Denis Diderot, figure littéraire centrale du XVIIIe siècle, a embrassé de nombreuses carrières. Il fut romancier, essayiste, moraliste, traducteur et philosophe des Lumières. A la demande de son ami Grimm, il endosse un nouveau rôle en 1759, celui de critique des Salons parisiens pour la Correspondance littéraire, une revue destinée aux têtes couronnées européennes. Il écrira en vingt ans neuf Salons, reconnus désormais comme les fondations de la critique moderne.
Les Salons à Paris au XVIIIe siècle étaient des événements pour les Parisiens de l'époque. Tous les deux ans, une foule nombreuse se pressait aux portes du salon carré du Louvre pour apprécier la récente production picturale française. Connaisseurs et érudits, badauds et curieux se retrouvaient au cœur de Paris dans un brassage inédit de catégories sociales, et le Salon faisait entrer la peinture dans la vie des Parisiens. Il s'agira dans ce dossier de définir la figure du spectateur dans le Salon de 1767.
Nous nous limiterons pour cette étude aux commentaires de Diderot des tableaux des peintres Louis-Michel Van Loo, Jean-Baptiste Siméon Chardin et Hubert Robert. A défaut d'englober tous les genres de la peinture, ce corpus nous offre un panel assez large de toiles, Van Loo présentant au Salon de 1767 des portraits, Chardin des natures mortes (qui n'était pas encore appelées ainsi à l'époque), et Robert des scènes de genre et des paysages de ruines.
Dans la hiérarchie du XVIIIe siècle, tous ces genres étaient regroupés sous l'appellation « scènes de genre », en opposition à la peinture d'Histoire. Louis-Michel Van Loo est né en 1707 à Toulon, il entre à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1725 et meurt en 1771 à Paris. Jean Siméon Chardin est né en 1969 à Paris, il entre à l'Académie en 1725 et meurt en 1779 à Paris également. Hubert Robert, enfin, est né en 1733 à Paris, il entre à l'Académie en 1766 et meurt à Paris en 1808).
[...] Diderot, Van Loo in Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris p.86 Dans l'acception qu'on trouve dans l'article Connaisseur de L'Encyclopédie : Connaisseur, en fait d'ouvrages de Peinture, ou autres qui ont le dessein pour base, renferme moins l'idée d'un goût décidé pour cet art, qu'un discernement certain pour en juger. L'on n'est jamais parfait connaisseur en Peinture, sans être peintre D. Diderot, Michel Van Loo in Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris p.86 ibid., Chardin Deux tableaux représentants divers instruments de musique p.172 ibid., Robert Grande Galerie éclairée du fond, p.337 Comme dans cet extrait du commentaire des natures mortes de Chardin : Je suis sûr que, lorsque le temps aura éteint l'éclat un peu dur et cru des couleurs fraîches, ceux qui pensent que Chardin faisait encore mieux autrefois, changeront d'avis p.172, ou encore dans le commentaire de la Grande galerie éclairée du fond de Robert : Je n'aurais jamais pu me défendre d'aller rêver sous cette voûte ( ) Mais il y a trop d'importuns . [...]
[...] Prenons un exemple, issu du commentaire des portraits de Van Loo, choisi parmi tant d'autres : Voyez ces naïades abandonnées, molles et fluctuantes de Jean Goujon. Les eaux de la fontaine des Innocents ne coulent pas mieux. Les symboles serpentent comme elles. Voyez un certain Amour de Van Dick. C'est un enfant. Mais quel enfant ! c'est le maître des hommes. Il est impossible ici de savoir à qui s'adressent ces impératifs Voyez s'ils s'adressent à Grimm, à ses lecteurs, ou éventuellement à des interlocuteurs imaginaires, créant ainsi de nouvelles situations énonciatives, dont certaines seront étudiées plus loin. [...]
[...] Ils instauraient en effet un rapport privilégié et actif entre le spectateur et l'œuvre d'art, à travers notamment une monumentalité des sculptures qui incitaient le spectateur à comparer sa propre taille avec celle des œuvres, et un travail sur l'espace dans lequel elles étaient installées, qui avait pour but de faire prendre conscience au spectateur de sa propre présence. Bibliographie Diderot, Denis, Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris Barthes, Roland, L'obvie et l'Obtus, éd. du Seuil, Paris Berthet, Dominique, Les défis de la critique d'art, éd.Kimé, Paris Crow, Thomas, La peinture au XVIIIe siècle et son public, éd . Macula, Paris Diderot, Denis, Œuvres esthétiques, éd. Garnier Frères, Paris Frantz, Pierre, L'esthétique du tableau dans le théâtre du XVIIIe siècle, éd. PUF, Paris Fried, Michael, La Place du spectateur, éd. Gallimard, Paris E M. [...]
[...] Diderot, Michel Van Loo in Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris p.85 ibid., Robert Grande Galerie éclairée du fond, p.340 ibid., Robert Grand escalier qui conduit à un ancien portique, p.344 ibid., Robert Port de Rome, orné de monuments d'architecture antique et moderne, p.347 ibid., Robert Un Grand paysage dans le goût des campagnes d'Italie, p.333 ibid. Van Loo p.86 ibid. Van Loo p.86 ibid. Van Loo p.86 [25]T. Crow, La peinture au XVIIIe siècle et son public, éd . [...]
[...] Hermann, Paris p.79 Diderot, Denis, Robert Un grand paysage dans le goût des campagnes d'Italie, in Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris p.332 ibid., Robert Cuisine italienne, p.356 M. Fried, La Place du spectateur, éd. Gallimard, Paris p.II ibid., p.II M. Fried, La Place du spectateur, éd. Gallimard, Paris p.II D. Diderot, Robert Cuisine italienne, in Salon de 1767 Ruines et paysages, éd. Hermann, Paris p.354 ibid., Robert Cuisine italienne, p.354 ibid., Robert Écurie et magasin à foin, peints d'après nature, à Rome, p.350 ibid., Robert Cuisine italienne, p.356 D. [...]
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