Il ne reste de Franz Kafka que les textes que son ami Max Brod a pu préserver. Beaucoup sont fragmentaires, à l'exemple de L'Amérique, que l'auteur appelait Le disparu, écrit avant Le Procès, mais qui semble n'avoir jamais été terminé.
Cette caractéristique d'oeuvre inachevée contribue peut-être à souligner un certain optimisme qui le distingue des autres romans de Kafka, avec toujours cet humour très particulier et une imagination qui a souvent été traduite dans la réalité, ou du moins lue comme telle. Ainsi, selon Max Brod, "il y a dans ce livre des passages qui rappellent irrésistiblement Chaplin", bien que l'auteur ne soit jamais allé aux Etats-Unis (...)
[...] Karl Rossmann ans, arrive d'Allemagne pour vivre aux Etats-Unis. Il y découvre une réalité dure, mais le rêve devient, au fil des pages, accessible. Le pays est ouvert, tout y est possible, à condition de s'y adapter et de le vouloir. Le rêve américain semble donc plus fort que le déterminisme qui prévaut sur le vieux continent. Purgatoire ou initiation Le pari n'est toutefois pas gagné d'avance. Karl débarque à New York parce qu'il a été chassé de chez lui, une bonne ayant su en faire le père de son enfant Les parents ne pouvant accepter cette situation scandaleuse, Karl doit partir. [...]
[...] Pour tous les expatriés, l'Amérique se conquiert. Tout est possible si on le veut et si on trouve le lieu où l'on peut trouver sa place. Il y a une logique du mouvement qui éloigne sans doute les hommes de la rigidité européenne, où les situations se figent rapidement, s'engluent. Choisir ne va toutefois pas de soi et doit prendre en compte certaines contraintes. L'engagement au théâtre ne fait pas exception avec la foule de secrétariats auxquels Karl doit se présenter pour obtenir un emploi qui conviennent à ses compétences. [...]
[...] Elle était peut-être annoncée dès l'arrivée de Karl aux Etats-Unis, par la lumière qui l'accueille et par une vision très combative de la statue de la liberté : On eût dit que le bras qui brandissait l'épée (il s'agit en réalité d'un flambeau) s'était levé à l'instant même et l'air libre soufflait autour de ce grand corps Ce pourrait être une erreur de Kafka, qui n'a jamais voyagé dans ce pays, mais compte tenu de son exigence, issue peut-être de sa formation juridique, et surtout de ce qui suit, la confusion semble peu probable. Cette Amérique n'est pas le purgatoire annoncé. Elle est, au contraire, le lieu de la liberté, de tous les possibles. Le titre utilisé par l'auteur dans son Journal pour parler de ce roman Le disparu interpelle sur le sens attribué à cette personne disparue. Karl s'affirme au contraire. [...]
[...] Ce sont des univers clos, oppressants, qui se retrouvent sous une autre forme dans les deux romans les plus célèbres de Kafka : le Procès et le château de façon moindre dans l'Amérique encore que ce sentiment d'étouffement puisse être générée par l'atmosphère de la ville américaine. Kafka est souvent présenté comme un prophète de la barbarie du XXème siècle et de ses totalitarismes, l'homme y subissant un sort décidé de façon très aléatoire par des juges déjà acquis à sa culpabilité, comme s'il était fautif rien qu'en existant. L'univers de Kafka est complexe. [...]
[...] Les circonstances sont toutefois différentes. Chez lui comme chez son oncle, Karl se comporte comme un enfant, sans vraiment rien décider. Tout est organisé pour lui. Il ne lui reste qu'à obéir, ce qu'il ne comprend pas chez l'oncle et lui vaut d'être mis à la porte pour avoir accepté une invitation. Il se comporte chez ses hôtes de façon étrange, entre caprice et culpabilité d'avoir contrarié l'oncle, peur de la punition aussi, sans se douter de sa nature avant qu'elle lui soit annoncée par un autre invité. [...]
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