Les Choses, Pérec, critique de la société de consommation
Née à Paris le 7 mars 1936 de parents juifs Polonais, Georges Perec devient vite orphelin: son père est tué au front en juin 1940 et sa mère est déporté en 1943. Adopté par sa tente paternelle il fuit Paris pour n'y revenir que deux an plus tard, à la fin de la guerre. Il s'inscrit à la Sorbonne en 1954 mais ne s'implique pas réellement dans ses études. Aussi gagne-t-il sa vie en faisant des enquêtes psycho-sociologiques à son retour du service militaire en 1959. Il reprendra ses études durant un séjour d'un an en Tunisie mais reviendra à Paris en 1962 pour devenir documentaliste. En 1965 il publie Les choses, premier roman qui lui valu le prix Renaudot et la reconnaissance du grand public. Des romans comme Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour? et Un homme qui dort, marquent sa convergence vers l'Oulipo qu'il intégrera en 1967 alors que des romans comme la Disparition (où l'auteur s'interdit d'utiliser la lettre "e") ou Les revenantes symbolisent cette conversion. Il s'essayera par ailleurs à la poésie (Ulcération, La clôture ou encore Un cabinet d'amateur), au théâtre (L'augmentation ou La poche à parmentier), mais aussi à l'autobiographie (La boutique obscure, W ou le souvenir d'enfance, Je me souvient). Au sein de cette oeuvre immense, diverse et sans cesse renouvelée trône deux grands succès, La vie mode d'emploi, et le livre que nous avons ici à étudier, Les choses.
[...] On y retrouve la même distance entre le lecteur et les personnages qui ne semblent plus maîtriser leur destin. Même si les prose des deux auteurs restent différentes elle ont le même effet sur le lecteur. Camus créait la sensation de l'absurde par des phrases courtes qui refusaient de profiter de l'élan acquis par les autres. Chaque phase apparaissait alors comme une "île" comme le dira Sartre. Si à l'inverse chez Perec les phrases sont plutôt longues la ponctuation y est abondante et cisaille le texte, notamment au cours des passages descriptifs. [...]
[...] Au sein de cette œuvre immense, diverse et sans cesse renouvelée trône deux grands succès, La vie mode d'emploi, et le livre que nous avons ici à étudier, Les choses. Les années 1960 en France furent marquées par l'épuisement des paramètres issus de la révolution française (comme l'a montré François Furet), un formidable développement économique, l'arrivé à l'âge adulte des enfants du baby boom, l'explosion des grandes surfaces et de la société de consommation de masse, la libéralisation sexuelle et des femmes, le cinéma de la nouvelle vague . [...]
[...] Ce type de littérature si elle présente un intérêt considérable pour le critique littéraire ou l'étudiant en mal d'exemple pour ses dissertations semble néanmoins avoir oublié les préceptes universalistes et pédagogiques du XVIIIème siècle. Pour finir sur une note plus positive, on mentionnera la conférence de Warwick: "pouvoirs et limites du romancier contemporain" qui suit le roman, tout du moins dans l'édition 10/18. Facile d'accès, puisqu'elle est la retranscription d'un discours oral, elle présente parfaitement les difficultés que rencontre toute personne cherchant pour la première fois à écrire. S'inspirant de l'expérience de l'auteur, elle propose des pistes de solution. [...]
[...] Ils méprisent la réussite par le travail et déteste les "parvenus": d'ailleurs ils n'aiment pas les objets modernes et refuserons de longue années d'entrer dans le monde du travail, qu'ils perçoivent comme liberticide. Si, de l'aveu même de l'auteur, cette opposition entre travail et liberté est un peu simpliste elle s'avère très juste du point de vue sociologique. La trajectoire des deux protagonistes étant symptomatique de cette société attirée par la possession, la consommation mais qui n'acceptera pas immédiatement de lui sacrifier sa liberté. [...]
[...] Cet incipit qui ne présente pas la situation initiale du texte mais la description d'un appartement supposé "parfait" tend à agir comme un avertissement au lecteur qui dirait: "âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant." Même s'il se veut décourageant cet incipit n'en reste pas moins un moment de lyrisme intense notamment grâce à l'utilisation du conditionnel qui confère beauté et instabilité à cette longue description. La force poétique du texte vient de la capacité de l'auteur à renouer, épisodiquement, mais tout au long du texte avec ce lyrisme. Par ailleurs, l'influence flaubertienne, d'ailleurs tout à fait assumé (Cf. la conférence de Warwick), en plus de donner un véritable souffle au texte lui donne une certaine mélancolie. [...]
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