Stéphanie Clerc regarde l'introduction d'activités et d'ateliers culturels et artistiques sur des élèves allophones. Ces pratiques ont lieu tous les quinze jours et les enfants peuvent choisir l'activité qu'ils désirent.
[...] Tout d'abord, il n'y a plus de relation de domination entre adultes et enfants. Il y a plutôt une alliance avec les adultes.
Ensuite l'enfant est reconnu dans la spécificité de son moi mais aussi en tant que membre faisant parti d'un réel groupe classe. Il devient co-acteurs de son apprentissage, pour lui et pour les autres.
Vis-à-vis de lui-même, ces activités visent le contact avec la matière, la concentration et l'esthétique. L'esthétique est ici un enjeu pas un moyen de réaliser autre chose ; c'est la défense d'une dimension intrinsèque à nouveau. Cela va nourrir des objectifs d'équilibre psychique et émotionnel mais aussi d'intégration sociale car en ayant davantage conscience de lui-même et confiance en lui-même, il apprend à avoir conscience du groupe et lui faire confiance. Pour réussir ces objectifs, on associe travail de l'intellectuel, du corps et de la voix (...)
[...] A travers le corps il s'agit d'apprendre à affûter ses sens, découvrir, s'engager dans les représentations qui vont donner du sens. Cela va aider à apprendre en donnant du sens aux actions menées. Il y a ensuite une réelle interrogation sur l'identité. En apprenant à s'exprimer, l'élève se construit dans un nouveau rapport au monde. Le fait de créer une énergie de groupe comme nous l'avons précédemment dit permet de développer le respect mutuel pour former un groupe de confiance avec une conscience collective. [...]
[...] Il acquiert aussi des repères, des règles, des techniques de travail. Par exemple, les compétences plurilingues vont être valorisées quant à l'école on tend à les brimer pour ne parler que français. Par la suite, cela va permettre à l'enfant de réintégrer une classe ordinaire. Il apprend aussi la culture française. Et il apprend à avoir plus de rigueur dans le travail, de motivations, d'activité, de responsabilités. Au niveau des savoir-faire scolaire (mais plus largement des savoir- faire injonctifs de la société), l'enfant développe la confiance, le respect, sa place d'apprenant, un projet, à observer, écouter, s'écouter, porter de l'attention aux objets et aux autres, la concentration, la réception, la patience, la rigueur, l'exigence, à ne pas se disperser, à questionner, à s'exprimer, laisser place à l'erreur, s'aider, avoir confiance. [...]
[...] Au niveau pédagogique, l'élève peut transformer l'espace, le temps, ses outils pour se les approprie. Il peut donc intervenir sur la forme scolaire pour la modifier. L'erreur est dédramatisée, plutôt d'être perçue négativement, elle est une nourriture pour le travail. La notion de partage est centrale et donc forcément encouragé. Apparaissent aussi des notions rarement présentes dans l'école habituellement telles que les émotions, la pensée sous une forme nouvelle. Le sens s'impose et devient la fin ultime. Il doit d'abord être pensé individuellement et intérieurement pour ensuite être mit en commun avec le groupe. [...]
[...] Les apprenants sont entrainés aux fonctions incitatives, heuristiques, référentielles et métalinguistiques qui permettront de s'adapter au discours des enseignants de classes ordinaires. Ces activités sont complémentaires des activités d'enseignement et sont indispensables pour aider l'élève à s'inscrire dans un nouvel environnement scolaire et social et s'y engager activement. Cela participe à une entreprise collective fondée sur la découverte de soi et l'ouverture aux autres, inventer ensemble, se confronter, expérimenter afin de valoriser l'individu et obtenir le plus complet épanouissement de soi et du groupe. [...]
[...] Elle pose comme hypothèses l'idée que ces pratiques vont permettre : d'apporter une palette de langages, d'expériences intellectuelles et corporelles pour faciliter l'intégration scolaire et sociale. C'est donc la défense d'une dimension intrinsèque de l'art. de développer aussi des savoir-être, des savoir-apprendre (confiance en soi, coopération, entraide, solidarité), des savoir-faire scolaires (écoute, effort, rigueur, disponibilité, engagement, attention, concentrations) afin de réussir sa scolarité et être en accord avec son moi en ayant un équilibre psychique et émotionnel. C'est ici la dimension extrinsèque de l'art qui est défendue. [...]
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