Cette correspondance, et les cinq ans que Flaubert a mis pour achever son oeuvre, montrent la complexité de la structure du roman dans lequel rien n'a été laissé au hasard.
En partant du principe que tout a été pensé et calculé par l'auteur, on peut se demander comment la temporalité du roman traduit l'attention du romancier à établir à la fois une critique des « moeurs de province » des plus banals, ainsi que les mécanismes de ce récit (...)
[...] A cette date, Berthe est en âge de travailler. Les deux derniers paragraphes sont également au présent. De plus, dans l'avant- dernier paragraphe, le passé composé : trois médecins se sont succédés à Yonville sans pouvoir y réussir nous fait comprendre que les années sont passées. On peut aussi remarquer que l'ultime phrase du roman est mise en valeur, car elle constitue à elle seule un nouveau paragraphe. Homais est comblé : Il vient de recevoir la croix d'honneur On pourrait expliquer ceci par le fait que le second Empire lui a donné ce que la Monarchie de Juillet lui avait refusé. [...]
[...] On remarquera qu'Emma, lors de cette invitation au château, est comblée, et ne s'ennuie pas du tout. Ceci contraste avec les 2 premiers chapitres du roman. En effet, à eux deux, ils font 23 pages, et correspondent, à environ 10 ans : de l'entrée de Charles au collège à sa rencontre avec Emma. Ces 2 chapitres étant peut-être qualifiés comme étant négligeables face à la suite du roman, on comprend alors que le narrateur de s'attarde pas dessus : ils n'ont pas de lien avec Emma ni ses sentiments. [...]
[...] On peut aussi relever le fait que certains passages se veulent comme étant les précurseurs de la suite du roman. Par exemple, au chapitre 6 de la 3ème partie, lorsque Lheureux feuillète un de ses registres on peut remarquer la date de la mort d'Emma : Voyons , voyons Le 3 août, deux cents francs Au 17 juin, cent cinquante 23 mars quarante-six On remarque qu'il arrondie les sommes aux cinquante francs. On pourrait en déduire que le 23 mars quarante-six est une date, et non une somme. [...]
[...] La présence de l'histoire peut aussi se voir dans le langage de certains personnages. On peut même déceler dans le discours d'Homais une évolution politique de la Monarchie de Juillet à l'Empire qui est à la fois celle de la France et la sienne. Il courtise un pouvoir, s'y oppose finalement et sait très bien s'y adapté en s'appuyant sur l'Opinion comme l'a fait dans la réalité historique Louis Napoléon Bonaparte. L'évolution du personnage n'est pas racontée, on ne voit que les deux bouts de la chaîne : la déception d'Homais face à un régime qu'il a courtisé, ainsi que la récompense obtenue du régime suivant. [...]
[...] Les détails les plus triviaux, Charles ronfla sont racontés, ainsi que les repas ou des scènes de la vie des personnages. Certains mois sont indiqués, permettant au lecteur de mieux saisir l'évolution globale du temps dans le roman : Six mois se passèrent encore Dès le commencement de juillet Vers la fin de septembre vers la fin de juillet au mois de mars Le temps se fait aussi ressentir par l'évolution des saisons. Dans les beaux soirs d'été Il arriva au commencement du printemps l'hiver fut froid Un choix de focalisation qui se fait ressentir Cependant il ne s'agit que de l'imitation de la réalité, un roman ne peut en effet se substituer à la réalité en y exprimant tous les aspects (cela serait bien trop long voir interminable). [...]
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