Fiche de lecture sur "W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec. Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés, il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés. L'un de ces textes appartient au récit imaginaire et l'autre est une autobiographie.
[...] en fait W apparaîtrait comme un petit paradis au sein d'un monde hostile. Cependant, aussi minutieusement établi que le système W soit, il n'en ressort pas pour autant plus souhaitable pour nous même. En effet, l'ordre y règne rigoureusement et les pires méthodes sont employées pour stimuler l'esprit de compétition : il faut que même le meilleur ne soit pas sûr de gagner ; il faut que même le plus faible ne soit pas sûr de perdre. Il faut que tous deux risquent autant, attendent avec le même espoir insensé la victoire, avec la même terreur indicible la défaite Les athlètes sont volontairement mal nourris, ils doivent obligatoirement chercher a être les meilleurs et risquent les humiliations, les coups et même la mort en cas de contre performance. [...]
[...] Georges Perec juxtapose deux séries de chapitres à première vue complètement différentes et sans rapport. Chaque partie commence par un chapitre écrit en italique, racontant une fiction (qu'il avait pour partie imaginée dès l'âge de treize ans) alternant ensuite avec un chapitre consacré à une sorte d'autobiographie de l'auteur. Celle-ci est alimentée par des descriptions de photographies, de souvenirs de diverses personnes et d'un doute toujours constant sur ses propres bribes de souvenirs (qu'il réajuste d'ailleurs sous forme de notes omniprésentes au cours de la première partie du livre). [...]
[...] ) [des] hautes voûtes bétonnées ( . ) des tas de dents d'or, d'alliances, de lunettes, des milliers et des milliers de vêtements en tas, des fichiers poussiéreux, des stocks de savon de mauvaise qualité . Ceci, ressemble exactement à la description des sous- sol d'un camp de concentration, les victimes étant dépouillées de tout ce qu'elles avaient, puis étaient ensuite brûlées, leur graisse servant expérimentalement à faire du savon. Ces deux textes sont alors indissociables, il semblerait que l'un complète l'autre et ce réciproquement. [...]
[...] Définition sur internet: Contre-utopie (Dystopie) - Récit de fiction se déroulant dans une société imaginaire. (car non présente dans le dictionnaire) La dystopie s'oppose à l'utopie en ce qu'au lieu de faire l'apologie de ce monde, elle en dénonce les défauts. La différence entre contre- utopie et utopie tient moins au contenu (car après examen, nombre d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes) qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur. Dès le premier chapitre, l'île et la société W s'annoncent comme étant cruelles par la description qu'en fait le narrateur: le vent de la mer lacérait villes fantômes inoubliable cauchemar courses sanglantes . [...]
[...] Georges Perec est passionné par les questions de technique littéraire et le succès arrive très vite avec son premier ouvrage, Les Choses qui lui permet d'obtenir en 1965 le prix Renaudot. Adepte de la contrainte il écrit en 1969 La Disparition, un livre sans la voyelle e puis en 1972 Les Revenentes où la seule voyelle est le e Ces recherches exigeantes d'invention et de rigueur se développent considérablement au sein de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) qu'il intègre en 1970. [...]
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