"L'écriture ou la vie", Jorge Semprun (1992)

Résumé du document

Le texte que nous allons étudier est le roman autobiographique : L'écriture ou la vie écrit par Jorge Semprun en 1992. Cet écrivain contemporain a été victime de nombreux blocage dans son écriture et s'en explique tout au long de son autobiographie. D'origine espagnole, il est résistant politique et se fait déporter dans le camp de concentration de Buchenwald. Dans ce livre, Semprun nous raconte son retour à la vie ordinaire après la longue expérience des camps de concentration. La mémoire, longtemps silencieuse, accepte finalement de laisser remonter des souvenirs parfois chaotiques et désordonnés et toujours douloureux.
Il s'agit alors d'étudier, dans un premier temps, en quoi ce livre traite de l'horreur des camps. Puis, dans un second temps nous nous intéresserons à la façon dont les pouvoirs de l'écriture, de la parole et de la culture sont abordés par l'auteur. Enfin nous détaillerons la construction du chapitre 5.

Extraits

[...] "L'écriture ou la vie", Jorge Semprun (1992) Sujet : Un livre sur les camps ? Un livre sur le pouvoir de l'écriture ? Un livre sur le pouvoir de la parole et de la culture ? Construction du chapitre 5 ? Introduction Le texte que nous allons étudier est le roman autobiographique : L'écriture ou la vie écrit par Jorge Semprun en 1992. Cet écrivain contemporain a été victime de nombreux blocage dans son écriture et s'en explique tout au long de son autobiographie. [...]

[...] Dès lors, il est moins étonnant, de voir Jorge Semprun investir cette culture abondante dans l'écriture de ce livre. C'est en quelque sorte une reconstruction, où la culture littéraire et philosophique joue un rôle primordial. Ce n'est pas seulement un moyen de se distinguer ; c'est le cœur de l'œuvre : les citations foisonnent à travers le texte, lui donnent son éclat et renforcent son intensité. Elles nous montrent le rapport de Jorge Semprun à la langue, ce même rapport qui lui permet de s'inscrire dans une communauté qui n'est plus seulement celle des survivants mais aussi celle des penseurs et des écrivains. [...]

[...] Et ce ou exclusif. C'est près de 20 ans après qu'il décide de faire face de nouveau à son passé, et laisse ressurgir de sa mémoire sa terrifiante histoire. Cependant, ici on parle du pouvoir de l'écriture comme un pouvoir destructeur : écrire sur les camps de concentration renvoi inéluctablement à la mort . Dans cet ouvrage, il s'agit moins d'explorer l'expérience concentrationnaire que la possibilité même d'en parler : Un doute me vient sur la possibilité de raconter. Non pas que l'expérience vécue soit indicible. [...]

[...] [ ] Autre chose qui ne concerne pas la forme d'un récit possible, mais sa substance. Non pas son articulation, mais sa densité. Ne parviendront à cette substance, à cette densité transparente que ceux qui sauront faire de leur témoignage un objet artistique, un espace de création. Ou de recréation. Seul l'artifice d'un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage. De plus, dans la totalité du roman, l'écriture est désordonnée. Mais cela n'est pas sans raison, Jorge Semprun tente par ce moyen d'établir un désordre concerté pour nous faire sentir le fonctionnement de la mémoire. [...]

[...] Enfin, nous détaillerons la construction du chapitre 5. I Un livre sur l'horreur des camps Il va sans dire que le thème principal de ce roman est celui de la déportation. En effet, incarcéré à Buchenwald en 1944, Jorge Semprun a vécu l'horreur des camps de concentration. Le roman est du type autobiographique et alterne phases de récit (narration) et discours (1re personne). Cependant, il ne prétend pas apporter de nouvelles informations dans la connaissance de l'histoire des camps, pas plus qu'il ne souhaite livrer au public un simple témoignage En effet, pour Semprun, raconter les camps impose d'aller au-delà d'une énumération des souffrances et des horreurs Aussi, il ne se contente pas de dénombrer les atrocités qu'il a vécues ou vu faire. [...]