<em>Madame Bovary</em> de Gustave Flaubert, paru en 1857, relate le mariage sans amour et les différentes liaisons de son héroïne éponyme. Endettée, délaissée par ses amants, elle finira par se suicider. L'histoire chez Flaubert présente, en fait, peu d'intérêt. En effet, l'auteur cherche avant tout à créer une impression, une ambiance, dans le style le plus juste qui soit. Pour <em>Salammbô</em>, Flaubert avait dit avoir "voulu donner l'impression de la couleur jaune". Pour <em>Madame Bovary</em>, l'auteur a essayé de "faire quelque chose qui fût de la couleur de ces moisissures de coins où il y a des cloportes". Cette citation en dit plus sur <em>Madame Bovary</em> qu'un pénible résumé par chapitre : histoire de la médiocrité de la vie provinciale, le roman dépeint un destin banalement tragique (...)
[...] Il écrit alors une lettre de rupture. Ce passage composé de la lecture de la lettre et des commentaires par son rédacteur confirme la duplicité de ce personnage. On peut donc dire que Léon, Lheureux et Rodolphe ont été manipulateurs. Ce sont des comédiens de l'existence mais aussi des metteurs en scène : ils ont utilisé Emma comme une marionnette. Il s'agit d'une hypocrisie consciente et intéressée mais il est possible de concevoir que la critique de Flaubert va plus loin et englobe aussi le mensonge de la société. [...]
[...] Nul besoin de référence à des noms de lieux réels ou de donner des noms aux personnages : l'auteur installe dans une réalité par le jeu de l'idiolecte écolier : Nous étions à l'Etude le Proviseur (on notera la présence des majuscules qui implique qu'il s'agit de réalités évidentes), le nouveau dans les grands (l'italique joue son rôle de rapporteur de discours indirect libre). L'effet réaliste est donc considérable cependant la manière de le créer est inattendue. De plus, on constate que l'incipit débute in medias res par une entrée et une présentation quasi-théâtrale de Charles Bovary, enfant le Proviseur entra suivi d'un nouveau habillé en bourgeois Ce choix narratif paraît étrange dans la mesure où ce personnage n'est pas le personnage éponyme. Pourtant, l'auteur lui consacre d'importantes descriptions. [...]
[...] C'est à un véritable numéro d'acteur que se livre l'homme : Et en achevant ces mots, Rodolphe ajouta la pantomime à sa phrase (page 210). La dualité de Rodolphe est d'ailleurs révélée par l'entrelacement des voix qui perturbent le discours trompeur du séducteur. Il utilise aussi les costumes comme un comédien : habits de velours, chapeau haut de forme, longues bottes molles, se disant que sans doute elle n'en avait jamais vu de pareilles ; Emma en effet fut charmée de sa tournure (page 226). Lorsqu'il s'est lassé d'elle, ayant obtenu ce qu'il voulait, Rodolphe joue la victime d'un amour impossible. [...]
[...] Dans cet extrait, Rodolphe s'est lassé de sa liaison. Ce Dom Juan de province n'a plus d'autres solutions que de se débarrasser de cette attache devenue gênante. Il écrit donc une lettre à Emma qui lui évite de se confronter à elle et qui permet à l'auteur de rédiger un texte conçu comme un double discours : lecture de la lettre à Emma et commentaire de son rédacteur. Comment Flaubert à travers les regards croisés du narrateur et du personnage montre-t-il la lâcheté et la médiocrité de Rodolphe ? [...]
[...] Il n'est donc pas à sa place, et tout en lui évoque le paysan mal dégrossi. Médecin sans talent, homme mal marié, Charles Bovary fera preuve durant tout le roman des caractéristiques que Flaubert lui prête dès les premières pages. On peut ainsi en conclure que Gustave Flaubert est influencé par le déterminisme (fait que les impressions d'enfance et de jeunesse puis que le milieu dans lequel on évolue détermine notre avenir). C'est d'ailleurs en vertu du même déterminisme, c'est-à-dire par l'interaction des circonstances et des travers de son caractère, qu'Emma glissera comme sur une pente vers l'ennui, le mensonge, l'infidélité, et enfin le suicide. [...]
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