L'idée principale que Lahire défend est l'hétérogénéité de l'acteur social. Hétérogénéité dans les pratiques, habitudes, manières de penser, de se comporter, etc. d'un acteur différent selon les contextes sociaux dans lesquels il se trouve : il y percevrait, évaluerait, apprécierait et agirait de manière différente. L'individu contemporain serait donc un acteur porteur d'une « pluralité de dispositions, de façons de voir, de sentir et d'agir »
[...] Le passé (incorporation des schèmes d'action) tant que le présent (contexte) sont pris en compte et s'articulent ensemble pour créer une forme d'action. Une certaine importance est également accordée à l'action inconsciente ; l'homme n'est pas vu sous l'angle de l'homme libre et rationnel. Sans profondément remettre en cause le rôle de l'habitus, Lahire affirme en même temps que l'individu est toujours confronté à des situations nouvelles qui viennent provoquer une rupture avec ce qui a été incorporé jusque là. L'homme est donc pluriel et n'agit que par ajustements successifs entre son être vécu et le contexte auquel il est confronté. [...]
[...] L'homme n'est donc plus entièrement conditionné par les expériences socialisatrices vécues dans la prime enfance, et peut changer ses habitudes de vie, contrairement à ce que théorisait Bourdieu par l'habitus. Lahire s'accorde avec Bourdieu dans son opposition aux théories de l'action intentionnelle, de la stratégie consciente et de la décision rationnelle en toute situation. Mais il s'oppose tout autant aux théories qui défendent au contraire l'action inconsciente. On ne peut trancher définitivement cette question car il faut penser en terme de pluralité des logiques d'action. L'action peut être rationnelle, réfléchie, ou au contraire improvisée, cela dépend avant tout du type d'action. [...]
[...] Telles des dispositions, ces produits de la socialisation sont mis temporairement en réserve et peuvent être mobilisés par des déclencheurs que sont les différents contextes. Selon la théorie de l'acteur de Proust, il y aurait plusieurs "personnes" superposées à l'intérieur de chaque individu, une pour chaque contexte. En bref, chacun utilise divers répertoires d'actions, en fonction du contexte. Et cela suppose d'être capable d'identifier une ressemblance entre une situation passée (qui a permis l'incorporation des habitudes ou schèmes d'action) et une situation présente défini par le contexte. [...]
[...] Dans une société homogène, le modèle théorique accorde une relative primauté des expériences passées, en ceci qu'elles sont à la base de la sélection et de la compréhension des expériences ultérieures. Cependant, dans nos sociétés différenciées, les acteurs étant de plus en plus socialisés de manière plurielle, le présent aura de plus en plus de poids dans l'explication des comportements, dans le sens où il aura un vaste choix de schèmes d'action incorporés par les expériences passées dans lequel puiser. [...]
[...] On pourrait résumer notre propos en disant que tout corps (individuel) plongé dans une pluralité de mondes sociaux est soumis à des principes de socialisation hétérogènes et parfois même contradictoire qu'il incorpore. (p. 35) Plus clairement, l'auteur avance que tout acteur, dès sa naissance, incorpore de multiples schèmes d'action (des habitudes de vie, de penser, de comportement, des jugements, des goûts ) qui sont bien plus souvent hétérogènes, voire parfois contradictoires, et qui forme un dans lequel l'acteur puise suivant le contexte ou la situation dans lequel il se trouve. [...]
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