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Ce texte consiste en une fiche de lecture explicative de l'ouvrage majeur de Thomas Kuhn, "La structure des révolutions scientifiques". Son auteur est normalien, agrégé de philosophie.
La structure des révolutions scientifiques
Kuhn commence par questionner la conception commune de l‘histoire de la science, celle qui est portée et divulguée par les ouvrages et les manuels scientifiques. Selon cette conception commune, le contenu de la science est l‘ensemble des observations, des lois, des théories décrites dans les manuels. L‘histoire du développement des sciences est compris comme le lent processus d‘accumulation d‘éléments qui permettent d‘aboutir à ces observations, lois, théories. L‘historien des sciences a alors pour tâche, d‘une part d‘apprendre comment telle et telle découverte a été effectuée (par qui, comment, à quel moment), d‘autre part de comprendre la manière dont des mythes, des superstitions, des préjugés, ont freiné cette accumulation de découverte.
Cette conception cumulative de la science semble toutefois mise en cause par le travail de ces historiens.
D‘une part en effet, il semble difficile de circonscrire effectivement une découverte donnée et de l‘extraire d‘un mouvement global plus complexe. A la question : « qui a inventé l‘oxygène » il n‘y a pas en effet de réponse précise, ce qui met à mal l‘idée d‘une histoire des sciences comme accumulation de découvertes ponctuelles successives.
D‘autre part, plus grave encore, il semble que de nombreuses anciennes croyances et théories (la dynamique aristotélicienne, la chimie phlogistique, etc..), absolument incompatibles, et dans leur totalité, avec les conclusions de notre science moderne, aient pourtant, dans leur forme, un aspect tout à fait scientifique selon nos critères. Qu‘il ait pu exister, autrefois, des théories « scientifiques » et pourtant inconciliables avec nos propres théories « scientifiques » met à mal l‘idée d‘une science qui procéderait par accumulation.
Kuhn explique que ces observations provoquent un tournant dans la pratique contemporaine de l‘histoire des sciences. Il ne s‘agira plus, dorénavant, d‘observer les théories passées à la lueur de ce qu‘elles ont de commun avec nos théories actuelles (c‘est ce que suggèrerait une conception cumulative de la science). L‘idée, dont Kuhn se fait le promoteur et le prophète, est bien plutôt de replacer chaque science dans l‘ensemble historique de son époque. Un tel angle d‘approche donne une nouvelle image de la science.
Tout d‘abord, il fait toucher du doigt le fait que deux hommes munis du même degré de rigueur « scientifique » peuvent, à propos d‘un phénomène donné, arriver à des conclusions (lois, théories) radicalement différentes en fonction de leurs manières distinctes de concevoir le monde. C‘est en effet cette conception du monde qui guidera le scientifique à effectuer telle expérience plutôt que telle autre, à considérer tel aspect du phénomène plutôt que tel autre. Des directives méthodologiques ne peuvent donc à elles seules imposer des conclusions uniques à un certain nombre de questions scientifiques ; il se mêlera à la nature de ces conclusions des éléments arbitraires et contingents : des hasards individuels et historiques.
Cet élément arbitraire, loin d‘être un accident ou un défaut inhérent aux sciences mal constituées, est au contraire absolument nécessaire au développement scientifique conséquent. La recherche scientifique réelle ne commence dans un domaine que lorsque l‘ensemble de la communauté scientifique partage des croyances fondamentales et s‘accorde sur une vision globale des entités qu‘elle étudie.
Ces croyances, cette vision du monde spécifique (quoique arbitraire), sont intégrées à la formation que reçoit tout étudiant en sciences. Elles apportent des réponses à un certain nombre de question telles que : « Quelles sont les entités fondamentales qui peuplent l‘univers ? Comment réagissent elles entre elles et agissent elles sur les sens ? Quelles questions peut-on légitimement se poser à leur égard, et quelles techniques employer pour chercher des solutions ? ».
Cet ensemble de croyances, Kuhn le nommera « paradigme ». Une science qui s‘exerce dans les limites d‘un paradigme donné sera nommée « science normale ». Des découvertes nouvelles, la constatation d‘anomalies, peuvent faire entrer cette « science normale » et son « paradigme » connexe en état de crise. Si cette crise n‘est pas résolue, il s‘ensuivra une « révolution scientifique » qui induit un « changement de paradigme ».
