« J'ai placé ma vie, non dans le cœur qui se brise, non dans les sens qui s'émoussent, mais dans le cerveau qui ne s'use pas et survit à tout. » Au sein son l'œuvre La Peau de chagrin, Honoré De Balzac (1799-1850) nous fait part, on le comprend par cette phrase, de sa réflexion philosophique. Au fil du récit, le lecteur est transporté dans une sphère philosophique basée sur le thème de l'énergie vitale. En effet, pour Balzac tout homme acquiert à sa naissance une quantité d'énergie vitale déterminée qu'il lui appartient de dépenser « soit en avare, soit en prodigue ». C'est donc un dilemme majeur qui s'offre à l'homme; il a le choix entre une vie de jouissance, intense mais brève ou alors une vie retenue, longue, calme mais sans éclat. Vouloir et Pouvoir vont avoir pour particularité d'user l'individu, l'âme humaine et d'en détruire sa substance. La volonté, le désir, l'action vont avoir pour conséquence de réduire l'espérance de vie de l'homme. Mais, entre ces deux termes existe Savoir, qui va nous assurer une longue vie dans laquelle le calme, la sagesse sont les maîtres-mots. Le lecteur comprend donc l'interrogation de Balzac quant à la vie humaine et cela donne un intérêt littéraire et philosophique indiscutable à La peau de chagrin. Mais, si après avoir compris la pensée balzacienne dans ce récit, on ouvre un autre livre du même auteur, La duchesse de Langeais, notre esprit va automatiquement faire des liens entre les deux ouvrages. En effet, la réflexion de Balzac sur l'énergie vitale se retrouve au sein de La duchesse de Langeais par la mise en valeur de deux personnages totalement mobilisés par leur passion.
[...] D'ailleurs, la fin de chaque chapitre correspond à un sommet de l'action et le récit est mené de telle sorte que la crise ne peut plus se dénouer que dans le drame. Pour l'écrivain, Savoir correspond à une manière de vie plus tranquille, plus saine, plus sage. Cela permet à l'homme de voir, d'observer, sans prendre part aux passions, qui nous détruisent. Savoir est la base de la sagesse. Dans ce roman, Balzac nous offre un réalisme qui passe souvent par le refus pur et simple d'un idéalisme. [...]
[...] Vouloir va donc être à la base de souffrances intenses pour le général Montriveau et la duchesse de Langeais, qui vont subir les tumultes de leur désir et leur passion. A des moments différents, ils vont être victimes de ce brasier par la frustration, l'attente et la cruauté de l'autre. Mais, lorsqu'un personnage est caractérisé par l'ardeur infernale de Vouloir, l'autre se caractérise par sa puissance et par la destruction du Pouvoir. Pour Balzac, le terme Pouvoir renvoie à des effets destructeurs, cruels voir funèbres. [...]
[...] Quant à Savoir, le lecteur comprend rapidement son rôle important et sa place particulière au sein du récit. Le thème du désir est récurrent et va faire naître une spirale infernale dans laquelle s'installe le tumulte de l'amour. Alors, en quoi les passions détruisent- elles les êtres dans La duchesse de Langeais? Comment le lecteur peut-il trouver un lien vivant entre les propos de étrange vieillard de La peau de chagrin et l'affrontement des passions dans La duchesse de Langeais? [...]
[...] Par exemple, la couleur brune de la robe de la carmélite est aussi la couleur du peignoir en cachemire de la reine de la mode. De plus, le voile de la religieuse nous rappelle le voile qui retient les cheveux de la duchesse lors de la première visite de Montriveau. Balzac symbolise donc le pouvoir de la duchesse dans deux cas, à la fin et au début de l'histoire. Au commencement de l'histoire, la duchesse détient un pouvoir non négligeable, celui de la séduction et Balzac l'illustre bien. [...]
[...] Par sa mort, la duchesse devient un poème un mythe. Son portrait confus est enfin achevé. Dans le chapitre premier (fin de l'histoire), la duchesse est présentée comme consumée de l'intérieur mais ardente encore dans le dernier chapitre, le général ne retrouve plus qu'un cadavre, la faible lumière s'est éteinte: Pouvoir l'a détruit. L'usure de l'être ruiné par l'intensité de la passion est une croyance profondément ancrée dans la pensée balzacienne. Après le brasier, les flammes, le feu que traduit le terme Vouloir chez Balzac, il serait intéressant d'analyser la froideur, le métal que traduit le terme Pouvoir chez ce même auteur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture