Au XVIIIe, siècle des Lumières, le public du théâtre souhaite rire, être amusé. Les comédies attirent plus que les genres sérieux. Beaumarchais va répondre à cette attente en réinventant la comédie : Le Mariage de Figaro, qui fut joué en 1784 après bien des péripéties, illustre l'évolution. La pièce fait partie de la trilogie de Beaumarchais. Dans le premier volet le Barbier de Séville, Figaro déclarait : "Je m'empresse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer." (I,2).
Sa conception de l'existence est-elle restée la même dans le Mariage ? Peut-on affirmer que Le Mariage de Figaro est une « comédie pure »? Le comique peut-il avoir d'autres fonctions dramaturgiques ? Est-il condamné à faire rire et à amuser ? Le rire est-il utilisé pour masquer les tensions dramatiques de la pièce ? Le rire est-il la seule arme utilisée par Figaro pour ne pas sombrer dans le tragique ? Quelles sont les autres fonctions du comique ?
[...] Ce personnage contribue énormément dans le dynamisme de la pièce. On peut dire qu'elle est le double féminin de Figaro : comme lui, elle sait se montrer rusée et habile quand il le faut. La pièce nous offre également des personnages ridicules tels que Brid'oison qui ne cesse de bégayer; Antonio, dont l'état d'ébriété rend grotesque. Ils donnent à la pièce une dimension presque burlesque. Antonio peut faire preuve d'ironie : "Votre corps a bien grandi depuis ce temps-là" déclare-t-il à la scène 3 de l'Acte II à Figaro qui affirme être l'homme qui a sauté sur ses plates-bandes. [...]
[...] On frôle également l'inceste dans l'Acte III, Figaro qui doit épouser Marceline découvre qu'elle est sa mère. Dans la scène 1 de la pièce, après avoir été mis au courant par sa fiancée des projets du comte, Figaro exprime son inquiétude : Qu'entendez-vous par ces paroles? Eh qu'est-ce qu'il y a ? Bon Dieu! Figaro ne contrôle plus son langage, ni la situation. Il a un profond sentiment d'amertume : J'avais assez fait pour l'espérer. il se sent comme trahi. [...]
[...] L'auteur fait également la satire des milieux littéraires : FIGARO.- ou vous n'écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront Donc soit vous êtes un écrivain complètement nul, soit vous n'êtes pas du tout tendance, à la mode. Il critique ainsi la censure incapable de reconnaître la valeur d'une œuvre. Beaumarchais dénonce également la condition des femmes :le manque de droit qu'ont celles-ci. Il revient sur ce thème dans la réplique de Marceline (III,16), qui raconte comment elle a été séduite et abandonnée. La comtesse est une femme délaissée par son époux : Je ne la suis plus, cette Rosine que vous avez tant poursuivie! [...]
[...] Il y a une certaine tension dramatique présente dans le Mariage de Figaro, mais cette tension est égayée par Beaumarchais. Les personnages ne doivent pas prendre les choses trop au sérieux, cela serait pénible pour eux, mais aussi pour le spectateur qui souhaite avant tout rire. Les personnages utilisent donc le rire dans un but de protection, de dédramatisation, mais Beaumarchais utilise l'humour dans un autre but : la satire, donc dans un but critique, afin de dénoncer le pouvoir abusif de la noblesse et accuser la censure. [...]
[...] zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts . Elle le parodie dans le but de lui faire comprendre les intentions du Comte à son égard. Mais elle ridiculise également l'optimisme de Figaro. L'aparté, qui fait partie de la dissimulation, fait également naître le rire. Le public rit parce qu'il sait, parce qu'il est complice avec les personnages, aux dépens d'un autre. Suzanne, par exemple, loue publiquement la vertu du Comte, alors que celui-ci vient de tenter de la séduire. [...]
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