout de même un critère pertinent quant à la perception du sens qui peut être donné à certains chapitres. III. [...]
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