-Le chapitre 1 décrira la création des premiers paradigmes, et l‘acheminement d‘un domaine de recherche vers l‘état de « science normale ».
-Les chapitres 2 à 10 essaieront de détailler les notions complémentaires de « science normale » et de « révolutions scientifiques ». Les chapitres 2, 3 et 4 s‘attarderont sur la science normale et décriront son fonctionnement. Les chapitres 5, 6 et 7 s‘intéresseront aux moments de crise, et aux réponses que leur ont apporté la communauté scientifiques. Quant aux chapitres 8 et 9, ils étudieront en détail la nature des « révolutions scientifiques ».
-Les 3 derniers chapitres reviendront sur 3 questions spécifiques. Au chapitre 10, Kuhn tentera de comprendre pourquoi est-ce que les révolutions scientifiques ont été si difficiles à percevoir jusque là. Le chapitre 11 décrira les épisodes de concurrence révolutionnaire entre les tenants d‘un nouveau paradigme, et les défenseurs de l‘ancien. Le chapitre 12 interrogera la compatibilité d‘une telle vision discontinue de la science, et de la conception du sens commun qui perçoit avant tout l‘unicité du développement scientifique.
[...] En fait, Aristote voyait une chute entravée là ou Galilée allait voir un pendule. Les deux chercheurs ne travaillaient pas dans le même monde. Ces considérations peuvent paraître inutiles ou sophistique. Elles ne sont, selon Kuhn, ni l'un ni l'autre. Elles ne sont pas inutiles car si nous conservons l'idée selon laquelle Galilée et Aristote voyait tous les deux un pendule, qu'ils interprétaient différemment, alors nous restons prisonniers de notre propre paradigme que nous considérons comme la réalité elle-même (et c'est bien ce que doit faire le scientifique pour progresser, mais l'historien des sciences qui veut comprendre les révolutions scientifiques doit s'en abstenir). [...]
[...] En fonction des paradigmes, un problème ou une solution peuvent être déclarés scientifiques non- scientifiques ou plus simplement voir leur importance estimée différemment. Les différentes traditions de science normale reliées aux paradigmes successifs sont donc incompatibles les unes avec les autres, mais aussi incommensurables : elles décident différemment de ce qui relève de la science, du jeu de mots, de la spéculation métaphysique et de la distraction mathématique. Kuhn donne ainsi un exemple frappant et subtil de ces changements de méthode et de définition de la scientificité qu'induisent les bouleversements paradigmatiques : -Au temps de la science et de la philosophie scolastiques, les explications qui faisaient appel aux essences des corps matériels étaient considérées comme valides. [...]
[...] Enfin, il peut séduire pour des raisons esthétiques (assez souvent, en fait) ou métaphysiques. Chapitre 12 : La révolution, facteur de progrès La question qui se pose à Kuhn est alors : pourquoi la science progresse-t-elle, et non les autres domaines (art, philosophie) ? La science semble en effet s'élever sans cesse (au cours des résolutions d'énigmes progrès normaux et des révolutions scientifiques progrès extraordinaires) tandis que les autres disciplines piétinent (il y a encore des aristotéliciens). Le problème est en fait mal posé. [...]
[...] Elles apportent des réponses à un certain nombre de question telles que : Quelles sont les entités fondamentales qui peuplent l'univers ? Comment réagissent elles entre elles et agissent elles sur les sens ? Quelles questions peut-on légitimement se poser à leur égard, et quelles techniques employer pour chercher des solutions ? Cet ensemble de croyances, Kuhn le nommera paradigme Une science qui s'exerce dans les limites d'un paradigme donné sera nommée science normale Des découvertes nouvelles, la constatation d'anomalies, peuvent faire entrer cette science normale et son paradigme connexe en état de crise. [...]
[...] Chapitre 5 : Anomalie et apparition des découvertes scientifiques. La science normale n'a donc pas pour objet de découvrir des nouveautés inattendues en matière théorique ou expérimentale. Comment, donc, comprendre que la science parvienne malgré tout à formuler de telles innovations ? Pour mieux comprendre le problème ainsi soulevé, Kuhn va prendre un exemple précis : celui de la découverte de l'oxygène. On voit que 2 personnes en fait mais ne prenons que 2 cas) peuvent légitimement y prétendre : l'anglais Priestley et le français Lavoisier. [...]
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