Le sport est souvent présenté comme un fait universel, un invariant culturel. Sous des formes certes changeantes, il aurait été pratiqué à toutes les époques et dans tous les pays. Contre cette conception universalisante du sport, Elias et Dunning font le constat d'une « discontinuité qui définit le sport à partir des caractéristiques qui le distinguent d'autres formes de loisir et d'affrontement, soit antérieures, soit concurrentes » ...
[...] Définir le sport par cette double dimension : mimétique et cathartique amène alors à différencier très nettement les jeux anciens du sport moderne. Dans l'article "Genèse du sport en tant que problème sociologique", Elias explique que pour savoir si le sport est un phénomène nouveau ou la renaissance d'une pratique ancienne, il est important de se demander si les jeux de compétition qui existaient dans la Grèce ancienne avaient vraiment les caractères de ce que nous considérons aujourd'hui comme du sport Il s'étonne d'ailleurs qu'on souligne si souvent les similitudes entre les jeux traditionnels et les sports modernes et qu'on mentionne plus rarement les différences qui sont pourtant nombreuses entre les deux. [...]
[...] Quelles limites donner à cette théorie si souvent utilisée dans les études relatives au sport et en quoi cet ouvrage peut-il nous aider à réfléchir la violence contemporaine? [...]
[...] A la lecture de Sport et Civilisation, la violence maîtrisée, il paraît évident que la connaissance du sport permet de comprendre l'évolution de la société. Sans contredire la position prise par le sport dans le procès de civilisation des moeurs dégagé par Norbert Elias et Eric Dunning, nous devons reconnaître que l'actualité tend à en marquer les limites. Hooliganisme, violence, dopage et corruption sont des réalités qui semblent n'épargner aucun niveau de pratique et aucune discipline. Tant est si bien que c'est aujourd'hui la question de la contribution du sport à l'ordre public qui est posée. [...]
[...] Cette tension suppose, par ailleurs, deux conditions : elle doit permettre de ressentir et d'exprimer les émotions qui sont d'ordinaire bridées ou censurées, et ce relâchement du contrôle sur les pulsions n'est possible que s'il existe une intériorisation suffisamment forte des mécanismes de l'autocontrainte. Ensuite, Elias et Dunning vont être amenés à distinguer les pratiques physiques antiques du sport moderne, la différence majeure portant essentiellement sur la notion de violence. En effet, selon eux, le processus de civilisation tend vers une maîtrise de plus en plus forte de la violence. Elias désigne comme un processus de "sportization" l'évolution qui transforme des affrontements traditionnels, sans règles fixes ni restrictions sévères à la violence, en loisirs beaucoup plus civilisés. [...]
[...] L'intériorisation croissante de l'interdit social de la violence et l'augmentation de la répulsion qu'elle suscite ont conduit à une transformation des formes de sports qui, en retour, ont contribué à accélérer le processus d'intériorisation. De plus, l'évolution des caractéristiques des sports ne doit rien au hasard. Elles sont à mettre en relation avec les transformations du contexte politique. La mode de la chasse au renard a été mise en place à l'époque où les luttes n'étaient plus synonymes d'affrontements physiques directs et de duels. [...]
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