Eugène Ionesco, Rhinocéros

Résumé du document

J'avais déjà lu cette pièce une première fois pendant les grandes vacances, mais j'étais passée à côté d'un élément qui me semble capital : l'allégorie de l'autoritarisme. Je n'avais donc bien sûr pas bien saisi le sens du livre, qui ne s'éclaircit pour moi que lors d'une allusion à l'ouvrage en cours de littérature.
J'ai donc choisi pour cette fiche de lecture de travailler sur Rhinocéros de Ionesco pour avoir l'occasion d'analyser plus en profondeur une œuvre qui m'avait, même si je ne l'avais pas entièrement comprise, beaucoup plu, et surtout afin de, à l'occasion d'une relecture de la pièce, relever les références à l'autoritarisme qui m'avaient échappées lors de ma première lecture.

Eugène Ionesco né en 1909 à Stanila en Roumanie ( si de nombreuses sources situent sa naissance en 1912, ceci est dû à une coquetterie de l'auteur, qui avouera plus de trente ans plus tard s'être rajeuni de trois ans après avoir lu une déclaration du critique Jacques Lemarchand qui, à l'aube des années 50, saluait l'avènement d'une nouvelle génération de jeunes auteurs, parmi lesquels figuraient Ionesco et Beckett.) Sa famille s'installe dès 1913 à Paris, puis dans la Mayenne . Sa vie sera ensuite partagée entre la France et la Roumanie (où était retourné vivre son père).

Extraits

[...] En effet, Ionesco multiplie, au début de chacun des quatre tableaux, les détails concernant le décor. Prenons l'exemple de la didascalie du premier tableau de l'acte II, qui s'étale sur deux pages et demie. On constate chez Ionesco un véritable désir de réalité dans les didascalies, qui pourrait être interprété comme une volonté de montrer au lecteur que ce qui se passe dans la pièce peut arriver partout, même dans les lieux les plus banals, que personne n'est à l'abri, que cela n'arrive pas qu'aux autres. [...]

[...] Bœuf est absent. Sa femme arrive à cet instant, éreintée, annoncer qu'il a la grippe et explique qu'elle est essoufflée, car un rhinocéros l'a poursuivie sur toute la route. Celui-ci se tient dans la rue, au bas du bureau, et, en tentant de gravir les marches qui y mènent, il fait écrouler l'escalier. Mme bœuf réalise soudain que le rhinocéros est en fait son mari, elle saute sur le palier (car il n'y a plus d'escalier) pour le rejoindre, et ils s'en vont tous deux au galop, elle à califourchon sur le dos de son mari. [...]

[...] De plus, le projet est abandonné à cause de l'opposition des uns et de l'incompétence des autres : la société protectrice des animaux s'oppose à ce plan. Cette société est peut-être un peu loin de la réalité : si elle ne propose pas de propres idées concernant une solution finale de la question des rhinocéros il faudra un jour une société protectrice des hommes non transformés Ionesco décrit une situation pareille à celle du fascisme pendant la république de Weimar. Les fascistes, représentés par les rhinocéros, se multiplient. [...]

[...] Je ne capitule pas. il donnait un code de conduite au spectateur (je pense d'ailleurs qu'une telle mise en scène coïnciderait assez bien avec l'objectif que s'était fixé Ionesco pour cette pièce.) Voir aussi les réflexions sur la didascalie du début de l'acte II dans Difficultés que pourrait rencontrer le metteur en scène L'allégorie de l'autoritarisme Les habitants du village mis en scène dans Rhinocéros sont, peu à peu, transformés en rhinocéros, c'est à dire en bêtes violentes, mais uniformes, la rhinocérite étant une sorte de contagion idéologique. [...]

[...] Cela gonflerait mes poches. Lorsqu'il fait remarquer à Béranger que ce dernier s'est appuyé contre un mur et en a gardé de la poussière blanche sur les épaules. Le portrait des deux personnages que s'était imaginé le spectateur dès leur entrée sur scène est donc confirmé par la mise en scène. Ionesco parvient donc assez adroitement à concilier la vraisemblance de la scène et le fait que le spectateur doive comprendre l'opposition qui réside entre Jean et Béranger. Même s'il est contraint de mettre dans leurs bouches des propos un peu tirés par les cheveux comme lorsque Jean s'exclame : Vous voilà tout de même, Béranger. [...]