La Femme mystifiée, Betty Friedan, féminisme, banlieues américaines, femmes au foyer, années 50, suicide des femmes, déshumanisation, enseignement sexuel, épanouissement, domination masculine
L'ouvrage de Betty Friedan est paru aux États-Unis en 1963, au moment où le mouvement des femmes connaît un creux, une absence d'activités. En effet, nous retrouvons deux moments forts dans le féminisme. Le premier commence pendant la seconde moitié du XIXe siècle, et s'étend jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Durant cette première "vague", l'objectif des féministes était l'égalité entre les femmes et les hommes face à la loi. Peu à peu, des droits ont été accordés aux femmes et celles-ci ont gagné leur plus grand combat en obtenant le droit de vote dans le premier quart du XXe siècle aux États-Unis. À partir de ce moment, le contexte politique étant instable et les femmes ayant réussi à obtenir ce pour quoi elles se battaient depuis tant d'années, nous assistons à un recul du mouvement des femmes, voire à un fort retour en arrière, puisque les femmes adoptèrent la profession de ménagère laissant de côté leurs études et la possibilité d'une carrière prometteuse. La seconde vague féministe, qui apparut dans la seconde moitié des années 1960 et surtout dans les années 1970, mit à jour de nouveaux objectifs. Constatant que l'égalité entre les sexes dans un système patriarcal était impossible à obtenir, les femmes cherchèrent à instaurer de nouvelles valeurs et de nouveaux rapports entre les sexes.
[...] Betty Friedan explique encore « qu'une refonte radicale du concept de la féminité pour permettre aux femmes d'atteindre leur maturité, leur individualité, leur “vrai moi”, sans porter préjudice à leur épanouissement sexuel »[7] doit être apportée. Cette refonte doit être menée, dans un premier temps, selon Friedan, par ceux qui ont participé à la mise en place de la mystique : éducateurs, parents, rédacteurs en chef, manipulateurs, conseillers matrimoniaux. Le nouveau concept de féminité permettra à la femme de s'accomplir, empêchera qu'elle ne soit infantilisée et qu'elle n'infantilise à son tour ses enfants. Une femme accomplie est elle-même porteuse du changement de rapport de domination, en transmettant des valeurs, une structure à ses enfants. [...]
[...] Pour ce faire, Betty Friedan ne voit que l'instruction comme solution. III. Les thèses principales de Betty Friedan Dans cet ouvrage, Betty Friedan centre son analyse principalement sur la femme, sur son mode de vie, sur ses choix. Elle ne pose pas en tant que telle la domination des hommes sur les femmes, puisqu'elle ne conçoit pas le féminisme comme une lutte contre les hommes[2]. Ainsi, elle centre son analyse davantage sur la condition pénible de la femme et propose des solutions afin qu'elle se sorte de cette situation qu'elle retrouve l'indépendance. [...]
[...] Or, dans les années 1950, le féminisme, connoté négativement, obligea les femmes à choisir entre la féministe combative et solitaire et l'épouse dévouée heureuse aux côtés de sa famille, beaucoup d'entre elles choisirent la seconde possibilité. Le cinquième chapitre, Le solipsisme sexuel de Sigmund Freud, montre que la mystique de la femme trouve ses origines dans la pensée de Freud, selon lequel la femme, du fait de l'absence d'un pénis, ressente un complexe d'infériorité face à l'homme. La femme serait une « poupée-enfant », dont la place est au foyer et la soumission à l'homme naturel. [...]
[...] Betty Friedan n'encourage pas la femme à négliger ou abandonner la famille et sait pertinemment que la libération de certaines femmes se heurtera à la résistance du mari et des autres femmes au foyer. Cependant, elle reconnaît la nécessité pour la femme d'assouvir ses ambitions, de retrouver une identité même si la démarche est jonchée d'obstacles. L'auteur ne perçoit qu'une solution : l'instruction. « La clef qui ouvre le piège, c'est naturellement l'instruction. La mystique féminine a rendu les études supérieures pour les femmes suspectes, inutiles, et même dangereuses. Mais pour moi, c'est l'instruction et l'instruction seule qui a sauvé et sauvera les femmes américaines des plus graves dangers de la mystique féminine. [...]
[...] L'ouvrage de Betty Friedan s'inscrit précisément dans ce creux qui se situe entre les deux vagues féministes. Il a pour but de déterminer les causes qui ont amené les femmes à se cantonner dans leur rôle d'épouses et de mères au foyer, renversant la tendance qui se dessinait depuis plus d'un siècle, de présenter et comprendre le « problème qui n'a pas de nom » dont souffrent tant de femmes au foyer des banlieues américaines dès les années 50, mal qui se caractérise par un sentiment de vide extrême, d'ennui. [...]
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