Fiche de lecture de l'ouvrage Les récits de vie : Perspective ethnosociologique de Daniel Bertaux. L'expression « récit de vie » a été introduite en France il y a une vingtaine d'années. Jusque là le terme consacré était celui d'histoire de vie, traduction littérale de l'américain. Ce terme présentait l'inconvénient de ne pas distinguer entre l'histoire vécue par une personne et le récit qu'elle pouvait en faire. Or, cette distinction est essentielle. En sciences sociales, le récit de vie résulte d'une forme particulière d'entretien, l'entretien narratif, au cours duquel un chercheur demande à une personne de lui raconter tout ou une partie de son expérience vécue (...)
[...] Il faudra donc reconstituer la structure diachronique qui est évoquée. À la différence d'une autobiographie, texte écrit travaillait et retravailler afin de lui donner une structuration linéaire et une cohérence interne, le récit de vie est très largement spontané. Si l'invitation au récit de vie comporte un appel à la linéarité et à la cohérence, le sujet ne peut y répondre que de manière très imparfaite. L'évocation d'un proche, d'une stèle vide d'une crise l'entraîne dans les digressions qui le font revenir en arrière ou anticiper sur la suite. [...]
[...] Il faudrait tout dire au même moment, hors l'écrit oblige à hiérarchiser. Les écrivains se heurtent à ce problème. C'est à raconter : il faut que l'individu sache se raconter. Cela suppose des conditions nécessaires. Il faut que l'individu considère que quand on lui présente un entretien il intériorisait l'idée que sa vie vaut la peine d'être racontée. Années 60, sur les catégories de femmes ayant quitté l'école très tôt, les femmes de ménage. Lorsqu'on leur demandait ce qu'elle faisait, elle disait je travaille. [...]
[...] La plupart des lignes de vie sont donc des lignes brisées au sens géométrique du terme : certes continue, mais avec des zigzags. Il est vrai que dans la culture occidentale chacun tend à se représenter le cours de son existence comme présentant une forte cohérence, en particulier chez les dominants. C'est ce phénomène de reconstruction a posteriori d'une cohérence, de lissage de la trajectoire biographique que j'ai nommé idéologie biographique et Bourdieu, illusion biographique. 1.5 L'expérience passée au filtre. Dans l'autobiographie, le sujet considère son existence en totalité et comme une totalité. [...]
[...] Conception du récit de vie L'impasse de la conception maximaliste. La simple mention des termes récit de vie évoque aussitôt l'image d'un récit de vie complet, c'est-à-dire traitant de la totalité de l'histoire d'un sujet. Il commencerait par la naissance, voire par l'histoire des parents. Il couvrirait toute l'histoire de la vie du sujet. Cette représentation totale, c'est en fait celle de l'autobiographie écrite Le récit de vie comme forme narrative. La conception que nous proposons consiste à considérer qu'il y a du récit de vie dès lors un sujet raconte à une autre personne un épisode quelconque de son expérience vécue. [...]
[...] Les récits de vie : Perspective ethnosociologique (Poche) de Daniel Bertaux L'expression récit de vie a été introduite en France il y a une vingtaine d'années. Jusque là le terme consacré était celui d'histoire de vie, traduction littérale de l'américain. Ce terme présentait l'inconvénient de ne pas distinguer entre l'histoire vécue par une personne et le récit que'elle pouvait en faire. Or, cette distinction est essentielle. En sciences sociales, le récit de vie résulte d'une forme particulière d'entretien, l'entretien narratif, au cours duquel un chercheur demande à une personne de lui raconter tout ou une partie de son expérience vécue. [...]
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