Le hasard, au sens le plus strict, se définit comme un événement fortuit, concours de circonstance inattendu et inexplicable. Ce thème, omniprésent dans la littérature, reste cependant peu exploité par les écrivains. En effet, même si les auteurs contemporains soulignent de plus en plus l'intervention du hasard dans la vie de leurs personnages, presque aucun ne s'interroge sur les fondements de ce dernier.
Dans son oeuvre "Le Hasard en littérature", Erich Köhler, professeur de philologie romane en Allemagne, a voulu pousser plus loin l'interprétation de cette notion, et réfléchir aux effets textuels des idées de hasard et de contingence. Ainsi, le critique aborde le thème du hasard littéraire car selon lui, le hasard dans la littérature est différent de celui du quotidien. Il tend alors à démontrer toutes les particularités de celui-ci, tout en le transformant en véritable loi. Pour le théoricien, le hasard s'ouvre à l'expérience et à l'interprétation, ce qui est spécifique à chaque époque. La rencontre de deux êtres, provoquée par le hasard, dans la vie comme dans la littérature, fait partie des possibilités à la fois limitées, innombrables et surtout imprévisibles. Examiner le hasard devient une condition préalable, selon Köhler, à une réflexion sur le possible et la nécessité. Effectivement, la notion de hasard implique que les choses auraient pu se dérouler autrement et que la nécessité qui l'entoure laisse une abondance de possibilités. Il est impossible de détacher la littérature de l'évolution de la société pour la considérer indépendamment de celle-ci. Le critique montre que le hasard littéraire libère le regard sur ce qui est à la fois possible et nécessaire dans un domaine déterminé par la société.
[...] Cependant chez Balzac, le théoricien remarque que les hommes d'action parient sur la chance qu'ils ont de maîtriser la fatalité. De fait, dans ses œuvres, le hasard y est presque toujours important et significatif. D'après Köhler, le rendez-vous manqué de Frédéric Moreau avec Mme Arnoux dans l'Education sentimentale, signifie l'échec de toute possibilité de donner un sens à la vie du personnage, un échec dû à un hasard qui s'oriente suivant une mauvaise nécessité. Au contraire, le poème de Baudelaire, A une passante, relate la soudaine rencontre de deux êtres qui offre dans sa fortuité, à la fois la chance de trouver un sens à sa vie ou bien celle de la perdre définitivement. [...]
[...] Examiner le hasard devient une condition préalable, selon Köhler, à une réflexion sur le possible et la nécessité. Effectivement, la notion de hasard implique que les choses auraient pu se dérouler autrement et que la nécessité qui l'entoure laisse une abondance de possibilités. Il est impossible de détacher la littérature de l'évolution de la société pour la considérer indépendamment de celle-ci. Le critique montre que le hasard littéraire libère le regard sur ce qui est à la fois possible et nécessaire dans un domaine déterminé par la société. [...]
[...] Ce qui permet à Köhler de remarquer que le hasard ne crée des destins que dans la mesure où le possible est la manière d'être d'une nécessité[2] Le domaine du possible s'ouvre grâce au hasard qui peut s'étendre à la fois de ce qui est probable jusqu'à ce qui est exclu. Par ailleurs, le théoricien insiste sur l'idée que le hasard permet de relier l'individuel au général. Ainsi, il peut affirmer que le destin d'Octave résulte de l'évolution des différents ensembles de la société. [...]
[...] Le hasard reste déterminant dans la littérature, tels que peuvent en témoigner les romans de Stendhal, Proust ou Flaubert où le hasard ne se soumet plus qu'accidentellement au problème du sens et démontre alors qu'il ne se laisse plus conduire par les convictions des personnages. Les écrivains explorent davantage les répercussions du hasard que son fondement véritable. Il s'agit ainsi d'en constater les effets et de s'attarder sur les conséquences plutôt qu'aux événements passés. Certains auteurs même, glorifient le hasard, l'identifiant comme une force à laquelle il ne faut pas s'opposer, de peur de perturber l'ordre des choses. Alfred de Musset, La confession d'un enfant du siècle, Paris, Garnier p.21. Erich Köhler, Le Hasard en littérature, Klincksieck p.18 Balzac, La Comédie humaine, Bibl. [...]
[...] En effet, Lucien de Rubempré, décidé à mettre fin à sa vie ratée, rencontre le diabolique Vautrin qui lui promet une revanche sur la société. Köhler souligne que cette rencontre, placée à la fin du roman, est amenée par un hasard absolu, autrement dit, un possible invraisemblable. Cependant, le critique reconnaît un minimum de vraisemblance avec l'intervention du vieux thème littéraire que constitue le pacte avec le diable. Le théoricien insiste sur le fait que contrairement à l'intrigue de Faust, Balzac ne fait pas entrer Dieu dans son histoire, mais que celui-ci est remplacé par le hasard. [...]
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