Camus, L'etrangé
Ecrivain français, romancier, auteur de pièces de théâtre, journaliste. Albert Camus n'a pas connu son père et a passé son enfance avec sa mère en Algérie.
Albert Camus élabore une philosophie existentialiste de l'absurde résultant du constat de l'absence de Dieu et de sens à la vie.
La prise de conscience de cette absurdité doit être considérée comme une victoire de la lucidité sur le nihilisme qui permet de mieux assumer l'existence en vivant dans le réel pour conquérir sa liberté. L'homme peut ainsi dépasser cette absurdité par la révolte contre sa condition et contre l'injustice.
Albert Camus met à profit son talent d'écrivain pour diffuser sa philosophie en adaptant la forme au sujet.
Le roman symbolique et l'oeuvre théâtrale sont utilisés comme moyens d'expression pour les idées et les doutes.
L'auteur de "La Chute" se tourne vers un humanisme sceptique et lucide pour lequel il convient avant tout d'être juste. Il est prix Nobel de littérature en 1957 et meurt dans un accident de voiture.
[...] Si l'on cherche à tout prix à cataloguer le roman de Camus, on est tenté de le ranger parmi les romans réalistes. En effet, les noms correspondant à l'époque et au contexte historique (Marie, Emmanuel, Céleste, Raymond), les lieux (Alger, l'évocation de Paris, la plage, le tribunal), les détails liés au procès (procureur, avocat, aumônier), font tous penser à un roman réaliste, un roman qui cherche, autrement dit, à créer l'illusion du réel et à rapprocher, ce faisant, réalité et fiction. [...]
[...] Pour les surprendre, il avait laissé sa femme et son enfant dans un autre établissement, était allé chez sa mère qui ne l'avait pas reconnu quand il était entré. Par plaisanterie, il avait eu l'idée de prendre une chambre. Il avait montré son argent. Dans la nuit, sa mère et sa sœur l'avaient assassiné à coups de marteau pour le voler et avaient jeté son corps dans la rivière. Le matin, la femme était venue, avait révélé sans le savoir l'identité du voyageur. La mère s'était pendue. [...]
[...] Si au 19ème siècle le réalisme est au service d'une critique sociale, Camus préfère, lui, orienter la fiction romanesque vers la réflexion philosophique. La peinture qu'il nous offre représente la condition humaine : de ce point de vue-là, et conformément à l'idée selon laquelle si on veut être philosophe, il faut écrire des romans, L'étranger est avant tout un roman absurde, le roman qui exprime, de la façon la plus aiguë, la condition métaphysique de l'homme, jeté dans une existence qu'il n'a pas choisie et obligé, néanmoins, de faire des choix et d'inventer des valeurs. [...]
[...] Le personnage de Meursault incarne cette règle de vie, et ce qui suit : la révolté (voir l'épilogue), la liberté (il n'est plus le jouet du destin car il prend conscience du caractère privilégié de tous les hommes et ne refuse donc plus la mort) et la passion, le rapport au monde à travers les sensations, qu'incarne cette dernière pensée à sa mère, celle qui permet de voir ce qui les rapproche. Cependant, c'est le rapport à la mort de sa mère qui éclaire le personnage de Meursault d'une façon encore plus profonde. [...]
[...] Ces idéologies semblent percer tous les mystères de l'univers, connaître les lois de l'histoire, prédire l'avenir de l'humanité et asseoir sur leurs convictions un espoir que pourraient partager tous les hommes adhérant aux maximes idéologiques. Le curé qui rend visite à Meursault incarne ici ces idéologies qui prétendent connaître les secrets de l'univers et le sens de la vie. Le christianisme incarne sans aucun doute l'une de ces idéologies, ce que montre la réplique d'un magistrat désespéré qui, face au calme et au silence d'un Meursault incapable d'expliquer ses gestes, s'exclame : Moi je suis chrétien . Voulez-vous que ma vie n'ait pas de sens ? [...]
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