Les Dieux ont soif est un roman écrit par Anatole France (1844-1824). Il est d'abord publié sous forme de feuilleton dans la Revue de Paris, d'octobre 1911 à janvier 1912, puis en volume en 1912.
Le succès de l'ouvrage est immense, et il est rapidement considéré comme le chef-d'oeuvre de l'écrivain (...)
[...] Anatole France apparaît alors comme un symbole de l'humanisme républicain, mais aussi socialiste. Pourtant, Les Dieux ont soif pose un regard critique sur la Révolution Française, à travers une œuvre qui trahit la vision désabusée de l'auteur sur les mythes fondateurs de la IIIe République. RESUME DU ROMAN Chapitres I à V L'intrigue se déroule en l'an I et l'an II, pendant la période de la Terreur à Paris (ce qui correspond aux années 1793 et 1794). Le roman suit le jeune peintre parisien Evariste Gamelin, un artiste de seconde zone qui vit seul avec sa mère, engagé dans la section de son quartier le Pont Neuf. [...]
[...] Il est donc fondamental de rappeler dans quel contexte Anatole France a transmis son scepticisme face à la Terreur. Sous la IIIe République s'est en effet développée une tendance à l'exaltation de l'Histoire révolutionnaire, en particulier sur la question de la justification de la Terreur au nom des exigences de liberté. D'ailleurs, cela a été plus loin que la simple justification, puisque bien souvent la Terreur a cessé d'être considérée comme une erreur pour devenir une rançon nécessaire à la nation afin de mettre fin à sa servitude passée. [...]
[...] Ainsi, la soif de justice a débouché sur des Tribunaux presque mécaniques dans leurs condamnations ; et pendant tout ce temps, les mouvements populaires tuent, ravagent et lynchent de nombreux innocents. L'ensemble des idéaux est en fait perverti lorsque des fanatiques se chargent de son application. Anatole France montre donc, malgré ses convictions républicaines, que la religion laïque peut se révéler aussi dangereuse et sanguinaire que d'autres croyances ou systèmes. En mystifiant et en idolâtrant des valeurs après avoir cessé d'y réfléchir, l'homme détruit en fait le système des Lumières. [...]
[...] Mais Brotteaux est aussi un épicurien. Brotteaux, sur de nombreux points, paraît être le porte-parole d'Anatole France. Car bien que libre-penseur, il se méfie des foules révolutionnaires et des doctrines : La raison nous guide et nous éclaire ; quand vous en aurez fait une divinité, elle vous aveuglera et vous persuadera des crimes. Son scepticisme est proche de celui de l'écrivain. Elodie Blaise Elle a réussi à séduire Evariste Gamelin, malgré leurs profondes différences. Par exemple, elle n'a pas d'idéaux et n'est fidèle à aucune cause particulière, à la différence d'Evariste. [...]
[...] Ou encore, il fait condamner un innocent qu'il soupçonne d'avoir séduit Elodie. Enfin, même l'amant de sa propre sœur, Julie, un dénommé Fortuné Chassagne, ne parvient pas à susciter de l'indulgence en lui. Le régime de la Terreur apparaît de plus en plus violent, sanguinaire et arbitraire. Le titre du roman vient d'ailleurs de la description de cette période par Camille Desmoulins, avant qu'il ne soit exécuté. Dans ce contexte, le jeune peintre n'est plus qu'un instrument de la violence étatique, qui fait preuve d'aveuglement et de soumission totale, et participe à l'élimination systématique. [...]
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