Fiche de lecture comparative entre deux livres fondamentaux traitant du même sujet : la politique culturelle en France. Le premier est "La politique culturelle : genèse d'une catégorie d'intervention publique" de Vincent Dubois, et le second est "Politique culturelle : la fin d'un mythe" de Jean-Michel Djian.
[...] Le public ne progresse donc pas en nombre ni en brassage social. Le peu de place accordée à l'art dans les programmes scolaires est l'une des raisons avancées pour cet échec. S'il est vrai que jamais les Français ne se sont sentis aussi concernés par la pratique culturelle (plus d'un tiers d'entre eux pratiquent au moins une activité culturelle en amateur), Djian estime pourtant que c'est la consommation culturelle qui a le plus été encouragée. Les Français on en effet dépensé environ de leur budget pour la culture et les loisirs en 2000. [...]
[...] La démocratisation culturelle 1. Pour Vincent Dubois, avec la construction d'une politique culturelle, la mission de démocratisation culturelle (offrir à tous les moyens d'accès à l'art et aux pratiques culturelles) échappe au monopole des intellectuels pour devenir une fonction de l'Etat. En effet, jusqu'à la moitié du XXème siècle, les intellectuels allaient au peuple faisant campagne pour un art populaire, promouvant le Théâtre du Peuple . Prétendant ainsi parler un nom du peuple, ils entraient inévitablement en concurrence avec ses représentants officiels : les élus. [...]
[...] La légitimité de la politique culturelle 1. Chez Vincent Dubois, l'intervention de l'Etat, en suscitant oppositions et résistances, réactive la lutte pour la définition de la culture. En effet, les débats sur la culture et l'Etat se placent d'emblée sur le terrain des valeurs fondamentales à défendre, du modèle de société à définir. Car l'étatisation du discours sur la culture n'est pas unanimement acceptée par les autres agents du secteur. Ainsi, les intellectuels et artistes dont la prétention à monopoliser la représentation des valeurs universelles est battue en brèche, agitent parfois le spectre d'un Etat autoritaire contre l'indépendance des artistes. [...]
[...] Durant l'entre-deux-guerres, des personnalités engagées comme Léo Lagrange prônaient par exemple l'obligation de l'Etat d'être l'acteur principal d'une politique culturelle et démocratique. - Il insiste aussi sur le phénomène de médiatisation qui, à partir du début des années 1960, remet en cause la légitimité de l'appropriation par l'Etat des questions de la culture : ce sont de plus en plus la télé, la radio et le public qui doivent sanctionner les talents et pour de nombreux artistes, l'entreprise privée reste le meilleur moyen de découvrir et promouvoir librement les œuvres. [...]
[...] Ils abordent les mêmes questions suscitées par la notion de politique culturelle, et notent les mêmes évolutions. Les analyses des deux auteurs sont en effet similaires sur de nombreux points, notamment le manque de moyens, le flou du concept et l'échec de la mission de démocratisation. Cependant l'approche des deux ouvrages est différente : l'intérêt du premier réside dans la mise en perspective historique des enjeux, tandis que le second s'attache davantage aux enjeux les plus actuels de la culture. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture