Alceste : Alceste est le personnage central du Misanthrope. Jeune homme faisant ses débuts dans la société, il est amoureux fou d'une jeune mondaine, Célimène, et cette intrigue amoureuse va être le centre de la pièce. S'il existe un personnage complexe dans le théâtre de Molière, c'est bien celui-là, en lequel les passions s'entremêlent, parfois contradictoires. En effet, Alceste est à la fois sous l'emprise de l'orgueil, de l'humeur noire, de la jalousie, du fanatisme du bien et de la passion amoureuse, et nous allons voir, en tentant de mieux cerner le personnage que certains de ces penchants s'opposent et créent d'importantes contradictions intimes. C'est certainement l'exagération en tout qui définit le mieux Alceste ; en effet, il est animé des meilleurs sentiments, à savoir l'amour du Bien et l'amour pour Célimène ; cependant, ces deux amours deviennent rapidement des passions qui le font tomber dans l'excès et l'aveuglent totalement : la passion du Bien le rend donc méchant, et la passion de la justice, injuste.
[...] Nous pouvons ainsi citer La Bruyère pour ce qui nous semble être une excellente définition du personnage : Un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux, de son visage ; il est profond, impénétrable ; il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, agit contre ses sentiments.[5] Ainsi, contrairement aux personnages animés de snobisme mondain, qui sont aveuglés par cette passion et ne sont pas dans la feinte, Philinte joue au snob, joue au mondain ; non pas qu'il aime se conduire de la sorte, mais il préfère se conformer à la masse et vivre plus sereinement que d'entrer en lutte à l'instar d'Alceste ; c'est en ce sens qu'il nous semble être plus sage et pondéré que celui-là, même s'il contribue à forger une atmosphère et une société viciée et basée sur les apparences. [...]
[...] peut-être pas totalement ; certes, elle reçoit, elle est soucieuse de l'opinion, désire toujours être au centre de toutes les attentions ; elle sait cependant ne pas suivre le troupeau, et donne ses propres opinions ; cependant, la méchanceté de ses propos au sujet de certains personnages, et le plaisir qu'elle semble prendre à dénigrer autrui, en affectant ensuite, en présence de ces mêmes personnes, la plus grande et profonde amitié montre combien la feinte est grande chez ce personnage, et cette facilité à la dissimulation et au mensonge vont bien souvent de pair avec le snobisme, ce qu'illustre à merveille Alceste à travers ces vers : Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour ; Vous n'en épargnez point, et chacun à son tour ; Cependant aucun d'eux à vos yeux ne se montre, Qu'on ne vous voie, en hâte, aller à s rencontre, Lui présenter la main, et d'un baiser flatteur Appuyer les serments d'être son serviteur.[3] Alceste décrit ici toute la fausseté de la société mondaine et toute la dissimulation des mondains qui suivent ses règles ; cela s'applique tout à fait à Célimène, en qui se mêlent snobisme, coquetterie et orgueil. Ce personnage n'est cependant pas véritablement aveuglé par ses passions, évitant de ce fait le ridicule. Oronte Si Célimène parvient à se garder du ridicule, il n'en est pas de même pour Oronte, prétendant de Célimène et pédant rimeur, à la fois atteint de snobisme mondain et de prétention d'esprit. [...]
[...] Comme chacun l'aura compris, la passion dominant l'âme d'Arsinoé est la jalousie, et cette passion va la pousser à une vile action, à savoir la trahison puisqu'elle va montrer une lettre de Célimène à Alceste dans l'unique but d'exciter sa jalousie et de l'amener à rompre avec son amante. Une fois encore, nous pouvons constater que les personnages sous l'emprise d'une passion ne voient et n'agissent qu'en fonction d'elle. Il convient d'ajouter à l'évocation de cette première passion un autre trait de caractère pouvant être assimilé à une passion : la pruderie. Il nous semble en effet que ceci n'est qu'une facette de la coquetterie, et c'est l'âge qui nous paraît effectuer le glissement de la seconde à la première. [...]
[...] Acaste et Clitandre Nous avons décidé de réunir en une seule rubrique les cas de Clitandre et d'Acaste pour la simple raison qu'ils sont quasiment semblables, pâles copies l'un de l'autre, animé des mêmes passions, et ayant en commun une forte attirance pour Célimène, dont ils vont se disputer les faveurs. Leurs uniques centres d'intérêt semblent être la mode, leur apparence et la société mondaine et ses plaisirs. Ils incarnent les snobisme jusqu'au bout des ongles et il nous semble inutile de nous appesantir sur le sujet étant donné que nous avons amplement décrit cette passion et ses effets dans le début de notre travail. [...]
[...] Le fanatisme du bien oblige Alceste à être choqué par le mal, même chez l'être aimé. Là réside certainement la contradiction intime d'Alceste, misanthrope amoureux d'une coquette ; cet état de choses va être déterminant dans la progression dramatique puisqu'elle en est le moteur même, et il contribue à créer une atmosphère très spéciale, noire, rompant avec le comique léger, bien que visant à la leçon morale, des autres pièces auxquelles s'attache notre étude, et le personnage d'Alceste y contribue pour une large part. [...]
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