La création artistique naît toujours d'une souffrance car elle permet de créer une autre vie qui peut parfois aboutir à une jouissance ; la littérature est alors une sorte de thérapie. Le rapport entre l'angoisse et la création remonte à Aristote qui voyait un lien entre la mélancolie et le génie. Ce lien devient d'autant plus évident dans le romantisme du XIXe siècle car ce mouvement porte sur la sensibilité, la mélancolie et le refus du monde moderne. Le monde semble alors froid, dur, trop matérialiste et trop utilitaire, la mélancolie apparaît comme un cri de douleur face à cette froideur du monde. Sous l'Ancien Régime, les deux valeurs transcendantales étaient l'honneur et le salut, mais à partir de 1830, la société bascule dans la modernité, l'argent remplace les deux grandes valeurs précédentes. Un nouveau ciel s'ouvre alors, celui des poètes qui vouent un véritable fanatisme pour leur art.
C'est donc une souffrance à la fois sociologique et historique qui est à l'origine de l'art. Cependant, les auteurs du XIXe siècle ont aussi tous, d'un point de vue autobiographique, une souffrance individuelle, psychologique, intime.
Montaigne est plutôt une exception dans la littérature de la souffrance. La tendance pessimiste dans la littérature classique avait été inaugurée par Saint Augustin qui avait donné une coloration très sombre à la vie terrestre. Le christianisme se portait surtout sur l'idée de salut, de péché originel et de vanité de la vie. Chez Montaigne, on ne trouve pas de dimension religieuse et il n'est pas non plus un exalté ; au contraire, il tente d'atteindre la justesse, il essaye d'avoir une estime pondérée, sans vanité, sans orgueil, sans mépris ni pour les autres ni pour lui-même. Montaigne fait dans Les Essais un bilan objectif et il tente de trouver un chemin vers le bonheur. S'il semble donc être un écrivain heureux, on remarque très vite que ce bonheur a été conquis, l'auteur a dû lutter contre lui-même, contre son imagination débordante grâce à l'introspection et à l'auto-analyse.
[...] De l'institution des enfants (Livre chap. 26) Cet essai est dédié à Diane de Foix, comtesse de Gurson, qui allait être mère. Après la soif de connaissances qui caractérise Rabelais, une décantation se produit : savoir par cœur n'est pas savoir Au lieu d'encombrer la mémoire de l'élève, il faut former son esprit, lui apprendre à penser : plutôt la tête bien faite que bien pleine Dans ce chapitre, Montaigne expose ses idées sur l'éducation ; les questions pédagogiques ont passionné le XVI° siècle : c'est un aspect caractéristique de l'esprit de la Renaissance. [...]
[...] Montaigne est expert en l'art de goûter la vie. Si intelligent et si raffiné que soit son épicurisme, il ne suffit pas à expliquer les accents si beaux qui terminent le texte du Livre III chap : cet amour de la vie vient d'une source plus profonde, la foi dans la Nature qui se confond avec Dieu. Il faut courir le mauvais et se rasseoir au bon Aussi ne sied-il proprement bien de ne se déplaire à mourir qu'à ceux qui se plaisent à vivre. [...]
[...] Les romantiques retrouvent le pessimisme lugubre des moralistes augustiens, avec le même dualisme : une vie terrestre marquée par sa vanité, ainsi qu'une autre vie, idéale. Pour les uns, le salut chrétien, pour d'autres, la contemplation, dans tous les cas, le quotidien est déprécié. Montaigne est plutôt une exception dans la littérature de la souffrance. La tendance pessimiste dans la littérature classique avait été inaugurée par Saint Augustin qui avait donné une coloration très sombre à la vie terrestre. Le christianisme se portait surtout sur l'idée de salut, de péché originel et de vanité de la vie. [...]
[...] C'est à sa retraite de 1571 que Montaigne fait ici allusion. Elle apparait comme une décision plutôt brusque, et dont le résultat n'est pas ce qu'on pouvait attendre : au lieu de trouver la paix, Montaigne tombe dans la mélancolie ; pour combattre ses humeurs noires, il se met à écrire. Cette retraite fut toute relative d'ailleurs puisqu'il en sortira souvent, pour voyager, devenir maire de Bordeaux, et accomplir diverses missions diplomatiques. Il y a moyen de faillir en la solitude (Livre chap. [...]
[...] Le rapport entre l'angoisse et la création remonte à Aristote qui voyait un lien entre la mélancolie et le génie. Ce lien devient d'autant plus évident dans le romantisme du XIX° siècle, car ce mouvement porte sur la sensibilité, la mélancolie et le refus du monde moderne. Le monde semble alors froid, dur, trop matérialiste et trop utilitaire, la mélancolie apparaît comme un cri de douleur face à cette froideur du monde. Sous l'Ancien Régime, les deux valeurs transcendantales étaient l'honneur et le salut, mais à partir de 1830, la société bascule dans la modernité, l'argent remplace les deux grandes valeurs précédentes. [...]
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