"Fermina Marquez", Valérie Larbaud (1911)

Résumé du document

Valery Larbaud publia en feuilleton, dans la Nrf, dès le 1er mars 1910, un livre sur lequel il travaillait depuis de longues années, et qui connut plusieurs titres Histoire de la Incarnacion et de ses admirateurs, à Valence - Espagne - en 1905 ; Incarnation Barea, à Uriage, en juillet 1908 et enfin Fermina Marquez en 1911. Il s'agit d'un "roman d'adolescence ". L'intrigue se tient dans le cadre d'un collège international et dans le parc juxtaposé.

Là se promène une jeune colombienne nommée Fermina Marquez. Elle sera bientôt accompagnée lors de chaque récréation d'une bande de collégiens admirateurs. Mais c'est Joanny Léniot, un premier de la classe qui retient les faveurs des amitiés de la jeune fille. Finalement, tout le long de la nouvelle se déroulera le fil d'une première histoire d'amour platonique et inoubliable pour Joanny.

Mais, outre l'intrigue, il est remarquable que la nouvelle du début du XXe siècle est le théâtre d'un modernisme caractérisé par un effritement des formes anciennes du romanesque. Dans ce cadre nous allons nous demander en quoi Fermina Marquez est une nouvelle représentative de ce Modernisme.

Extraits

[...] C'est donc en cela que l'on retrouve le modernisme de Larbaud. La structure spatio-temporelle est bidimensionnelle et cet aspect est d'autant mieux mis en valeur que Larbaud utilise ellipses et rétrospections. L'ellipse est celle qui concerne finalement toute la période qui suit l'époque de Fermina Marquez et qui précède la dernière visite de Larbaud au collège. Bien qu'elle soit résumée en un chapitre sa précision fait défaut et de plus on ne sait pas ce que devient Fermina Marquez : Et Fermina Marquez ? [...]

[...] L'emploi des mots gloire, héroïsme, race de la raison et le recours à des superlatifs sont d'autant de marques d'orgueil qui caractérisent ce qui était considéré comme l'élite du collège. Ainsi, celui-ci est le reflet d'un micro monde sous- tendu par des relations conflictuelles entre les communautés, des tensions, des dominations. La situation que présente Larbaud est similaire à une situation qui précède un conflit. Elle semble un mauvais présage. Ce ne serait du moins pas étonnant dans la mesure où l'on peut lire dans le dernier chapitre de la nouvelle la métaphore des conséquences d'une confrontation armée, telle que la guerre. [...]

[...] Ces moyens pourraient être véritablement qualifiés de passions en ce que les personnages en font les matrices de leur vie. Ces passions régissent leur conduite au quotidien, comme le fait l'amour. Ainsi, avant qu'elle tombe amoureuse de Santos Iturria, Fermina Marquez est passionnée par la foi chrétienne à laquelle elle porte un véritable amour, un culte. Voici ce que dit Larbaud au sujet de Léniot (xii) Certainement il croyait ; mais non pas de la même façon qu'elle. Alors, elle comprit que son devoir était de réchauffer le zèle de ce chrétien si tiède. [...]

[...] D'autre part, Fermina est indirectement associée à la guerre en ce qu'il est dit du parc où les élèves la retrouvent toujours et dont elle est par conséquent indissociable, qu'il y avait d'énormes arbres toués par les boulets de la dernière guerre Celle-ci pourrait être la guerre franco-allemande de 1870 puisque l'intrigue se passe dans les années 1880. Ensuite, Larbaud dit des élèves qui accompagnaient Fermina Marquez durant ses promenades dans le parc qu'ils étaient ses chevaliers (III) Cette appellation fait encore référence au combat, du moins à la défense de l'objet prisé au sein d'une guerre. Guerre symbolisée par Fermina entre Santos et Léniot remportée par le premier : Et donc Santos Iturria resta maître de sa conquête. [...]

[...] Puis il nuancera ce point de vue : C'était notre erreur à vingt ans, de croire que nous connaissions la vie et les femmes. On ne connaîtra jamais ni la vie ni les femmes, il n'y a partout, que des objets d'étonnement et une suite ininterrompue de miracles. 3 Introspection Ainsi, Larbaud se permet de jongler entre deux focalisations différentes par le biais de la rétrospection. Mais le modernisme qui caractérise la nouvelle en matière d'introspection est le recours à une focalisation interne d'enfants. [...]