Fiche de lecture sur le livre de François Ruffin, "Les petits soldats du journalisme". François Ruffin s'est attaqué à un livre inédit sur le CFJ, le Centre de Formation des journalistes, considéré comme la sacro-sainte école de journalisme en France. Pourquoi donc ce titre, pourquoi assimiler le statut de « petit soldat » au métier de journaliste, deux termes qui ne paraissent jusque là en aucun cas s'assimiler. Les Petits soldats du journalisme s'apparente à une enquête in vitro, Ruffin ayant réuni et analysé durant deux ans l'évangile journalistique délivré par les professeurs du CFJ. En pratiquant exactement l'inverse de ce qu'il était sensé acquérir : l'enquête, François Ruffin l'a donc appliqué à lui-même avec pour objet d'étude sa position au sein du CFJ en tant qu'un des aspirants journalistes de sa promotion. Il s'agit donc d'un authentique témoignage instructif et virulent. L'exercice de la liberté d'expression par les médias peut-il menacer la démocratie dont il est la condition nécessaire ? Le journalisme d'origine militant a-t-il disparu ?
[...] Entourés d'une aura indue, ils préfèrent croire à cette image, se parent de cette mythologie, semi-aventurier, simili-intellectuel, limite rebelle. Pourquoi se révolter, collectivement, alors qu'on se ment à soi-même ? Et cette dénonciation ne peut se faire cependant aujourd'hui que par confidence puisque cet univers se porte bien en attendant une révolution. Toutefois, Ruffin fait partie de cette école de pensée militante qui compte bien faire réagir consommateurs et futurs journalistes et remédier à cette dérive. Avis personnel : Alors faut-il enseigner le journalisme tel qu'il est ou réfléchir sur ses pratiques ? [...]
[...] Les diplômés sont alors ensuite libres. Mais leur conscience personnelle, leur culture, leurs indignations et même leur style, ce n'est pas l'école qui leur fournira. Le quiz d'actualité (et non de culture générale) constitue l'épreuve phare du concours d'entrée. L'étudiant se vide de son savoir pour assimiler, en deux années, un métier dont le quotidien se situe à 1000 lieues de ses aspirations premières : il apprend à devenir un technicien des médias, une machine dénuée de personnalité dont la tâche consiste à remplir de vide la multitude de journaux, radios, et télévision. [...]
[...] L'objectif déclaré en introduction, est de dénoncer une vision du journalisme tel qu'il se pratique dans sa forme la plus courante. Il explique autant sur la forme que sur le fond, par ses méthodes de décervelage ses contraintes feintes, ses menaces permanentes, ses discours libéraux appuyés sur une déontologie fictive, le CFJ, dans sa fragile soumission aux mécènes dont il fournit la chair à colonnes, parvient à transformer des étudiants issus de bons niveaux scolaires en parfaits petits soldats du journalisme De plus, Ruffin a eu l'ingénieuse idée de faire illustrer son livre par Faujour, auteur de trente dessins drôles et rafraîchissants parmi lesquels un rédacteur en chef répliquant à son élève : on s'en fout que tu n'aies rien à dire, l'important c'est de l'écrire ou encore une bibliothécaire jetant à la poubelle le prix Albert Londres jugé pas assez people Telle est la vraie réalité du CFJ et du métier de journaliste ? [...]
[...] Ainsi, dans une approche sociologique d'abord, on compte que parmi les 54 élèves de la promotion 2002 du CFJ, aucun enfant d'ouvrier, de cheminot, de caissière élèves qui se ressemblent donc, dont les parents sont professeurs, médecins, magistrats, ingénieurs, commerciaux Les ratés de sciences po finissent au CFJ, les autres à l'ENA. C'est l'historien catholique René Rémond qui préside à la fois le jury du CFJ et la fédération des IEP. Et la sélection sociale y est tout aussi drastique puisque Science po s'est encore embourgeoisé depuis dix ans La condamnation du savoir De plus, l'auteur reproche à l'école de négliger ouvertement le savoir, opposant le CFJ d'avant l'icône à celui d'aujourd'hui, qui serait perverti par l'argent. C'est donc un vaste débat. [...]
[...] Les Petits soldats du journalisme s'apparente à une enquête in vitro, Ruffin ayant réuni et analysé durant deux ans l'évangile journalistique délivré par les professeurs du CFJ. En pratiquant exactement l'inverse de ce qu'il était sensé acquérir : l'enquête, François Ruffin l'a donc appliqué à lui-même avec pour objet d'étude sa position au sein du CFJ en tant qu'un des aspirants journalistes de sa promotion. Il s'agit donc d'un authentique témoignage instructif et virulent. Ruffin décrit donc tout ce qu'on savait déjà quand on pratique ce métier depuis un certain temps, mais qu'on avait fini par accepter. [...]
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