Le roman L'espoir d'André Malraux est profondément inscrit dans l'Histoire, puisque la guerre d'Espagne, dans la période allant de juillet 1936 à mars 1937, constitue la toile de fond du roman. Elle oppose les insurgés et leurs appuis (l'armée espagnole, la majeure partie de la garde civile, la Phalange, l'Eglise, aidés par Hitler et Mussolini) aux républicains (une minorité de l'armée, et les mouvements de gauche, aidés par l'Escadrille internationale mise sur pied par Malraux, et plus tard par les Brigades internationales). Les deux camps se mènent une lutte acharnée et épuisante. Le passage étudié se situe au chapitre 11 de la sous-partie « Sang de gauche » de la partie Le Manzanarès, vers novembre 1936. Ce dernier désigne une rivière à l'ouest de Madrid et place donc la bataille dans la capitale au cœur du roman : les nationalistes, qui ont proclamé Franco chef de l'armée, chef du gouvernement, et chef de l'état, décident de bombarder la ville. Par ailleurs, « Sang de gauche » est la reprise d'une expression tenue par un anarchiste devant le corps ensanglanté d'un républicain. C'est dans ce contexte de drame, annoncé par les titres de partie et de sous-partie, qu'a lieu la bataille de Sierra Guadarrama. Manuel, ancien ingénieur du son, communiste, promu à plusieurs reprise jusqu'à devenir colonel du côté républicain, mène le combat des blindés, dans un paysage boueux et pluvieux. La confiance, essence du commandement selon Manuel, et qu'il avait placé dans ses troupes, a été trahie. En effet, il voit tous ses officiers tués les uns après les autres d'une balle dans la nuque (Chapitre 5), car des phalangistes se sont infiltrés dans ses troupes et ont démoralisé jusqu'à faire fuir certains soldats. Dans ce chapitre, ce n'est pas le cas des franquistes qui pose problème : ils sont tous abattus...C'est celui des soldats dupés par les phalangistes et qui se sont échappés pour passer à l'ennemi. Manuel n'est impliqué qu'à titre de colonel du régiment et ne peut rien faire pour défendre ces hommes condamnés à mort qui le supplient, à genoux dans la boue, d'intervenir en leur faveur.
Pourquoi l'auteur a t-il choisi, à cet instant, de confronter Manuel et les deux condamnés à certaines des questions essentielles que pose la guerre? Quelles sont ces interrogations et leurs enjeux? Quelles réponses leur sont livrées?
[...] Les deux camps se mènent une lutte acharnée et épuisante. Le passage étudié se situe au chapitre 11 de la sous-partie Sang de gauche de la partie Le Manzanarès, vers novembre 1936. Ce dernier désigne une rivière à l'ouest de Madrid et place donc la bataille dans la capitale au cœur du roman : les nationalistes, qui ont proclamé Franco chef de l'armée, chef du gouvernement, et chef de l'état, décident de bombarder la ville. Par ailleurs, Sang de gauche est la reprise d'une expression tenue par un anarchiste devant le corps ensanglanté d'un républicain. [...]
[...] C'est donc un appel à la pitié de Manuel. Sa compassion est d'autant plus sollicitée qu'à travers le visage des deux condamnés, c'est toute l'horreur de la guerre qui transparaît : Une fois dans la lumière, un des hommes apparaît la figure pleine de boue, faisant ressortir par contraste la tache cadavérique des orbites restés blanches Manuel est pris dans une réelle confusion, dont ses sens sont les témoins. Son audition, tout d'abord. Aux cris humains, s'ajoute le chuchotement de la pluie audible grâce au silence des canons. [...]
[...] En effet, le narrateur rend compte des pensées de Manuel alternativement au style indirect libre ou au discours direct, mais également décrit la scène et les supplications des deux hommes. Ce flou dans les instances narratives, accentue auprès du lecteur l'impression de confusion qu'est en train de vivre Manuel. En effet, entre la décision de la justice et l'inclination de ses sentiments, Manuel est en proie à un véritable conflit intérieur, qui a une portée symbolique. Le raconter a donc un but pour Malraux. Confronter Manuel a un tel dilemme, c'est attendre sa réponse face à deux logiques. [...]
[...] Il sent qu'une autre vie a commencé pour lui. Ce n'est donc pas la mort de l'ancien Manuel mais davantage une renaissance, l'espoir : Je crois qu'une autre vie a commencé pour moi avec le combat (l'espoir, 5). Le drame se joue à l'échelle de Manuel mais également au-delà. De grandes interrogations traversent ce passage. Quelle attitude adopter face à la mort certaine? La guerre, par son arbitraire, intensifie l'absurdité de la vie. C'est ce face à face avec la mort que doivent affronter les deux condamnés. [...]
[...] Le narrateur fait part du verdict du conseil de guerre, afin certainement d'en informer son lecteur : Assassins et fuyards avaient été condamnés à mort L'intérêt n'est donc pas, pour le narrateur, dans le verdict, mais dans ses conséquences, puisqu'il élude la scène de jugement pour lui préférer cette scène qui place Manuel devant des questions capitales. Dans cette annonce du verdict, de par leur dénomination, les fuyards sont déjà a priori condamnés. Ils s'opposent aux vrais anarchistes, les plus fermes pour qui tout prolétaire est responsable abusé ou non, et donc non excusable. C'est par conséquent la condamnation de la fausseté, de la faiblesse et de la crédulité qui était l'enjeu de ce procès. [...]
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