Fiche de lecture sur l'ouvrage "1888, Jack l'Eventreur et les fantasmes victoriens" de Roland Marx. L'auteur établit une typologie des éléments caractéristiques de l'Angleterre victorienne (milieu et conditions de vie, valeurs morales et religieuses...) avec pour point de départ les crimes du tueur en série. Il s'agit de dégager trois axes de lecture qui permettent d'expliquer pourquoi ces crimes ont tant choqué l'opinion victorienne.
[...] Il a rédigé l'ouvrage 1888, Jack l'Eventreur et les fantasmes victoriens en 1987. Son travail d'historien consiste ici à replacer les crimes de Jack l'Eventreur, et leur interprétation par la presse et la population, dans le contexte à la fois moral, social, économique et politique de l'Angleterre de l'époque victorienne. Les valeurs victoriennes occupaient une place importante et la population en semblait totalement imprégnée. Les crimes sont ici mis en relation avec ce contexte et ces valeurs, et cette démarche se distingue de celles adoptées dans les nombreux autres ouvrages à propos du tueur en série. [...]
[...] On fait moins confiance aux institutions qu'autrefois et les querelles entre partis prennent de l'ampleur. La remise en question de la stabilité politique fait naître une autre peur, celle du communisme et de la révolution, peur qui se propage sur fond de crise économique. Cette crise économique du système libéral s'étend de 1873 à 1895 et succède à un âge de prospérité et d'espoir. Elle apparaît avec la révolution industrielle et l'ouverture de l'économie à l'international : l'afflux de produits américains et européens, la compétitivité, obligent la production agricole anglaise à s'adapter et se transformer. [...]
[...] En s'attachant aux caractéristiques récurrentes des crimes, on comprend mieux pourquoi ils ont suscité autant d'émotion et pris autant d'importance à l'époque victorienne. Les traits caractéristiques mis ici en évidence sont condamnés par la morale victorienne. Les valeurs victoriennes se trouvent régies par une morale fortement puritaine, et sont portées par la Couronne et la nation. Cette morale s'érige contre le mal et s'efforce de donner une ligne de conduite irréprochable aux Anglais. La morale victorienne se trouve fortement marquée par l'éthique protestante : le protestant considère qu'il est prédestiné et cherche sur Terre la preuve, en ayant une conduite irréprochable, qu'il est destiné au paradis. [...]
[...] La Reine représente la sagesse même et incarne les grandes valeurs morales de l'Angleterre. L'attachement à la patrie passe par l'attachement au trône et, durant l'époque victorienne, cet attachement de la population est fort. La Reine, sacrée par l'Eglise d'Angleterre au début de son règne, porte aussi la valeur de la religion du pays. L'Anglicanisme constitue le coeur de la nation, la religion influence même la rédaction des lois : par exemple, le jour de repos du dimanche doit être scrupuleusement respecté et une loi de 1845 déclare même passible d'amende la pratique publique de certains jeux en ce jour. [...]
[...] Les hommes ne peuvent accepter et encore moins comprendre que des individus, d'autant plus des femmes, parlent d'un tel sujet sur la scène publique. Tout plaisir lié à l'acte sexuel est tabou, celui-ci ne doit intervenir qu'entre deux personnes mariées et a un but presque utilitaire : la conception d'enfants et le maintien d'un lien d'intimité dans le couple. Les campagnes de prévention des naissances, liées à des politiques malthusiennes, se trouvent condamnées sous prétexte qu'elles encouragent une trop grande liberté sexuelle. [...]
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