Fiche de lecture sur "Corps et âme" de Wacquant. Ce livre invite à pénétrer dans l'univers quotidien des boxeurs amateur de Chicago. Loïc Wacquant mène l'ethnographie d'une salle de boxe établie à la frontière du campus de l'université de South Side de Chicago, un des plus grand ghetto noir des USA. Il y présente une étude détaillée du milieu de la boxe dans et autour de Chicago, ainsi qu'une apologie pour une ethnographie participante intervenant dans l'étude.
[...] Il entreprend alors un travail minutieux de relevé descriptif. Il détaille l'univers des boxeurs de Woodlawn, leurs conditions de vie et la violence urbaine. Il brosse un portrait scrupuleux du gym lieux d'entraînement des boxeurs, son état de délabrement, l'importance des posters et affiches accrochés un peu partout, il s'applique même à dessiner un plan du Boys Club. C'est alors qu'il affirme que le gym est un îlot de stabilité de répit, de sociabilité protégé de l'anarchie de la rue. [...]
[...] Les thèmes que l'auteur aborde dans son ouvrage sont peu exploités et mal connu : la sociologie de la Boxe et celle du corps. L'un des problèmes qui est abordé dans l'ouvrage est celui de savoir comment fabrique t'on un agent social et plus particulièrement un boxeur ? La sociologie du corps lié a celle de la boxe et primordial si l'on veut comprendre les tenants et aboutissant de ce sport car elle révèle la façon dont l'organisme est socialement conditionné. [...]
[...] Cependant on peut définir trois objectifs clairs de l'auteur : o Apporter des documents scientifiques (ethnographique) sur un univers mal connu. o Dégager des principes d'organisations d'une activité qu'est la boxe tel qu'elle se pratique au sein d'un ghetto noir américain. o Amorcer une réflexion sur une pratique dont le corps est à la fois le siège, l'instrument et la cible. L'auteur pose les bases de son compte rendu d'observation en expliquant les différents axes de réflexion qui animent cet ouvrage. [...]
[...] Comme Wacquant l'explique lui même, le milieu pugiliste des ghettos est dominé par des valeurs viriles d'honneur et d'affrontement. Le monde de la boxe est un univers hyper masculin : la force physique et la capacité à infliger et à subir la violence corporelle sans frémir ni fléchir, forment des qualités intrinsèque à l'univers masculin. Les combats pugilistiques sont une forme de rite de masculinisation qui traverse le ghetto comme l'ensemble des univers populaires. Quand on travaille à l'usine, il faut être capable d'encaisser la souffrance physique. [...]
[...] J'ai trouvé cet ouvrage intéressant et détaillé, attestant d'une implication personnelle importante permettant une observation complète et crédible. Malgré le gouffre séparant le sociologue du monde urbains et sportif du ghetto noir de South Side (Cf : Je ris avec lui mais la scène est plutôt pathétique, lui son balais brosse et sa pelle à ordures dans la main, faisant des rêves aussi improbables et se réjouissant de carrières à ce jour inexistantes, tandis que moi, jeune graduate des universités d'élite, je viens me dévergonder dans ce club de boxe par horreur et lassitude de la routine académique et de ses privilèges Loïc Wacquant permet, grâce à son travail d'éluder certaines questions, remettre en place certaines idées reçu et de participer à sa manière, à l'enrichissement de la sociologie de la boxe. [...]
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