Vigarello traite, dans son ouvrage, de l'évolution de la notion de sport, en analysant le passage du « jeu » dans les sociétés d'Ancien Régime à l'invention du sport au XIXe siècle. Il explique que le sport d'aujourd'hui n'est que le prolongement du sport d'hier, qui était déjà constitué de spectacle, d'argent, de tricherie ... Mais il s'est massifié, diversifié et les nouveaux médias ont accentué le phénomène ...
[...] D'où les diverses tensions entre la fonction éducative du sport, sa fonction de détente et de santé, son appartenance au domaine public et le statut acquis dans une société où le marché et le spectacle l'emportent largement. Les équipes sportives se sont transformées en entreprises commerciales qui produisent des évènements aux images fortes mais avec des dérives : marché des joueurs, gestion douteuse de clubs sportifs, importance du dopage ou encore violences fréquentes. Est-ce qu'il faut néanmoins désespérer du monde du sport, s'interroge Georges Vigarello? Le résultat en est une apparente perte de crédibilité pour le sport, dit-il, mais à coup sûr aussi une plus grande mise en évidence de son côté mythique. [...]
[...] C'était une activité triviale, un divertissement sans portée, symbole même du "passe-temps" (page 8). Vigarello va définir, tout d'abord, les pratiques d'Ancien Régime et les conditions historiques qui ont permis au sport moderne de se distinguer de ces pratiques, en identifiant ses caractères singuliers dont l'apparition tient essentiellement aux mutations induites par la Révolution Industrielle. Tout d'abord, dans l'Ancien Régime, la coutume domine sur la loi : le temps du jeu est d'abord celui de la chronologie festive, les rencontres sont instables, il n' y a pas de programme ni de prévisions. [...]
[...] Donc, en se détachant des formes classiques de sociabilité ludique ou festive, le sport moderne et les nouvelles forment de pratiques qu'il propose imposent un nouveau rapport au temps et à l'espace pour ceux qui s'y adonnent. L'histoire du jeu physique est aussi celle du passage d'une société d'ordres, non contractuelle, à une société démocratisée (page 18). Le passage des jeux d'Ancien Régime au sport est aussi celui d'une gestion plus centralisée du jeu avec des fédérations, une administration, sa démocratie interne et ses hiérarchies visibles. Le sport moderne est né aussi d'une euphémisation de la violence 164). Cela renvoie à la théorie de Norbert Elias et Eric Dunning dans Sport et civilisation, la violence maîtrisée. [...]
[...] (Le sport, la triche et le mythe. Un dossier de la revue Esprit, Janvier 1999). De fait, une dynamique de purification a toujours animé le monde du sport. La lutte contre le dopage et les caisses noires, les marchés arrangés et la triche organisée révèlent l'attente d'une pratique sportive vertueuse et les Jeux Olympiques apparaissent comme le lieu de cet idéal sacré. Le flou de l'idéal olympique est tel, écrit Georges Vigarello, qu'il parvient aujourd'hui à prospérer parvenant à faire croire aux valeurs, sinon à les faire exister, provoquant une adhésion planétaire tout en satisfaisant des sociétés folles de divertissement et de show. [...]
[...] Ce qui amène à penser sans doute d'autres rapports entre le sport et la puissance publique. Etapes principales, progression du raisonnement Selon Vigarello, le sport moderne, avec ses compétitions, ses fédérations, ses médias, est né au milieu du XIXème siècle. Il montre que le verbe se desporter qui veut dire "bouger", "se déplacer", a fait son apparition à la Renaissance mais qu'à l'époque, c'est l'utilisation des mots exercice ou jeu qui étaient privilégiés pour désigner des activités comme le jeu de paume. [...]
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