Le titre choisi par Flaubert pour son roman apparut abstrait et mystérieux à ses contemporains. Le sous-titre, Histoire d'un jeune homme, malgré sa dimension indéfinie, est plus classique et rattache l'oeuvre à la famille des romans dits d'"éducation", solidement définis dans l'esthétique littéraire du XIXe siècle. Cependant, par la substitution d'"histoire" à "éducation", il double la dimension sentimentale de celle du politique. L'histoire de Frédéric Moreau fait interférer le double espoir du bouleversement social et du bonheur amoureux, tout en ne laissant enregistrer en fin de parcours que la seule réalité du temps qui passe en maintenant identiques les êtres et les choses. Par son titre, par son personnage, l'oeuvre pose deux questions (...)
[...] o Face à ces épreuves, il oppose les excès de l'illusion ou les excès de passivité. - L'échec de ce parcours est amplifié par la représentation de l'échec d'une génération : o Les personnages qui réussissent valorisent une culture bourgeoise fondée sur l'intérêt matériel et l'opportunisme idéologique. o Les autres échouent dans leurs ambitions artistiques, sociales ou politiques. - L'œuvre s'achève sur une parole désenchantée : celle de la génération de 1848. L'EDUCATION SENTIMENTALE : un roman flaubertien (l'obsession de la forme) - Une préoccupation du texte : rendre sensible la thématique de l'échec. [...]
[...] - Après l'échec de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, une majorité de députés conservateurs s'installe à l'Assemblée. La IIe République. Le coup d'Etat de décembre 1851. Les députés conservateurs élus appliquent un programme réactionnaire. Les conditions d'accès au suffrage sont modifiées, ce qui éloigne en particulier les ouvriers. Trouvant son appui le plus solide dans l'armée, Louis-Napoléon Bonaparte va s'imposer par la force. Le 2 décembre, il dissout l'Assemblée, rétablit le suffrage universel, démembre tant les républicains que les conservateurs en procédant à des arrestations. [...]
[...] Dans l'Education sentimentale, on reconnaît la diversité de ces courants d'opposition au régime, du dogmatique républicain Sénécal au bourgeois Frédéric. La révolution de 1848 : trois étapes - Février-juin 1848 : après les journées révolutionnaires du 22 au 24 février, le gouvernement provisoire suivant la chute de Guizot et le départ de Louis-Philippe, proclame la république, instaure le suffrage universel et la liberté de la presse. Ce changement est accueilli avec enthousiasme. - Touchés durement par le chômage, les ouvriers attendent beaucoup de la république. [...]
[...] Chacun est enfermé dans la sphère contraignante de la réalité. o Le néant de l'absolu : l'histoire d'amour de Frédéric et de Mme Arnoux permet d'exprimer la vanité de la passion mais à travers son effusion maximale, sa représentation la plus absolue. Cette tension anime l'Education sentimentale. L'œuvre s'achève certes sur une banalité, le vide, l'échec, mais à travers une histoire collective et une histoire privée qui ont été vécues dans l'absolu. Flaubert écrit la fin du roman d'amour à travers la fin du roman historique. [...]
[...] L'éducation sentimentale ? Le jeune homme de dix-huit ans qui se fige dès les premières lignes du roman, en attente d'un bonheur accordé à l'excellence de son âme, découvre avec Mme Arnoux la réalité d'une passion qui ne propose jamais autre chose que la répétition d'une adoration à l'écart du réel et de la vie. Dans la multiplicité des autres sollicitations féminines, loin d'organiser un parcours de conquérant balzacien, Frédéric se soumet à des hésitations, à des échanges, à des substitutions, qui, à leur tour, lui font perdre les plaisirs du désir (Rosanette), de l'amour tendre (Louise Roque), de la réussite sociale (Mme Dambreuse). [...]
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