Fiche de lecture de "Micromégas" de Voltaire. Malgré sa brièveté, Micromégas appartient à la catégorie du roman de formation. Ce type de roman décrit l'évolution d'un jeune héros, qui, après des expériences et des épreuves, prend peu à peu possession de lui-même et acquiert une identité. Le bannissement dont il est victime, joint au désir de compléter par lui-même son éducation, font de Micromégas un voyageur, mû par une curiosité inlassable et par la volonté de se faire une idée aussi juste et lucide que possible de la vie.
[...] Les deux extra-terrestres décident alors de voyager ensemble. Chapitre 3 Le Saturnien doit cependant affronter les reproches de sa maîtresse, qui se lamente d'être délaissée. Mais ce contretemps n'empêche pas les deux amis de partir. Ils séjournent sur Jupiter, côtoient Mars et débarquent sur la Terre. Chapitre 4 La Terre leur semble minuscule. Ils ont beau se contorsionner dans toutes les positions, ils ne parviennent pas à détecter la moindre trace de vie. Mais Micromégas est persuadé que cette planète est habitée. [...]
[...] Si Micromégas espère un jour trouver le pays "où il ne manque rien", s'il croit avoir trouvé sur la terre le vrai bonheur, il est contraint de constater, non sans amertume, que le mal est présent partout sous de multiples formes : la guerre, l'intolérance, l'injustice, la vanité, l'orgueil (de croire que l'homme est le centre de l'univers). Désenchantement et déception caractérisent le bilan pessimiste de la fin du conte et "le rire inextinguible" qui étouffe les deux voyageurs traduit avec éloquence le ridicule de ces petits hommes qui croient tout savoir. La grande originalité de Micromégas et la présence d'un narrateur omniprésent et omniscient. [...]
[...] A l'aide d'un diamant énorme qui leur sert de loupe, les deux géants finissent par apercevoir une baleine, puis un vaisseau qui rentre d'une expédition scientifique au pôle Nord. Ils découvrent sur ce vaisseau des êtres minuscules. Pour s'entretenir avec eux, Micromégas confectionne un cornet acoustique. Il s'aperçoit que sur les questions qui relèvent de la science, les terriens tombent facilement d'accord. En revanche, ils se querellent dès qu'ils parlent de la nature de l'âme, de la matière ou de l'esclavage, c'est-à-dire des problèmes métaphysiques. [...]
[...] Derham se vante d'avoir découvert de nouvelles étoiles mais Micromégas, qui était sur place, ne les a jamais vues. Les philosophes prétendent connaître la matière de l'âme. Voltaire se moque de leur anthropocentrisme affiché, sans aucune modestie, par le partisan de Saint Thomas : " tout [est] fait uniquement pour l'homme." et de leur étroitesse d'esprit qui ne concevant "rien au-delà de [leurs] usages" limite le champ possible de leurs connaissances et les tient éloigner du relativisme. La satire de la métaphysique est de loin la plus acerbe : Voltaire nous offre le catalogue des métaphysiciens condamnables pour leur suffisance et leurs insuffisances : le déterminisme de Malebranche, la Providence et le meilleur des mondes de Leibnitz, la théorie des animaux machines et la conception des idées innées de Descartes, l'anthropomorphisme de St Thomas, sont autant de philosophies contradictoires qui ne servent qu'à alimenter de faux débats. [...]
[...] S'indignant devant l'intolérance, les guerres et les injustices qui pèsent sur l'humanité, il y dénonce la pensée providentialiste et la métaphysique oiseuse. Avec des pamphlets mordants, Voltaire combat inlassablement pour la liberté, la justice et le triomphe de la raison (affaires Calas, Sirven, chevalier de la Barre). En 1778 il retourne enfin à Paris, à l'Académie et à la Comédie Française, mais épuisé par son triomphe, il y meurt peu de temps après. Voltaire laisse une œuvre considérable. A cause de la censure, la plupart de ses écrits étaient interdits. [...]
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