L'Education sentimentale conte une partie de la vie d'un jeune homme, Frédéric, qui confronté aux limites de ses idéaux et désabusé par la réalité, va essuyer une succession de déceptions.
[...] Par exemple, le lecteur assiste à un véritable petit drame psychologique lorsque Frédéric découvre l'appartement où réside Mme Arnoux. De même sa réaction est très forte quand, après une courte entrevue elle quitte son appartement, laissant derrière elle sa présence, son essence désormais imprégnée dans tous les objets qu'elle a touchés. Le désespoir et la tristesse de Frédéric provoquent un délire qui s'achève sur la certitude d'un échec, Quant à essayer d'en faire sa maîtresse, il était sûr que toute tentative serait vaine (p.88). [...]
[...] La poétique de la désillusion peut également se définir par la construction du récit qui donne toute son importance au temps. Il est circulaire et représente l'errance du personnage qui tourne en rond et ne va nulle part. L'expérience de la vie par Frédéric se révèle être un échec, c'est un antihéros qui ne parvient pas à aller au bout de sa quête, à réaliser son idéal. L'ennui et l'échec constituent sa vie qui est triste et grotesque ; pour la retranscrire l'auteur remet en question les fondements du roman pour écrire une œuvre sur le vide. [...]
[...] C'est à Nogent qu'il conçoit tous ses espoirs et ses projets, et il y revient après chaque désillusion. Dans ces deux endroits le temps passe lentement et la vie n'est qu'ennui et oisiveté pour Frédéric ; ainsi le temps devient une donnée essentielle du roman. La désillusion passe par les actes manqués de Frédéric et son attente perpétuelle. Le défit littéraire de l'auteur est de faire ressentir cet ennui dans l'écriture. Pour ce faire, il utilise de longues descriptions qui donnent l'impression d'un allongement du temps, et joue sur les rythmes temporels. [...]
[...] En effet, la poétique de la désillusion ressort à travers la construction même du texte. Le récit a une structure close avec un début et une fin délimités par des dates précises : le chapitre 1 de la première partie débute le 15 septembre 1840 vers 6 heures du matin, et le chapitre 6 de la troisième partie se termine vers la fin de mars 1867. Le dernier chapitre constitue l'épilogue dans lequel Frédéric et Deslaurier font un bilan de leur vie et se rappellent l'épisode de la Turque qui remonte à leur adolescence. [...]
[...] On le retrouve à la fin du roman installé dans une situation de petite bourgeoisie : il est parti de rien et il retourne à ce même rien ; le temps ne le mène nulle part. Dans le dernier chapitre Frédéric et Deslauriers se remémorent leur passé ; leur histoire en négatif se clôt sur l'évocation de ce qui n'a pas été, leur vie ratée. Ce qui est surprenant c'est que le négatif est le seul positif de leur vie, c'est là que nous avons eu de meilleur ! [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture