Les Essais, Livre 3, Chapitre 13, Montaigne, Il n'y a ploient de fin en nos inquisitions
Dans la conclusion des Essais, c'est à dire au chapitre 13 intitulé De l'expérience, Montaigne exprime son scepticisme envers les productions de la raison humaine, comme il l'avait fait dans l'« Apologie de Raymond Sebond » (Essai 12 du livre 2), mais aussi envers sa prétention à construire une doctrine universelle, et envers sa quête agitée et incessante du savoir. C'est ce mouvement permanent et fou qu'il critique au début de cet essai, avant de lui opposer une démarche plus modeste, l'expérience de soi, seule vérité accessible à l'esprit humain, selon lui.
[...] Utilisation de la poésie 20 à 27) - Montaigne cite son ami, Etienne de la Boétie, du courant baroque, pour souligner le mouvement perpétuel par l'image de l'eau (image baroque) mouvement irrégulier, perpétuel, sans patron et sans but 17-18) = annonce du poème - Il choisit l'eau d'un ruisseau coulant et non pas d'un lac stagnant, pour montrer un perpétuel mouvement et renouvellement Symbole de la quête du savoir - Décasyllabes (pour la fluidité et la légèreté) et rimes suivies + allitérations en liquides l r comme "voilons" Fluidité - l'une / l'autre = mouvement de l'eau, mouvement perpétuel + Chasse l'autre toujours eau diverse = renouvellement l'eau chasse l'eau, comme les idées qui se chassent les une les autres, on a encore l'image baroque d'un monde en perpétuel mouvement Transition : Montaigne fait ici une observation ironique et poétique des assoiffés de connaissance, pour exprimer en filigrane sa thèse polémique. II. LA THESE SOUTENUE A. Thèse clairement indiquée Thème : le savoir et la vie intellectuelle Champ lexical : connaissance inquisitions esprit inventions (l18) interprétations 28) glose livre 30) commentaires savant . [...]
[...] Montaigne, fort de ses observations, de ses expériences et de ses lectures, y exprime son scepticisme sur les inquisitions incessantes et vaines de l'esprit humain, qui le coupent peu à peu du réel, seul véritable savoir, et qui lui fait abdiquer tout esprit critique. L'humaniste n'exagère peut- être sa thèse que pour mieux prendre ses distances, comme Rabelais l'avait fait avant lui, vis-à-vis de la scolastique, tradition savante régnant sur l'univers intellectuel de son temps et vis-à-vis du pédantisme savant ou scientifique qu'il juge stérile. [...]
[...] LA CRITIQUE IRONIQUE DES CONTEMPORAINS A. Les procédés de l'ironie - Généralisation de l'attitude intellectuel : utilisation du "nous" et présent de vérité générale : Ce n'est rien que faiblesse Nous les hommes Nos / notre Nul esprit Donne une certaine autorité à la thèse de Montaigne - Amplifications et exagérations ironiques : - Un plus habile (comparatif) - Il y aura toujours - Notre fin est en l'autre monde - Répétition de et et ne s'accule et ne se choque - Jeux d'échos, de reprise - Sans terme, sans forme (anaphore) - esprit répété - Interpréter les interprétations : montre la folie de l'esprit humain l'exagération dans la critique des autres souligne l'ironie de Montaigne à leur égard - Emploi d'images pour appuyer sa critique et mettre ainsi le plus grand nombre de gens de son côté : - Métaphore de la chasse (gibier = le savoir) Mouvement obstiné, incessant (et divertissant - Métaphore filée du jardinage : nos opinions se greffent L'une sert de tige à l'autre la métaphore de la greffe souligne cette déraisonnable quête avec l'utilisation de plusieurs ordinaux - Métaphore de l'échelle : nous échelons ainsi de degré en degré sur les épaules (courte échelle) Inutile car chacun avance d' un grain - Montaigne donne la parole à ceux qui justifient ce mouvement permanent : (Procédé récurrent de la contre-argumentation) Il utilise l'antiphrase dans une grande partie de texte (il pense le contraire de ce qu'il écrit) Ex : Ce n'est que faiblesse (tournure restrictive) de se contenter de ce qu'on a trouvé en cette chasse de connaissance Il fait une fausse dévalorisation de la bonne attitude : faiblesse contenter racourciment lasseté vif qu'à demi Montaigne pense le contraire, et le texte devient donc ironique vis-à-vis de cette chasse constante de connaissance B. [...]
[...] Lecture analytique Les Essais de Montaigne, Livre Chapitre 13, IL N'Y A POINT DE FIN EN NOS INQUISITIONS INTRODUCTION : Dans la conclusion des Essais, c'est à dire au chapitre 13 intitulé De l'expérience, Montaigne exprime son scepticisme envers les productions de la raison humaine, comme il l'avait fait dans l'« Apologie de Raymond Sebond (Essai 12 du livre mais aussi envers sa prétention à construire une doctrine universelle, et envers sa quête agitée et incessante du savoir. C'est ce mouvement permanent et fou qu'il critique au début de cet essai, avant de lui opposer une démarche plus modeste, l'expérience de soi, seule vérité accessible à l'esprit humain, selon lui. Qu'a de polémique cette réflexion critique sur la curiosité humaine ? Nous répondrons en étudiant la critique ironique des contemporains dans leur quête de connaissance, puis la thèse soutenue par Montaigne. [...]
[...] Car il n'est monté que d'un grain sur les épaules du pénultième = ainsi celui dont l'histoire retient le nom n'est pas celui qui a le plus de mérite . 3e argument : la chasse de connaissances déshumanise celui qui la fait d'autres ou nous-mêmes avons trouvé notre pensée n'a pas plus de valeur que celle d'autrui Ils ne sont à la fin que des maillons de la chaîne du savoir sur les épaules du premier absence de réelle progression, qi viendrait plutôt de ceux qui pensent différemment. [...]
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