Andrea Camilleri, auteur sicilien, est considéré comme le père de la nouvelle vague du polar italien. S'il vit à Rome, il ne quitte jamais, par ses romans, sa Sicile natale. A travers les yeux et les pratiques de Montalbano, Camilleri nous livre ses propres perceptions de la Sicile. Il existe donc une parenté entre Montalbano et son auteur, un lien entre l'imaginaire et la réalité. Ainsi Vigata n'est autre que Porto Empedocle, la ville natale de Camilleri. Il peut dès lors paraître paradoxal de prendre les romans policiers d'Andrea Camilleri comme support d'une étude géographique puisque certains toponymes, et donc une partie des lieux, sont inventés. Il ne s'agit pas d'analyser le réel pour le réel, mais une image créée à partir des composantes du réel, une image de la Sicile formée à partir des éléments constitutifs de l'identité de l'île et qui relèvent notamment de la géographie.
La Sicile est une région singulière d'Italie : l'insularité forme une discontinuité physique qui contribue à son isolement par rapport à la péninsule mais en fait aussi un espace stratégique comme l'attestent les différentes invasions subies au cours de son histoire. Ces-dernières sont à l'origine de la culture particulière de l'île, composée d'influences grecques, romaines, byzantines, arabes, normandes, espagnoles. L'île, ayant appartenu au Mezzogiorno, se distingue aussi du reste de l'Italie par son statut politique de région autonome et son économie.
Dans La forme de l'eau, cette identité sicilienne transparaît pleinement. La situation de l'île, la perception et le vécu qu'en a Montalbano en font un espace à part.
[...] L'éécriture de Camilleri n'est toutefois pas sans ironie. L'arrivéée des deux hommes n'est-elle pas préésentéée comme un "exil", donc comme une expulsion hors de la patrie ? II- La Sicile, un "espace véécu" L'identitéé de la Sicile se manifeste aussi àà travers le personnage de Montalbano: par ses pratiques, ses perceptions, il incarne la Sicile. Les lieux frééquentéés par le commissaire déévoilent leurs valeurs symboliques, propres àà chaque individu. L'espace fait le personnage. La relation intime qu'entretient Montalbano avec la mer en téémoigne. [...]
[...] Il repréésente sa situation de frontièère par rapport àà l'Italie et àà l'Europe, matéérialiséée par le mur dresséé autour de l'usine pour en interdire l'accèès aux immigréés. Mais la position péériphéérique de la Sicile est aussi ressentie comme une marge. Dans La forme de l'eau, la réégion est déécrite comme une portion du territoire italien encore mal maîîtriséée, oùù rèègnent l'inséécuritéé et la violence. Ainsi p l'ÉÉtat envoie les forces militaires pour venir en aide aux autoritéés locales déépasséées et "contrôôler le territoire". La Sicile apparaîît comme une terre de non droit, insoumise àà l'ÉÉtat et àà ses repréésentants. [...]
[...] L'arrivéée des deux hommes politiques originaires du Piéémont et du Frioul (p.30) est ééloquente. Climat, langue, habitat sont autant de contrastes entre la Sicile et l'Italie du Nord qui sééparent deux cultures difféérentes. Le tableau antithéétique qui oppose l'Italie du Nord, "maman piéémontaise" symbole de puretéé et de protection, et la Sicile éétouffante et pauvre, en téémoigne. La Sicile est déépeinte comme une réégion aux codes singuliers qu'il faut maîîtriser pour êêtre pleinement sicilien. Les Siciliens et les deux Italiens du Nord entrent dans une relation de l'accueilli et de l'accueillant, oùù le statut de l'éétranger est rééciproque. [...]
[...] Dans La forme de l'eau, cette identitéé sicilienne transparaîît pleinement. La situation de l'îîle, la perception et le véécu qu'en a Montalbano en font un espace àà part. La Sicile, une péériphéérie de l'Italie Camilleri nous déépeint la Sicile comme une péériphéérie de l'Italie : elle constitue une vaste réégion frontalièère et une marge. La Sicile est préésentéée, àà travers la description du Bercail 28 àà comme une des principales portes d'entréée de l'Italie et de l'Europe. Immigréés africains squattant l'usine déésaffectéée, immigréés du Tiers-monde et des ex-pays communistes font rééféérence àà la situation des espaces frontaliers qui attirent les éétrangers et plus particulièèrement les clandestins. [...]
[...] La forme de l'eau d'Andrea Camilleri, une approche de gééographie littééraire Andrea Camilleri, auteur sicilien, est considééréé comme le pèère de la nouvelle vague du polar italien. S'il vit àà Rome, il ne quitte jamais, par ses romans, sa Sicile natale. ÀÀ travers les yeux et les pratiques de Montalbano, Camilleri nous livre ses propres perceptions de la Sicile. Il existe donc une parentéé entre Montalbano et son auteur, un lien entre l'imaginaire et la rééalitéé. Ainsi Vigata n'est autre que Porto Empedocle, la ville natale de Camilleri. [...]
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