Grand auteur de la littérature du XXème siècle, Francois Mauriac (1885-1970) à peint la province, plus précisément celle de la région bordelaise dont il est natif. La plupart de ses romans siègent au coeur de cette province bourgeoise, où, souvent les personnages hypocrites vivent confinés dans leur caste, attachés à leurs biens, ignorant leur étroitesse d'esprit, trop obnubilés par les valeurs à préserver. Dans ce contexte provincial, la femme est souvent victime (l'adverbe "souvent" semble approprié puisque certaines oeuvres telles Le Sagouin ou Le Noeud de vipères semblent davantage placer l'homme en victime); délaissée par son mari, esclave de ses sentiments, elle est souvent gouvernée par ses passions qui l'entraînent jusqu'à la conquête de la liberté. Thérèse Desqueyroux, publié en 1924 est l'un de ces romans, un roman du conformisme, de l'enfermement. C'est l'histoire d'une femme qui mue par ses désirs à l'instar de Dinah (héroïne de La Muse du département de Balzac), d'Emma Bovary et tant d'autres va de l'enfermement spirituel, la prostration jusqu'à la poursuite de son destin. Enfin, Thérèse Desqueyroux est le roman d'une femme si seule et incomprise qu'elle va jusqu'à commettre l'irréparable : la tentative d'empoisonnement de son mari. De ce roman fort riche en thèmes, nous nous intéresserons à celui
de la province, vaste sujet que nous tenterons d'élucider grâce à une problématique simple: Quel est l'intérêt pour Mauriac d'avoir fait de son oeuvre une peinture sévère de la bourgeoisie landaise et de son héroïne une femme prisonnière du conformisme et des valeurs provinciales?
[...] Si les sentiments ne sont pas exempts de l'oeuvre bien au contraire, chacun semble vivre les siens différemment ; et s'ils semblent effacés au profit d'un conformisme pour certains ils demeurent cependant un thème essentiel à l'étude du roman. Nous remarquons dans un premier temps que l'amour véritable ne trouve pas réellement sa place ; hormis l'amour inconditionnel qu'Anne porte à Jean mais qui hélas n ‘apparaît pas comme réciproque, il n'est question ni d'amour ni de passion pour nos protagonistes. Ici encore, ce sont l'intérêt et le conformisme qui dominent. [...]
[...] Thérèse apparaît donc comme un stéréotype de la femme de province qui, confinée dans la vie provinciale se réveille un jour consciente de sa frustration et décide à tout prix de poursuivre sa quête. La province est-elle favorable à l'enfermement spirituel ? Qu'est-ce qui pousse une femme au crime ? Thérèse est-elle à l'instar des héroïnes grecques voûtée sous le poids d'un fatum tragique ? Bibliographie indicative : Histoire de la litterature française au XX siecle I Histoire de la litterature française au XX siecle I par Simon P. H. [...]
[...] Thérèse est une femme qui n'a pas eu le choix, c'est l'ignorance qui l'a faite évoluer au gré des normes provinciales. Ce n'est pas l'amour qui l'a poussé à se marier mais l'opportunité d'un mariage intéressant, et le besoin d'occuper un rang ; comme son enfant, qui n'est pas non plus le fruit de l'amour mais le souci d'une descendance pour Bernard. La femme de province, ne fréquentant que ce que le conformisme lui permet, est-elle condamnée à épouser un homme pour l'intérêt de la famille et à vivre dans l'ennui ignorant tout du bonheur ? [...]
[...] non ; pas tous les jours." mais cette patience, cet amour voué à Anne ne masque t-il pas le manque d'une femme à ses côtés ? Thérèse, orpheline de mère n'avait déjà durant son enfance hormis sa tante Clara, personne sur qui reporter tout l'amour maternel. Et cette solitude, qui devient presque une peur, nous pouvons nous demander si là n'est pas la raison de son mariage avec Bernard, l'expression : "elle se casait " témoigne bien d'un désir de se réfugier, vivre auprès de quelqu'un, appartenir à un rang et sûrement échapper à cette peur : "elle voulait être rassurée contre elle ne savait quel péril". [...]
[...] D'autre part, le texte ne manque pas de patois régional ou de termes typiquement landais tels : "Palombe" , "Pignades" ou "Fougasse" ou encore : Bernard, au fond de la cuisine proche, enlevait ses bottes, racontait en patois les prises de la journée." Quant au père de Thérèse qui, malgré son ambition apparaît comme un homme intéressé avant tout par lui-même, le bonheur de sa fille est le cadet de ses soucis, (sans remords il n'hésitait pas à la laisser tout l'été dans la maison d'Argelouse avec sa tante). Présent uniquement pour étouffer le scandale, le reste lui importe peu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture