Fiche de lecture de "Sido" de Colette. Elle réserve une grande partie de son oeuvre pour la description de sa mère et de son amour pour elle, sans oublier son père et son entourage. L'?uvre de Colette étant nourrie de souvenirs et d'expériences, il semble naturel d'en retrouver la source première : l'enfance. Oeuvre écrite au contraire des "vrilles de la vigne", "Sido" témoigne de la maturité et du bonheur de l'auteur.
[...] ( ) On a dit que le pouvoir de séduction de cette écriture tenait au fait qu'elle correspondait à une certaine aptitude à dire, à décrire le réel, à le révéler dans son évidence sensible Les allers-retours de la mémoire qui évoquent le passé et le relient au présent, atteignent un double objectif : rendre vie à l'enfance, à ses protagonistes et à son espace d'une part, mesurer l'impact qu'ils ont exercé sur la personnalité de l'auteur et sur l'acte d'écrire d'autre part. L'autobiographie prend ainsi une forme spéculaire (c'est-à-dire un miroir) qui dessine un autoportrait. L'ouvrage est un hommage de Colette à sa propre mère, ainsi qu'à leur relation complice, quasi fusionnelle. L'auteur évoque alors constamment le personnage le plus important de sa vie, sa mère Sido. Autour de cette figure, se développe le thème du souvenir : souvenirs d'enfance et de jeunesse. Mais Colette ne s'arrête pas là. Elle essaie de dégager les enseignements qu'apporte la personnalité de sa mère. [...]
[...] C'est la nature qui est l'objet de cette dispersion. L'univers familial est recomposé par une cohérence mythique, Sido est au centre de la Rose des Vents. Dans Sido, le texte peut se faire spectacle. La narration est souvent théâtralisée : les personnages agissent et parlent dans des scènes dialoguées, empreintes de réalisme et d'humour, qui rappellent que l'écrivain fut aussi auteur dramatique. la première page du livre est exemplaire : le long monologue de Sido constitue un prologue (=première partie d'une œuvre littéraire relatant des évènements antérieurs à ceux qui ont lieu dans l'œuvre elle-même), scindé par une phrase narrative qui ressemble à une didascalie.) Le texte s'épanouit alors en vives narrations, portraits subtils et descriptions poétiques où Colette manifeste une fois de plus son goût de l'image, sa rare faculté à restituer par le jeu des sensations et le jeu des correspondances, une attitude, un trait de caractère, un espace Le texte enfin se fait méditation. [...]
[...] L'enfance de Colette semble avoir été tournée autour de Sido, et Colette narratrice souligne par cette satellisation la force du lien qui la loue à sa mère : p40 Mon imagination et mon orgueil enfantins situaient notre maison au centre d'une rose de jardins, de vents, de rayons, dont aucun secteur n'échappait tout à fait à l'influence de ma mère Avec la notion de jardin, il y a à la fois la notion de l'enfance et une idée paradisiaque. (le jardin d'Eden) Aussi a-t-on l'impression qu'autour de Sido tout vit et revit, elle correspond à une force vitale. Sido est associée aussi à une immortelle par de là sa mort. (p55 : Je l'ai revu à un moment furtif du printemps 1912 Dans l'œuvre, il y a une dispersion dont Sido est le centre. À leur manière les trois parties du livre reviennent au centre : Sido. [...]
[...] Le premier chapitre de Sido parue dans un hebdomadaire (la Revue hebdomadaire) en 1929. D'un format intermédiaire entre le roman et la nouvelle et d'un genre assimilable à l'autobiographie, Sido apparaît plus homogène : l'ouvrage se présente comme un livre de souvenirs d'enfance dans lequel l'auteur propose le portrait de famille. On l'a vu précédemment, les trois chapitres du livre ne furent pas écrits de façon linéaire. Le résultat est un tryptique apparemment équilibré, dont chaque volet développe le sujet annoncé par son titre : la mère, le père, les enfants, mais dont la structure globale est artificielle. [...]
[...] Son seul culte est le culte bocager (p65) et son monde est un monde païen. Les rituels Ce qui lui plaît dans les traditions religieuses, ce n'est pas la dimension liturgique de leurs symboles mais la présence sensible de la nature ou de la main humaine. Comme sa mère Colette rejette le monothéisme chrétien. Certains valent parce qu'ils rythment la vie familiale et celle de son village. Ces rites composent un système de repères et de références qui balisent le monde protégé de l'enfance. [...]
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