Cet ouvrage regroupe différents actes de colloques, des études et des articles. Aussi, pour donner une cohérence et une logique au résumé, il m'a fallu faire certains choix. Ainsi, j'ai volontairement laissé de côté les chapitres 7 « Lettres et mémoires » et 9 « Madame de Sévigné en Provence ». Le chapitre 7 montre les différences entre les lettres de la marquise et les mémoires de son cousin, le grand Prévot de Sourches. Quant au chapitre 9, il nous restitue trois lettres inédites de l'abbé de Coulanges qui nous donnent des renseignements sur une période de la vie de Mme de Sévigné que l'on connaissait peu: son voyage en Provence. En haut à droite de chaque partie, j'ai noté les numéros des chapitres qui m'ont servi à la construire. Une première partie donne quelques particularités de la lettre, une seconde introduit la notion de littérature épistolaire en évoquant l'esthétique de la négligence et les différences entre l'enseignement des femmes et celui des hommes, enfin une troisième partie montre l'esprit romanesque et théâtral d'autrefois et le rôle de la lettre dans le théâtre de Molière.
[...] Ainsi, Madame de Sévigné raconte des événements de la vie réelle sur le modèle romanesque : par exemple la façon dont elle illustre la chance de son cousin le marquis de la Trousse pendant une guerre bien réelle: Depuis mes chers romans, je n'ai rien vu de si parfaitement heureux que lui. N'avez-vous point vu un prince qui se bat jusqu'à l'extrémité ? Un autre s'avance pour voir qui peut faire une si grande résistance. Il voit l'inégalité du combat. Il en est honteux; il écarte ses gens. [...]
[...] Et puisque selon les médecins, le premier degré de folie est de s'imaginer des opinions fantasmatiques, le second est de les dire aux autres; le troisième, à mon avis, sera de les écrire.» (cité p.133) Madame de Sévigné en décrivant les sensations données par la lecture de romans, donne en partie raison aux censeurs: La beauté des sentiments ( ) tout cela m'entraîne comme une petite fille; j'entre dans leurs desseins.» (citée p.133) La lecture est bien un voyage dans un autre monde et elle permet un voyage dans le passé, le temps de la lecture nous quittons le monde rationnel pour vivre les desseins d'autrui, et, si la marquise aime reconnaître le roman dans la vie, ce n'est pas seulement pour raconter de manière plus agréable les faits, c'est parce qu'elle aime tout ce qui s'écarte du banal. De cet esprit romanesque, résulte la préciosité du style de la marquise : goût pour l'hyperbole, tendance à la parodie. Le théâtre dans la vie En mars 1680 a été représenté le Bellérophon de Quinault au château d'If, à Marseille. Cette représentation fut organisée par le duc de Vivonne, générale des galères, en l'honneur de la femme du lieutenant général en Provence, le duc de Grignan. [...]
[...] Ainsi, un lecteur intrus qui n'est pas le destinataire prévu de la lettre, peut donner une autre signification au message. A l'insu de l'auteur, un lecteur imprévu peut donner une lecture imprévue. Ainsi, quand Bussy lui dit qu'il va adresser à Louis XIV un manuscrit de ses Mémoires, la marquise s'inquiète car la lettre risque de changer de sens dès lors qu'elle n'est plus lue par son seul destinataire. Madame de Sévigné n'a pas confiance dans la divulgation, même réduite, de ce qu 'elle a pu écrire. [...]
[...] Bussy incorpora dans ses mémoires des lettres d'affaires, des lettres privées et même des lettres reçues, le lecteur n'a plus affaire à des modèles mais à la singularité d'un moi: Bussy se justifie, lui qui a été sévèrement condamné par Louis XIV, le lecteur à le rôle de juge. Depuis, ce que l'on ventera surtout dans la lettre, c'est la présence de l'auteur et de ceux qui l'entourent. La lettre comme enjeu de relations et d'inter-relations La lettre est un geste de la vie sociale, elle permet des échanges divers avec d'autres individus. [...]
[...] Les conditions d'accès au texte modifient le sens de la lettre et en ordonnent parfois la lecture tout autant que le texte lui-même. La souveraineté du destinataire ?La lettre doit tenir compte des regards qui vont la découvrir. Ainsi, la marquise de Sévigné accepta, convaincue que Bussy avait une supériorité littéraire, qu'il intervienne sur ses lettres qu‘il allait divulguer : cela la rassura. De même, comme nous le verrons ci-dessous, si l'auteur n'a pas prévu d'éditer sa correspondance, l'éditeur n'hésite pas à modifier les lettres pour les adapter au lecteur, selon l'idée qu'il se fait de lui. [...]
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