La plupart des pays sud-américains ayant obtenu leur indépendance dans la première moitié du 19ème siècle, ils restent au cours du 20ème siècle prisonniers des exploitations étrangères et de la pauvresse de ses habitants, étouffés par une minorité privilégiée. L'enthousiasme national n'entraîne malheureusement pas la prospérité économique et sociale, et ce contexte est d'autant plus instable que la démocratie vit des instants difficiles, harcelée par des constants coups d'Etat militaires, des mouvements révolutionnaires et des guérillas.
C'est dans ce trouble schéma qu'évolue le roman sud-américain du 20ème siècle. Il est pourtant bien moins travaillé que la lyrique, ce qui lui vaut d'être retardé par rapport à celle-ci dans le renouvellement de ses formes. Ainsi, on assiste à trois étapes majeures délimitées plus ou moins précisément dans le temps. La première est celle du roman réaliste, qui perdure jusqu'à environ 1940 ; puis viennent les débuts du renouvellement narratif, entre 1945 et 1960, suivis de la consolidation de celui-ci surtout à partir de 1960 pour finir avec une nouvelle génération d'écrivains qui ne peuvent être catalogués.
Laissant de côté le réalisme pur, on ne s'intéressera qu'aux courants dans lesquels on peut reconnaître certains aspects de la littérature de Gabriel Garcia Marquez. En effet, les écrivains de sa génération préfèrent rejeter ce qu'ils considèrent comme un roman pauvre et sans couleur pour effectuer une vraie métamorphose du genre. Non seulement ils renversent la position du narrateur face à une intrigue presque effacée, mais expérimentent les personnages collectifs, le désordre du monologue, la prédominance du style indirect face au dialogue, les nouvelles structures temporelles…Ce que l'on a défini comme troisième étape ne sera alors qu'une confirmation des techniques nouvelles, avec surtout l'affirmation de chaque romancier comme unique et spécifique dans son style et son art.
[...] Cette image ne prend sens que par l'appellation que reçoit aussi Macondo : la ville de la glace, la ville des miroirs. Ainsi, on peut y retrouver certaines périodes ou étapes, dont la première, dans un ordre logique, est la fondation du village par le premier de la lignée des Buendia, à savoir José Arcadio Buendia. C'est à ce moment- là que la Genèse de la ville, et avec elle de toute une communauté, débute, comme à l'ère des conquistadores et découvreurs. [...]
[...] Elle la reconnut à l'instant car c'était une femme de bleu vêtue avec de longs cheveux. Inversement, des actes tout à fait anodins, plutôt tribaux et parfaitement terrestres et humains sont décrits de manière tout à fait étonnante ou étonnée, comme si des objets tels qu'un aimant pouvaient posséder des propriétés magiques. Il se promena de maison en maison, traînant avec lui des lingots métalliques et tout le monde s'effraya en voyant que le bois grinçait du désespoir des clous qui tentaient de se détacher. [...]
[...] Cette prose particulière donne un caractère fantastique à la narration. Selon l'écrivain argentin Alejo Carpentier, cette technique, ou cette mode, reçoit pour nom le plus légitime celui de réalisme magique et s'inscrit dans la lignée de la littérature surréaliste du roman sud- américain, qui mêle le fabuleux, le mythique et même le paysage à la conscience d'un peuple. Thèmes abordés - Solitude Déjà le titre du roman indique le ton que prendra celui-ci. La solitude est une ombre noire qui poursuivra les différentes générations de la famille Buendia, condamnée. [...]
[...] Elle est oubliée dans un coin, oubliée lors des pluies, devenue le jouet des enfants. A la fin des pluies, elle annonce qu'elle ne vivra plus, elle ne supporte plus sa solitude. José Arcadio Buendia, quant à lui, se renferme dans son laboratoire, dans sa labeur de déchiffrement des parchemins de Melquiades, jusqu'à ce qu'un jour il soit retrouvé dans la cour, attaché à un arbre, seul. Les deux patriarches ont transmis à leurs descendants ce sentiment de solitude ancré au fond de leurs êtres. [...]
[...] Le colonel avait toujours été solitaire, et déjà dans le ventre de sa mère, il pleurait. Il pleurait dans l'isolement du monde le plus complet, et ce comportement fut interprété par Ursula comme la preuve d'une incapacité à aimer. Son destin était donc scellé, et quand il tente de mettre fin à ses jours pour liquider ce sentiment de solitude, la balle transperce sa poitrine sans affecter le moindre organe. Il ne pouvait pas échapper à la fatalité, il décide donc de la vivre, et dessine un cercle autour de lui pour que personne ne pénètre son espace vital, pour qu'il puisse demeurer seul. [...]
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