L'ouvrage démarre par un constat historique : la disparition des supplices. D'abord par la disparition de la cérémonie punitive (phase d'application de la peine) qui devient une procédure cachée de tous. Ensuite une peine qui n'est plus une souffrance physique infligée au corps du condamné (supplice) mais une souffrance morale infligée à l'âme (privation de liberté) (...)
[...] Ses ouvrages s'inscrivent toujours dans un champ historique fort. II- LE CONTEXTE Surveiller et punir paru en 1975 a été écrit à un moment où l'actualité carcérale était très intense : nombreuses révoltes dans les prisons notamment la sanglante révolte d'Attica qui fit 40 morts, mais aussi des tentatives d'évasion de prisonniers se soldant parfois par une exécution, sans parler des événements de mai 1968. D'ailleurs, sur le plan législatif, alors qu'il n'existait pour principales peines que celles de l'amende et de la prison, c'est aussi l'époque où le législateur engagea un mouvement d'humanisation et de mise en place de peines de substitution à la prison. [...]
[...] L'inflation législative en matière pénale de ces dernières années montre comment on déplace toujours plus haut le curseur sur l'échelle du comportement normal au comportement déviant, avec un mouvement qui pénalise de plus en plus : nouvelles infractions, multiplication de circonstances aggravantes, augmentation de la sévérité des peines. Pour exemple récent, la contravention encourue pour l'individu fumant dans un lieu public. Autre phénomène parfaitement décrit par M. Foucault est le pouvoir de juger qui devient celui de diagnostiquer et d'apprécier. [...]
[...] Foucault retrace l'histoire du châtiment du supplice à la prisonil nous montre combien cette évolution n'est pas due à une humanisation des peines mais à un changement dans le mode d'exercice du pouvoir. Car dans la peine, il est question de la manière dont l'individu (le corps) est investi par les rapports de pouvoir. Ce que M. Foucault appellera la microphysique du pouvoir. La peine n'est alors avant tout qu'un élément de tactique politique, et la transformation des méthodes punitives au cours du temps n'est en réalité qu'une transformation des techniques de pouvoir sur les individus. L'ouvrage démarre par un constat historique : la disparition des supplices. [...]
[...] Les moyens en seront partout les mêmes : quadrillage et répartition des individus à des places déterminées, selon un niveau ; contrôle de l'activité des individus par des emplois du temps précis, des gestes détaillés ; surveillance constante et hiérarchisée avec au sein de chaque institution des mini mécanismes de sanction composés de punitions essentiellement correctives. L'institution disciplinaire dans sa forme la plus élaborée se traduira par une architecture spécifique : le Panoptique. Bâtiment de forme circulaire, doté d'une tour en son centre permettant de surveiller les individus à tout moment, il deviendra l'architecture privilégiée de la prison. Ces institutions disciplinaires sont aussi d'immenses champs d'observation des individus. Ce sont des machines à faire des expériences, à modifier le comportement, le pouvoir se combinant alors avec le savoir. [...]
[...] On attendrait presque une proposition de réforme et l'on reste un peu sur notre fin. Quoi qu'il en soit surveiller et punir reste un ouvrage fascinant qui à l'heure où l'on s'interroge sur l'efficacité de notre système pénal, pousse à la réflexion. [...]
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