Fiche de lecture sur le livre "Prométhée, Faust et Frankenstein: les fondements imaginaires de l'éthique" de Dominique Lecourt. Bien que Prométhée, Faust et Frankenstein se présentent comme trois figures mythiques majeures de notre imaginaire en Occident, faudrait-il pour autant les considérer comme trois incarnations différentes d'un même mythe dont les versions successives se relaieraient pour peindre et dénoncer la démesure humaine, cette fameuse hybris que condamnait l'éthique grecque ?
[...] Ainsi, lorsque dans sa postface de 1831, Mary Shelley suggère ce qui constitue sans doute à ses yeux la nature ultime de la faute commise par Frankenstein et écrit : que sa propre réussite épouvantait le savant il pourrait être interessant de revenir sur l'ambivalence du terme Grec techné qui peut être à la fois admirable comme effrayante. Toute la tragédie Grecque semble d'ailleurs jouer sur l'ambiguïté de la techné humaine qui peut faire de l'homme le premier comme le dernier des mortels. De même, le progrès lié aux découvertes scientifiques récentes, nous fascine et nous terrorise. [...]
[...] Prométhée, dont le nom signifie étymologiquement le prévoyant est considérée dans la mythologie Grecque comme le bienfaiteur de l'humanité. Mais le fils du Titan Japet est surtout celui qui a dérobé le feu à Zeus pour le donner aux hommes, espèce sinon trop démunie pour pouvoir autrement survivre. Dès lors, il reste une figure mythique ambivalente puisqu'il représente aussi la fin d'un âge d'or où régnait un parfait équilibre entre les hommes et les Dieux: avec la faute du Titan se développe l'idée d'un châtiment divin, ici infiligé par Zeus. [...]
[...] Pour cela, il faudrait peut-être réformer l'enseignement des sciences et trouver une nouvelle façon de l'intégrer à la culture. L'avenir serait alors moins au retour du progrès scientifique qu'à la démystification de la peur du scientifique. Aussi, sans ceder à l'intimidation et à la crainte du développement scientifique, les sociétés occidentales, et la France en particulier, doivent tenter de puiser dans leur tradition scientiste en les dépoussiérant de leurs dogmatismes, afin de développer une vision critique du progrès scientifique qui s'étende bien au-delà des mythes qui façonnent encore notre éthique du progrès. [...]
[...] De fait, bien que nos sociétés modernes estiment la recherche toujours très utiles, la plupart des individus entendent dans la même temps que l'on pose des limites aux experiences et, par là même, aux connaissances. Cette dernière remarque permet alors au philosophe de dénoncer l'attitude de l'Occident, et en particulier de la France, qui commémorent à tour de bras, se souciant principalement de conserver son patrimoine Ici, on est bien loin de l'audace des rêves de découvertes de Frankenstein. Peut- être justement par peur d'être damnés ? [...]
[...] Le roman renouvelle ainsi le mythe de Prométhée en faisant du savant un démiurge qui a l'audace de faire conccurence à Dieu. Faust devient l'incarnation de l'orgeuil et de la folie, un apprenti sorcier qui verra sa propre créature lui échapper et se retourner contre lui. Ces trois personnages qui, dans notre société façonnée par un rationalisme radical, font figures de légendes semblent pourtant véritablement ancrés dans notre cnscience éthique collective. D'où peut-être l'idée répendue selon laquelle les avancées techniques et scientifiques seraient synonymes de danger. Dans cette perspective, les excès présumés de la science deviendrait la source d'une certaine terreur. [...]
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