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Fukuyama commence sa démonstration en rappelant l'échec lourd de conséquences des préceptes du "consensus de Washington", ces experts économistes néolibéraux à la tête des institutions financières internationales qui conditionnaient les aides internationales à de drastiques réformes structurelles dans les pays en développement. L'idée était alors dans les années 80 et 90 qu'il fallait à tout prix réduire la taille du secteur étatique qui empêchait le marché de réaliser l'allocation optimale des ressources. Les pays d'Afrique et d'Amérique du Sud ont été les victimes de ces politiques. En fait, les néolibéraux se sont focalisés sur une seule dimension de l'Etat qui est son étendu, ce que Fukuyama nomme le scope. En effet, ce n'est pas à l'Etat de fabriquer des voitures ou d'autres biens industriels.
Toutefois, en ne s'intéressant qu'au scope, on a du même coup négligé une autre dimension fondamentale de l'Etat qui est sa capacité et sa force à faire appliquer la loi, ce que Fukuyama nomme le strength. La conséquence est que les pays en développement ont réduit leur scope sans pour autant augmenter leur strength et même en le réduisant. Or, un Etat ne peut pas fonctionner sans cette dimension. Les Etats-Unis seraient un Etat faible du point de vue du scope mais il est très puissant et respecté en ce qui concerne le strength, c'est ce qui fait de lui un Etat crédible. La capacité est donc plus importante que l'étendu pour un Etat et notamment dans son rapport au développement économique.
Il faut donc repenser le rapport à l'Etat en favorisant non plus le retrait du scope, mais la croissance du strength. On retrouve cela dans l'aveu tardif de Milton Friedman qui explique en 2001 : « il y a trois ans, mes trois mots d'ordre pour les pays en transition auraient été "privatiser, privatiser, privatiser" mais j'aurais eu tort puisqu'il s'avère que le respect de la loi est probablement plus fondamental que la privatisation ». Et l'auteur de faire la comparaison entre le Mexique et la Corée du Sud pour montrer à quel point, au-delà des réformes économiques de structure, c'est la qualité de l'administration et de l'Etat coréen qui a fait la différence entre les deux pays dans la course au développement (...)
[...] Pour répondre à cette question, Fukuyama dresse le tableau de ce qu'est l'étatisme. Aux deux premiers éléments, on peut apporter un savoir-faire étranger et tenter de l'appliquer plus ou moins indistinctement au pays en envoyant ou formant par exemple de bons technocrates pour les Banques centrales comme ce fut le cas en Amérique du Sud avec des argentins et chiliens formés aux Etats-Unis. En revanche, les normes et valeurs culturelles inhérentes à une société ne sont pas susceptibles de retouche extérieure au moins à court terme, par conséquent les actions extérieures en faveur de la construction d'un Etat se heurtent toujours au facteur culturel qui fait qu'on n'impose pas un système qui suppose des pratiques à un pays qui ne l'a jamais connu. [...]
[...] La capacité est donc plus importante que l'étendu pour un Etat et notamment dans son rapport au développement économique. Il faut donc repenser le rapport à l'Etat en favorisant non plus le retrait du scope, mais la croissance du strength. On retrouve cela dans l'aveu tardif de Milton Friedman qui explique en 2001 : il y a trois ans, mes trois mots d'ordre pour les pays en transition auraient été "privatiser, privatiser, privatiser" mais j'aurais eu tort puisqu'il s'avère que le respect de la loi est probablement plus fondamental que la privatisation Et l'auteur de faire la comparaison entre le Mexique et la Corée du Sud pour montrer à quel point, au-delà des réformes économiques de structure, c'est la qualité de l'administration et de l'Etat coréen qui a fait la différence entre les deux pays dans la course au développement. [...]
[...] C'est à cette aune qu'on peut expliquer les résultats différents du Mexique et de la Corée du Sud en matière de développement par exemple. De ce constat découle qu'il est encore une fois impossible d'imaginer un modèle universel et optimal d'organisation dans la mesure où non seulement on peine à mesurer ce qui marche et ce qui ne marche pas et pourquoi mais aussi parce que cet esprit de corps et ces règles informelles sont contraires à la vision de l'individu rationnel à partir duquel les théoriciens raisonnent pour bâtir un modèle d'administration universel. [...]
[...] Si cela fonctionne, on essaie par la suite de créer des institutions autonomes qui puissent survivre au départ des étrangers. À ce jour, on constate l'échec de telles politiques, que ce soit en Somalie, en Bosnie, au Timor puisque les troubles ont repris après le départ des étrangers, quant au Kosovo, c'est encore l'ONU qui l'administre. Encore une fois, cet échec est le signe qu'on ne prend pas en compte ce qui devrait être fondamental, c'est-à-dire le strength des pays. [...]
[...] Dans le premier, il postule que le monde est progressivement divisé en deux temporalités différentes : d'un côté les pays qui ont atteint le stade ultime de l'histoire (fin de l'histoire), en ce sens que son sens s'y est accompli (la démocratie libérale de marché), dont le risque est qu'ils s'avachissent dans le règne du dernier homme le consommateur hédoniste sans but autre que son plaisir égoïste, ni vertu ; et les autres, encore englués dans l'histoire, i.e. dans la recherche de cet équilibre. Pour les premiers, guerres et tensions sont des épiphénomènes, de purs faits divers, sans rapport avec le Sens, pour les autres, un moment de conquête ou de régression des droits. Dans le second ouvrage, il avance que les nouvelles (bio et nano-) technologies transforment radicalement le sens de l'humain. [...]
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