Dumarsais propose une définition du terme philosophe permettant de comprendre la démarche des encyclopédistes et l'idéal de l'honnête homme des Lumières. Le philosophe est un homme de connaissance, mais il est également un individu sociable qui souhaite appliquer une morale une morale de l'action. L'ambition pédagogique de l'article est mis en évidence par sa structure car il est divisé en multiples paragraphes, et par répétition systématique du mot défini, mis en évidence graphiquement par l'utilisation de l'italique.
Toutes les caractéristiques du philosophe sont fortement valorisées, faisant de lui un archétype. Toutefois, ce n'est pas un idéal, ce philosophe existe bien, et tous ceux qui portent ce nom aux XVIIIème siècle peuvent s'identifier à cette définition.
[...] Il serait inutile de remarquer ici combien le philosophe est jaloux de tout ce qui s'appelle honneur & probité. La société civile est, pour ainsi dire, une divinité pour lui sur la terre ; il l'encense, il l'honore par la probité, par une attention exacte à ses devoirs, & par un désir sincère de n'en être pas un membre inutile ou embarrassant. Les sentiments de probité entrent autant dans la constitution mécanique du philosophe, que les lumières de l'esprit. Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité. [...]
[...] La plupart des grands à qui les dissipations ne laissent pas assez de temps pour méditer, sont féroces envers ceux qu'ils ne croient pas leurs égaux. Les philosophes ordinaires qui méditent trop, ou plutôt qui méditent mal, le sont envers tout le monde ; ils fuient les hommes, & les hommes les évitent. Mais notre philosophe qui sait se partager entre la retraite & le commerce des hommes, est plein d'humanité. C'est le Chrémès de Térence qui sent qu'il est homme, & que la seule humanité intéresse à la mauvaise ou à la bonne fortune de son voisin. [...]
[...] L'esprit des Lumières est bien représenté par le philosophe, ses qualités, ses fonctions, ainsi le texte apparaît comme une synthèse de l'esprit nouveau. La réflexion est mise en valeur grâce à l'importance de la raison, qui est omniprésente dans le texte, elle permet la maîtrise de soi, des croyances, des superstitions. Sur le plan de la morale, elle permet la maîtrise des jugements, sur le plan des comportements, la maîtrise des passions ; La raison permet donc de lutter contre l'obscurantisme. [...]
[...] La raison est à l'égard du philosophe, ce que la grâce est à l'égard du chrétien. La grâce détermine le Chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe. Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu'ils font soient précédées de la réflexion : ce sont des hommes qui marchent dans les ténèbres ; au lieu que le philosophe dans ses passions mêmes, n'agit qu'après la réflexion ; il marche la nuit, mais il est précédé d'un flambeau.[ ] La vérité n'est pas pour le philosophe une maîtresse qui corrompe son imagination, & qu'il croie trouver partout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l'apercevoir. [...]
[...] L'affirmation latine empruntée à Térence Homo sum, humani à me nihil alienum puto montre que le philosophe cherche à connaître les autres. L'intérêt des philosophes envers l'humanité implique donc le besoin de commerces des autres c'est-à-dire de l'échange. L'article établi une différence entre le Chrétien et le philosophe, le chiasme contribue à cette opposition, la foi du chrétien s'oppose à la foi du philosophe. Associer étroitement la raison et certaines qualités morales comme la probité, implique que la vertu ne dépend pas de la religion et que même un athée peut être vertueux (Diderot). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture