À la question : qui sont les Sud-Africains ? on pourrait d'abord répondre qu'ils sont les habitants d'une région qui est devenue l'Afrique du Sud. La formation de ce territoire au cours de l'histoire obéit à une tension entre intégration et résistance. Il y a encore quelques siècles, les habitants de la région appelée par les Européens le Sud de l'Afrique, parfois désignés comme « Africains du Sud », appartenaient le plus souvent à des sociétés de petite taille, des ensembles politiques regroupant quelques dizaines de villages tout au plus et placés sous l'autorité de chefs. Bien que ces chefferies fussent liées les unes aux autres par des relations économiques et des chaînes de suzeraineté plus ou moins lâches au sein d'ensembles culturels de taille variable, les différentes populations n'avaient pas forcément la conscience de partager avec leurs voisines un destin commun. Les sentiments d'appartenance s'emboîtaient, de la maisonnée au réseau de voisinage, du village au lignage, de la chefferie jusqu'à l'aire d'extension d'un parler, mais l'ancrage premier de l'individu restait le terroir habité et cultivé ou le terroir de nomadisation, entre une rivière et une autre, entre un pâturage de montagne et la plaine maritime.
Les catégories de « Noirs » et « Blancs » ne sont pas des catégories « naturelles » de la perception, mais des catégories déterminées par un mode classificatoire idéologiquement inscrit qui leur donne leur valeur sociale et politique.
[...] Dans une thèse publiée à Bonn en 1851 et dans quelques publications extérieures, le jeune philologue allemand Wilhelm Heinrich Immanuel Bleek (1827-1875) mit en relief la différence entre langues « sexuelles » ou à genre (c'est-à-dire celles qui connaissent le masculin et le féminin, généralement marqués par un suffixe, comme le français) et langues à « préfixe nominal » (c'est-à-dire les substantifs se répartissent en classes d'objets marquées par un préfixe) . Parmi les premières se rangent les langues indo-européennes, ainsi que celles parlées par les Hottentots et les Bushmen ; les secondes reçurent d'abord le nom de langues « cafres ». Mais voyant qu'elles formaient un ensemble géographique dépassant de beaucoup le cadre de l'Afrique du Sud ? les langues présentant cette structure sont en effet parlées dans une large moitié méridionale de l'Afrique, en gros au sud de l'équateur -, Bleek les baptisa ensuite langues « bantu », terme construit sur la racine signifiant, dans ces langues, « les humains ». « Bantu » n'est donc au départ qu'une catégorie linguistique.
[...] Les autorités britanniques poursuivront dans les décennies suivantes une politique volontariste de colonisation de l'Afrique du Sud, visant à la fois à créer des foyers de population permettant de stabiliser les frontières et à faire contrepoids face à la population néerlandophone. Dans le sillage du Grand Trek des années 1830, qui voit des milliers d'Afrikaners quitter les districts orientaux de la colonie pour chercher la Terre promise hors des frontières de la colonie du Cap, plusieurs républiques sont institués en d'autres régions du sous-continent. La première est celle de Natalia, au Natal, proclamée en 1838. La plupart des quelques 6000 voortrekkers qui s'y installent en quelques années se voient contraints de quitter les lieux en 1843, lorsque la Grande-Bretagne annexe le territoire pour en faire sa seconde colonie dans la région (...)
[...] Le terme de Bantu ne fut quant à lui que rarement réapproprié par les intéressés. Par exemple, de toutes les nations noires sud-africaines, celle des Zulu est sans conteste la plus nationale On peut en tout cas interpréter l'œuvre politique des souverains zulu du début du XIXe siècle comme un processus à la fois de centralisation politique et d'intégration de multiples chefferies et communautés ethniques dans une nation zulu relativement unifiée. Que cette construction nationale soit restée inachevée et que le démembrement du royaume zulu par les Britanniques, à la fin du XIXe siècle, ait provoqué une dispersion du pouvoir et des sentiments d'allégeance des individus, n'a pas empêché une identité zulu de se maintenir, qui dépasse de beaucoup le cadre des sentiments d'appartenance au village, au clan ou au chef. [...]
[...] Dès les années 1860, des migrants africains venus des pays pedi, sud- sotho ou tswana s'étaient embauchés volontairement comme mineurs dans les Diamond Fields, souvent à l'incitation des chefs eux-mêmes, qui voyaient là le moyen de se procurer des armes à feu, ou à l'incitation des missionnaires, aux yeux de qui l'éloignement spatial et la rupture des liens sociaux traditionnels ne pouvaient que bénéficier à l'œuvre de conversion. Bien que les débuts de l'industrie minière sud-africaine remontent au milieu des années 1840 dans les mines de cuivre du Namaqualand, dans le Nord de la colonie du Cap, c'est à Kimberley, trois décennies plus tard, que se met en place un système de contrôle de la main- d'œuvre noire qui caractérisera ensuite l'ère de la ségrégation. Deux décennies après la ruée vers le diamant, le Sud de l'Afrique connut sa ruée vers l'or. [...]
[...] Au nord, le fleuve Tugela dessine la frontière avec un royaume zulu en proie à une guerre fratricide entre Dingane, affaibli politiquement par sa sévère défaite, et son frère Mpande, qui s'appuie sur les immigrants blancs pour conquérir le pouvoir. La constitution des républiques boers, pourtant relativement égalitaires dans la définition des droits des citoyens, n'accordent la citoyenneté et les droits afférents qu'aux Blancs, à l'exclusion non seulement des indigènes mais également des métis. C. L'immigration contemporaine (XIXe-XXe siècles) Avec le XIXe siècle s'ouvre un autre chapitre du peuplement. [...]
[...] Elle était morte à Paris, où son corps fut disséqué par le célèbre zoologiste George Cuvier, permettant aux savants de découvrir tout à loisir la nature exacte des particularités anatomiques qui avaient fait d'elle vivante une attraction : une stéatopygie (développement des fesses) et une macronymphie (développement des lèvres inférieures) très prononcées[3]. Les débats scientifiques autour de la Vénus hottentote feront rage tout au long du XIXe siècle, qui disputeront sur la question de savoir si le corps de cette malheureuse femme était, ainsi que son sobriquet l'affirmait, l'étalon de la race hottentote, ou s'il fallait plutôt y voir l'étalon des Bochimans, comme l'avait pensé Cuvier[4]. II) Peuplement, Immigration et déplacements de population A. [...]
[...] L'Etat libre d'Orange et les petites républiques qui s'agglomèrent pour former la république sud- africaine du Transvaal, en plein cœur du sous-continent, présentaient a priori pour la Couronne un intérêt moins stratégique que le Natal, débouché prometteur sur l'océan Indien. Leur cas était en outre plus difficile à régler sous la forme d'une annexion pure et simple, même si les autorités britanniques s'y employèrent effectivement. Le problème se présenta sous un jour nouveau, après la découverte, dans ces nouveaux territoires de l'intérieur, de diamants, en 1867, puis d'or, en 1886. III) Le développement des Colonies britanniques A. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture