Fiche, lecture, lettres, persanes, Montesquieu, essai, politique, pamphlet, religion
Alors qu'au XVIIIème siècle, un goût pour l'Orient et les voyages se développe dans la littérature, Les Lettres Persanes sont publiées en 1721 à Amsterdam. Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, dit Montesquieu, se présente comme simple traducteur de cet ouvrage qui aurait été publié anonymement. Or, on sait aujourd'hui que c'est bien Montesquieu qui a rédigé ce roman épistolaire. Et qui aurait pu croire que Montesquieu puisse écrire une telle satire de la société française ? En effet, Montesquieu nait en janvier 1689 dans une famille de nobles magistrats près de Bordeaux, au château de la Brède. Il étudie le droit à Paris puis, très attaché à sa région natale, vient siéger au Parlement de Bordeaux, au sein duquel il deviendra Président. Craignant de paraître bien léger pour sa fonction de magistrat avec la publication des Lettres Persanes, il décide de la publier anonymement. Il effectuera ensuite de nombreux voyage, et il séjournera notamment pendant un an en Angleterre où il observera avec intérêt les pratiques politiques de la monarchie parlementaire. De retour en France, il s'attèle alors à l'ouvrage qui est considéré comme le plus important de son œuvre, De l'esprit des lois, qui sera publié en 1748. Il y développe notamment sa réflexion sur la répartition des fonctions de l'Etat. C'est grâce à cette théorie que le nommera plus tard « séparation des pouvoirs » que Montesquieu est considéré aujourd'hui comme l'un des fondateurs de l'organisation politique de nos sociétés contemporaines. Pour ce qui est de l'ouvrage qui nous intéresse ici, Les Lettres Persanes, il s'agit d'une œuvre satirique à portée philosophique qui recueille les correspondances entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica et leurs amis restés au pays. Le regard étranger et étonné que portent ces voyageurs sur les habitudes et le mode de vie de la France du XVIIIème siècle permettent à Montesquieu de peindre une vive critique de la société dans laquelle il vit.
[...] Pour ce qui est de l'ouvrage qui nous intéresse ici, Les Lettres Persanes, il s'agit d'une œuvre satirique à portée philosophique qui recueille les correspondances entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica et leurs amis restés au pays. Le regard étranger et étonné que portent ces voyageurs sur les habitudes et le mode de vie de la France du XVIIIème siècle permettent à Montesquieu de peindre une vive critique de la société dans laquelle il vit. Tout d'abord, il convient d'étudier la place que Montesquieu réserve au domaine politique dans son ouvrage. [...]
[...] En effet, pour Montesquieu la justice est le seul pouvoir dont les hommes ne peuvent pas s'affranchir s'ils veulent vivre en paix. En plus de cet appel à la solidarité, à la fraternité et à la mise en service de l'individu pour la communauté, Montesquieu critique fortement le règne de Louis XIV et l'exercice de la monarchie absolue, qu'il juge despotique. C'est ici qu'il fait jouer avec humour les regards naïfs de ses personnages qui s'étonnent de son caractère dépensier et frivole. [...]
[...] Néanmoins, ce qui donne tout son intérêt à l'œuvre de Montesquieu est bien son contenu critique, selon moi. C'est d'ailleurs pourquoi le récit est parfois abandonné au profit de l'argumentation, le temps de plusieurs lettres. Montesquieu écrit ici l'une des œuvres fondatrices de l'esprit des Lumières et l'on y trouve toutes ses bases : foi en la raison, désir de justice et d'égalité, tolérance, libéralisme De plus, il me semble qu'il s'agit d'un ouvrage qui dépeint bien l'époque de la fin du règne de Louis XIV et de la régence de Philippe d'Orléans, époque où une certaine liberté des mœurs se développe, comme le montrera plus tard Pierre Choderlos de Laclos avec Les Liaisons Dangereuses. [...]
[...] Il les présente d'abord comme un peuple au caractère bestial, qui ne semble pas avoir de valeur humaine. Ils rejettent la monarchie pour prendre eux-mêmes la tête de l'Etat, mais cela les mène peu à peu à un grand égoïsme : « Chacun veillerait uniquement à ses intérêts » dit la lettre XI. Ainsi, sans cohésion, sans solidarité, en constante concurrence, rongés par la cupidité, les Troglodytes s'entretuent ou meurent de faim : leur individualisme les mène à leur perte. [...]
[...] Sa critique du despotisme religieux consiste donc en une véritable lutte contre tout type de fanatisme qui finalement aliène la pratique religieuse. Au-delà de ces prises de positions, je pense que Les Lettres Persanes sont tout d'abord une œuvre de divertissement. En exploitant la mode de l'orientalisme, Montesquieu ne produit pas seulement un essai sur la politique ou un pamphlet sur la religion mais bien un roman avec des personnages qui évoluent dans un cadre de temps et d'espace donné. Ainsi Montesquieu compte-t-il toucher un plus grand nombre de lecteurs en rendant ses propos plus accessibles. [...]
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