Anthony Grafton est professeur à l'université de Princeton aux Etats-Unis. Il est notamment spécialiste de l'histoire des érudits de la Renaissance.
Dans cette synthèse historique de la contrefaçon écrite, Anthony Grafton propose, à travers l'analyse d'exemples précis (parfois fameux), de montrer comment les faussaires et les critiques qui les confondirent jouèrent un rôle déterminant dans le déroulement de l'histoire, autant que dans son étude. Si l'auteur ne limite pas son analyse sur le plan chronologique (les exemples vont de l'Antiquité à l'époque contemporaine), il restreint en revanche son travail à l'étude des faux les plus réussis, avant tout littéraires. Il écarte également les pseudépigraphes, ces textes qu'il définit comme des faux n'ayant pas de portée délictueuse.
[...] Une Antiquité qu'ils voulaient souvent rendre plus conforme à leurs conceptions personnelles grâce à la contrefaçon. Que ce fût en réutilisant des fragments authentiques dans des œuvres frauduleuses plus grandes ou en créant de toutes pièces des textes originaux, la production de faux, à l'époque, n'eut d'égale que sa critique. La capacité à confondre une œuvre douteuse était en effet la qualité de tout bon humaniste. L'auteur insiste néanmoins sur le fait que l'érudition d'un auteur ne peut être retenue comme gage du sérieux de ses découvertes, et que la tentation du faux toucha également le simple antiquaire et l'humaniste reconnu. [...]
[...] Il termine par un dernier conseil à son lectorat, qu'il suppose avec raison composé majoritairement d'historiens, de ne pas considérer que ce qui l'arrange dans les sources. On regrettera simplement dans cet ouvrage, très riche par ailleurs en exemples précis, qu'A. Grafton oublie quelque peu la période médiévale, pourtant riche en faux juridiques, en ne se concentrant que sur les faux littéraires ce dont il se justifie en introduction et que l'on comprendra aisément par ailleurs. Une synthèse impose en effet de se limiter : la vue d'ensemble que celle-ci offre n'en reste pas moins instructive et nuancée. [...]
[...] "Faussaires et critiques : créativité et duplicité chez les érudits occidentaux" d'Anthony Grafton (1993) Anthony Grafton est professeur à l'université de Princeton aux Etats- Unis. Il est notamment spécialiste de l'histoire des érudits de la Renaissance. Dans cette synthèse historique de la contrefaçon écrite, Anthony Grafton propose, à travers l'analyse d'exemples précis (parfois fameux), de montrer comment les faussaires et les critiques qui les confondirent jouèrent un rôle déterminant dans le déroulement de l'histoire, autant que dans son étude. Si l'auteur ne limite pas son analyse sur le plan chronologique (les exemples vont de l'Antiquité à l'époque contemporaine), il restreint en revanche son travail à l'étude des faux les plus réussis, avant tout littéraires. [...]
[...] Le contrefacteur est ainsi confronté à deux questions : comment le texte aurait été écrit s'il avait été authentique et comment il aurait traversé le temps. Ces problèmes furent contournés avec plus ou moins de virtuosité, ce que montre l'auteur, en insistant notamment sur celle de Thomas Chatterton, au XVIIIème siècle. Virtuosité qui s'exprima d'ailleurs par des moyens dont la plupart sont connus depuis l'Antiquité, que ce soit par exemple les différentes manières de vieillir un manuscrit ou l'utilisation de termes et de graphies archaïsantes lors de la rédaction. [...]
[...] Il semble d'ailleurs que, dès cette époque, la capacité à repérer les faux constitua un gage d'érudition. Ainsi, au IIème siècle après J.-C., Claudius Galenus s'attacha non seulement à retrouver les livres qu'on lui attribuait faussement, mais aussi à révéler l'inauthenticité de plusieurs passages du corpus hippocratiques. Anthony Grafton souligne enfin comment, dès l'Antiquité, les faussaires purent se faire passer pour des traducteurs, afin de rendre plus acceptables leurs contrefaçons. L'auteur analyse beaucoup plus succinctement la période médiévale, soulignant combien la volonté des nouvelles nations de se doter d'un passé prestigieux (remontant à Auguste ou Hector) encouragea la production de faux. [...]
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