L'histoire vécue par Montriveau et la duchesse de Langeais est celle d'un amour à sens unique et décalé : le général commence par aimer la duchesse mais ce n'est pas le cas pour celle-ci avant un retournement de situation. Quand tout deux comprendront qu'ils s'aiment réellement, la duchesse se sera enfermée dans un couvent où elle mourra lorsqu'enfin le général la retrouvera. Cet amour impossible est source d'une passion destructrice, engendrant de nombreuses souffrances. Dans La peau de Chagrin, l'étrange vieillard qui s'exclame : « Vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit » symbolise par ses deux verbes tous ce qui chez l'homme est source de douleurs. Dans le cadre de La duchesse de Langeais, l'amour passionné vécu successivement par les deux personnages est l'illustration de cette phrase (...)
[...] mais punir n'est-ce pas aimer ? Sa vengeance est commis par devoir et non par désir selon lui : la plus cruelle vengeance est, selon moi, le dédain d'une vengeance possible Il est déterminé. Le retour à la raison après la passion, la préférence du savoir au vouloir et au pouvoir, ne peuvent jamais se passer sans l'intervention de personnages externes. Seuls eux, esprits de sagesse, posant sur la situation un regard neuf et étranger, parviennent à remettre dans le droit chemin les héros et les empêcher de céder à un amour destructeur et ravageur. [...]
[...] De la même manière, le caractère de Montriveau ne pourra jamais se satisfaire de cet état de calme. C'est un général, un homme de guerre, il est habitué à mener des combats sans jamais faillir et il a ce qu'il veut. C'est triomphant et sûr de lui qu'il vient voir Antoinette de Langeais. Son unique souhait est d'emmener avec lui la duchesse. Il aborde cet amour comme une mission de sauvetage, comme s'il n'agissait pas seulement pour lui mais pour le pays. [...]
[...] On tente alors de comprendre pourquoi la duchesse agit ainsi, se compromet au sein de la société. La discussion que la famille a d'abord entre elle montre l'incompréhension de ces derniers : entre nous soit dit, Antoinette aurait dû choisir mieux Ils parlent d'un coup de tête et essayent de le faire comprendre à Antoinette de Langeais : elle ne peut vraiment pas se placer dans une telle situation : mais vous ne savez donc pas ce qui résultera de ce coup de tête ? [...]
[...] En effet, la duchesse de Langeais en se tuant révèle à Montriveau tout son amour et celui-ci sait à présent qu'il a été aimé. C'est le retour définitif à un état de calme, car tout est fini, les sentiments, le désir ne reviendront plus. Savoir, au sens de se sentir simplement aimé ou retrouver la raison en préférant réfléchir sur ses actes amoureux que de plonger dans l'hubris, permet aux personnages de laisser leur faible organisation dans un état de calme Mais une dernière question peut-être soulevée lorsque l'on constate la tragique fin de La Duchesse de Langeais. [...]
[...] Et ce dernier en prônant le savoir, c'est à dire la raison, tentera de montrer en quoi il laisse l'âme humaine en paix. Le savoir est une jouissance intellectuelle, transformant les passions en idées, laissant entrevoir toutes les possibilités : là sont les vrais millions Comment cette raison transparaît-elle dans La Duchesse de Langeais ? En quoi peut-on dire qu'elle sauve l'homme de la mort ? La manifestation du savoir commence par la recherche de l'amour mais sans tomber dans la passion, voilà ce qu'a très bien compris la duchesse de Langeais : ce qu'elle veut c'est être aimée : elle se disait : je suis aimé, il m'aime ! [...]
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