Dans cet essai limpide et vif, Freud applique avec bonheur les concepts psychanalytiques à la psychologie des foules. Les notions d'instinct grégaire, les comportements émotionnels des foules, la suggestibilité, le rôle du chef, les phénomènes de panique, les foules incontrôlables, l'identification, les foules constituées comme l'armée ou l'église, ou bien les foules spontanées... la théorie de la libido apporte des éléments clés à ces notions, et permet de comprendre le fonctionnement de la foule de manière cohérente. Un ouvrage majeur (...)
[...] Le mythe est donc le pas qui permet à l'individu de sortir de la psychologie des foules (p.232). Sur la nature des pulsions sexuelles inhibées quant au but dans l'économie libidinale de la foule : le refoulement oedipien vient faire barrage à la pulsion sexuelle de l'enfant, dirigée vers ses parents, et scinde la pulsion en deux courants : tendre et sensuel. Ce qu'il en reste se présente à nous sous la forme d'un lien affectif purement tendre (p.234), mais il ne faut s'y tromper : partout où nous rencontrons un sentiment tendre, celui-ci succède à un lien objectal pleinement sensuel avec la personne en question ou son prototype (imago) (p.234). [...]
[...] C'est Eros qui assure la cohésion des foules ; le lien qui unit les membres des foules entre eux est un lien érotique. Bertrand Duccini, psychanalyste à Uchaud Sigmund Freud, Psychologie des foules et analyse du moi Fiche de lecture Les foules artificielles : étude des liens affectifs à l'œuvre dans la foule naissent de l'agglomérat d'individus regroupés temporairement autour d'un intérêt commun (intérêt commun qui renforce leur suggestibilité les uns sur les autres), et non aux foules organisées et pérennes qui vivent de façon stable à l'intérieur de la société, et auxquelles Freud porte un grand intérêt. [...]
[...] Toutefois, il remarque que l'amour homosexuel s'accommode beaucoup mieux des liens à la foule (p.239). De la même manière que les tendances sexuelles directes, la névrose rend asocial et désagrège les foules. En effet, les formations de symptômes névrotiques proviennent du retour de pulsions sexuelles directes refoulées, ou de pulsions sexuelles inhibées quant au but mais dont l'inhibition a partiellement échouée. Cet antagonisme entre névrose et formation en foule a été utilisée dans certaines approches de psychothérapie : le groupe fait reculer la névrose. [...]
[...] En annexe, Freud complète quelques unes des réflexions livrées précédemment. En particulier, il revient sur la théorie de la horde primitive afin d'articuler la notion de mythe héroïque dans sa théorie. Une fois le père tué par les fils, ceux-ci organisent le clan totémique des frères, et recréent un système de horde au niveau de la famille, où chaque père règne. C'est alors que le héros vient prend la place du père dans l'idéal du moi ; le héros, c'est le plus jeune des fils, protégé par la mère de la jalousie paternelle, et qui l'affronte dans le mythe, où le père apparaît sous les traits d'un monstre totémique (la mère est donc l'instigatrice du meurtre du père). [...]
[...] La pulsion grégaire pour Freud est L'étude de la psychologie des foules ne saurait faire l'impasse sur le concept d'instinct grégaire. donc secondaire, et nécessairement décomposable en libido, contrairement à la pulsion sexuelle et à la pulsion d'autoconservation. La foule ne peut donc pas être considérée comme l'expression sociale de la pulsion grégaire. Tout d'abord, en effet, Trotter néglige le rôle du meneur, fondamental à la création et à la cohésion de la foule selon Freud : le pasteur manque au troupeau (p.206). [...]
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